Roman familial
= D. : Familienroman. – En. : family romance. – Es. : novela familiar. – I. : romanzo familiare. – P. : romance familial.
● Expression créée par Freud pour désigner des fantasmes par lesquels le sujet modifie imaginairement ses liens avec ses parents (imaginant, par exemple, qu’il est un enfant trouvé). De tels fantasmes trouvent leur fondement dans le complexe d’Œdipe.
◼ Avant de leur consacrer un article, en 1909 (α), Freud avait déjà fait état à quelques reprises de fantasmes par lesquels le sujet se forge une famille, invente à cette occasion une sorte de roman (1). De tels fantasmes se rencontrent manifestement dans les délires paranoïaques ; rapidement Freud les retrouve chez les névrosés sous diverses variantes : l’enfant imagine qu’il est né non de ses parents réels, mais de parents prestigieux, ou bien d’un père prestigieux, et il prête alors à sa mère des aventures amoureuses secrètes, ou encore il est bien lui-même enfant légitime, mais ses frères et sœurs sont des bâtards.
De tels fantasmes se rattachent à la situation œdipienne ; ils naissent sous la pression qu’exerce le complexe d’Œdipe*. Leurs motivations précises sont nombreuses et mêlées : désir de rabaisser les parents sous un aspect et de les exalter sous un autre, désir de grandeur, tentative de contourner la barrière contre l’inceste, expression de la rivalité fraternelle, etc.
▲ (α) D’abord intégré à l’ouvrage d’Otto Rank, Le mythe de la naissance du héros (Der Mythus von der Geburt des Helden, 1909).
(1) Cf. Freud (S.). Aus den Anfängen der Psychoanalyse, 1887-1902. Manuscrit M et lettre du 20-6-98 : Ail., 219 et 273 ; Angl., 205 et 256 ; Fr., 181-2 et 227-8.