Activité – passivité

= D. : Aktivität – Passivität. – En. : activity – passivity. – Es. : actividad – pasividad. – I. : attività – passività. – P. : atividade – passividade.

● Un des couples d’opposés fondamentaux dans la vie psychique. Il spécifie des types déterminés de buts* pulsionnels. Considérée d’un point de vue génétique, l’opposition actif-passif serait première par rapport aux oppositions ultérieures dans lesquelles elle vient s’intégrer : phallique-castré et masculin-féminin.

◼ Si activité et passivité qualifient principalement pour Freud des modalités de la vie pulsionnelle, cela n’implique pas qu’on puisse opposer des pulsions actives à des pulsions passives. Tout au contraire, Freud a marqué, notamment dans sa polémique avec Adler (voir : Pulsion d’agression), qu’il entrait dans la définition même de la pulsion d’être active :

« … chaque pulsion est un morceau d’activité ; lorsqu’on parle de façon négligente de pulsions passives, on ne peut rien vouloir dire d’autre que pulsions à but passif » (1 a).

Cette passivité du but, les psychanalystes l’observent dans les exemples privilégiés où le sujet veut être maltraité (masochisme) ou être vu (exhibitionnisme). Que faut-il entendre ici par passivité ? Il faudrait distinguer deux niveaux, d’une part le comportement manifeste, d’autre part les fantasmes sous-jacents. Dans le comportement, il est certain que le masochiste, par exemple, répond à la revendication pulsionnelle par une activité afin de se placer dans la situation de satisfaction. Mais le dernier temps de son comportement n’est atteint que si le sujet peut se trouver dans une position qui le met à la merci de l’autre. Au niveau des fantasmes on peut montrer comment toute position passive est inséparable de son opposé ; c’est ainsi que, dans le masochisme, « … le moi passif se remet, fantasmatiquement, à la place […] qui est maintenant dévolue au sujet étranger » (1 b). En ce sens on pourrait toujours retrouver, au niveau du fantasme, la présence simultanée ou alternante des deux termes : activité et passivité. Toutefois, aussi bien dans la nature de la satisfaction cherchée que dans la position fantasmatique, cette complémentarité ne doit pas masquer ce qu’il peut y avoir d’irréductible dans la fixation à un rôle sexuel actif ou passif.

En ce qui concerne le développement du sujet, Freud fait jouer un grand rôle à l’opposition activité-passivité qui précède les autres couples d’opposés : phallique-castré et masculinité-féminité. Selon Freud, c’est au stade anal que « … l’opposition qui se retrouve partout dans la vie sexuelle apparaît clairement […] l’élément actif est constitué par la pulsion d’emprise, elle-même liée à la musculature ; l’organe dont le but sexuel est passif sera représenté par la muqueuse intestinale érogène » (2). Ceci n’implique pas qu’au stade oral ne coexistent pas activité et passivité, mais elles ne sont pas encore posées comme termes antagonistes.

Ruth Mack Brunswick, décrivant La phase préœdipienne du développement de la libido (The Preœdipal Phase of the Libido Development, 1940), dit : « Trois grandes paires antithétiques existent tout au long du développement de la libido, se mêlant, se chevauchant, se combinant sans jamais coïncider totalement, pour finalement se remplacer l’une l’autre ; la vie du nourrisson et de l’enfant est caractérisée par les deux premières et l’adolescence par la troisième » (3 a). Elle montre comment l’enfant commence par être totalement passif dans sa relation à une mère qui satisfait ses besoins, et comment, progressivement, « … chaque morceau d’activité repose dans une certaine mesure sur une identification à la mère active » (3 b).

(1) Freud (S.). Triebe und Triebschicksale, 1915. – a) G.W., X, 214-5 ; S.E., XIV, 122 ; Fr., 34. – b) G.W., X, 220 ; S.E., XIV, 128 ; Fr., 45.

(2) Freud (S.). Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie, 1905. G.W., V, 99 ; S.E., VII, 198 ; Fr., 96.

(3) Mack Brunswick (R.) in : Psa. Read. a) 234. – b) 234-5.