Phallique (femme ou mère —)
= D. : phallische (Frau ou Mutter). – En. : phallic (woman ou mother). – Es. : fálica (mujer ou madré). – I. : fallica (donna ou madré). – P. : fálica (mulher ou mäe).
● Femme fantasmatiquement pourvue d’un phallus. Une telle image peut prendre deux formes principales selon que la femme est représentée soit comme porteuse d’un phallus externe ou d’un attribut phallique soit comme ayant conservé à l’intérieur d’elle-même le phallus masculin.
◼ L’image de femmes pourvues d’un organe sexuel masculin est fréquemment retrouvée en psychanalyse dans les rêves et les fantasmes.
Sur un plan théorique, la mise en évidence progressive d’une « théorie sexuelle infantile » puis d’une phase libidinale proprement dite, dans lesquelles il n’y aurait pour l’un et l’autre sexe qu’un seul organe sexuel, le phallus (voir : Stade phallique), vient donner son fondement à l’image de la femme phallique.
Selon Ruth Mack Brunswick, une telle imago se constituerait « … pour assurer la possession du pénis par la mère et ainsi apparaîtrait probablement au moment où l’enfant commence à ne plus être certain que la mère le possède effectivement. Auparavant […] il semble plus que probable que l’organe exécutif de la mère active est le sein ; l’idée du pénis est ensuite projetée en arrière sur la mère active, une fois reconnue l’importance du phallus » (1).
Sur le plan clinique, Freud a montré par exemple comment le fétichiste trouvait dans son fétiche un substitut au phallus maternel dont il dénie l’absence (2).
Dans une autre direction, les psychanalystes, à la suite de F. Boehm, ont mis à jour, en particulier dans l’analyse des homosexuels masculins, le fantasme anxiogène selon lequel la mère aurait retenu à l’intérieur de son corps le phallus reçu lors du coït (3). Melanie Klein, avec l’idée de « parent combiné »*, a donné une extension plus large à un tel fantasme.
On remarquera que, dans l’ensemble, le terme de femme phallique désigne la femme qui a un phallus et non pas l’image de la femme ou de la fillette identifiée au phallus (4). Notons enfin que l’expression femme phallique est souvent employée dans un langage approximatif pour qualifier une femme qui a des traits de caractère prétendument masculins, femme autoritaire par exemple, cela sans que l’on sache quels sont exactement les fantasmes sous-jacents.
(1) Mack Brunswick (R.). The Precedipal Phase of the Libido Development, 1940, in Psa. Read., 240.
(2) Cf. Freud (S.). Fetischismus, 1927. G.W., XIV, 312 ; S.E., XXI, 152-3.
(3) Cf. Boehm (F.). Homosexualität und Odipuskomplex, 1926, in Internationale Zeitschrifl fiir Psychoanalyse, XII, 66-79.
(4) Cf. Fenichel (O.). Die symbolische Gleichung : Màdchen = Phallus, 1936, in Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, XXII, 299-314 ; in Collected Papers, Londres, Ftoutledge and Kegan, 1955, 3-18.