Réparation

= D. ; Wiedergutmachung. – En. : réparation. – Es. : reparación. – I. : riparazione. – P. : reparação.

● Mécanisme, décrit par Melanie Klein, par lequel le sujet cherche à réparer les effets sur son objet d’amour de ses fantasmes destructeurs. Ce mécanisme est lié à l’angoisse et à la culpabilité dépressives : la réparation fantasmatique de l’objet maternel externe et interne permettrait de surmonter la position dépressive en assurant au moi une identification stable à l’objet bénéfique.

◼ Notons d’abord qu’on rencontre dans les écrits de Melanie Klein plusieurs termes dans des sens très voisins : Wiederherstellung (en anglais : restoration), Wiedergutmachung (en anglais : restitution ou reparation, ce dernier équivalent étant préféré par l’auteur dans ses écrits les plus récents). Ces termes sont à prendre avec leurs diverses nuances sémantiques, notamment réparation qu’on retrouve aussi bien dans « réparer quelque chose » que dans « faire réparation à quelqu’un ».

La notion de réparation s’inscrit dans la conception kleinienne du sadisme infantile précoce, celui-ci se traduisant par des fantasmes de destruction (Zerstôrung), de mise en pièces (Ausschneiden ; Zerschneiden), de dévoration (Fressen), etc. La réparation est liée essentiellement à la position dépressive (voir ce terme) contemporaine de l’avènement d’une relation à l’objet total. C’est en réponse à l’angoisse et à la culpabilité inhérentes à cette position que l’enfant tente de maintenir ou de rétablir l’intégrité du corps maternel. Différents fantasmes actualisent cette tendance à réparer « le désastre créé par son sadisme » (1 a) : préserver le corps maternel des attaques des « mauvais » objets, en rassembler les fragments épars, redonner vie à ce qui a été tué, etc. En rendant ainsi à l’objet d’amour son intégrité et en supprimant tout le mal qui lui a été fait, l’enfant s’assurerait la possession d’un objet pleinement « bon » et stable dont l’introjection renforce son moi. Les fantasmes de réparation ont ainsi un rôle structurant dans le développement du moi.

Les mécanismes de réparation peuvent, pour autant qu’ils sont mal assurés, se rapprocher tantôt des défenses maniaques (sentiment d’omnipotence) tantôt de mécanismes obsessionnels (répétition compulsive des actions réparatrices). La réussite de la réparation suppose, selon M. Klein, la victoire des pulsions de vie sur les pulsions de mort (voir ces termes).

Melanie Klein a souligné le rôle joué par la réparation dans le travail du deuil et la sublimation : « … l’effort pour abolir l’état de désintégration auquel [l’objet] a été réduit présuppose la nécessité de le rendre beau et parfait » (1 b, 1 c).

(1) Klein (M.). Contributions o Psycho-Analysis, 1921-45. – a) 289. – b) 290. – c) Cf. 227-235.