Cloacale (théorie —)

= D. : Kloakentheorie. – En. : cloacal (ou cloaca) theory. – Es. : teoria cloacal. – I. : teoria cloacale. – P. : teoria cloacal.

● Théorie sexuelle de l’enfant qui méconnaît la distinction du vagin et de l’anus : la femme ne posséderait qu’une cavité et qu’un orifice, confondu avec l’anus, par lequel naîtraient les enfants et se pratiquerait le coït.

◼ C’est dans son article sur Les théories sexuelles infantiles (Über infantile Sexualtheorien, 1908) que Freud a décrit comme théorie typique chez l’enfant ce qu’il a nommé la théorie cloacale, liée pour lui à la méconnaissance du vagin par les enfants des deux sexes. Cette méconnaissance entraîne la conviction que « … le bébé doit être évacué comme un excrément, comme une selle […]. La théorie cloacale qui, après tout, se vérifie chez tant d’animaux, est la seule qui puisse s’imposer à l’enfant comme vraisemblable » (1). L’idée qu’il n’existe qu’un seul orifice implique aussi une représentation « cloacale » du coït (2).

Une telle « théorie » est, selon Freud, très précoce. On notera qu’elle correspond à certaines données dégagées par la psychanalyse, notamment dans l’évolution de la sexualité féminine : « La franche séparation qui sera exigée entre les fonctions anale et génitale contredit les étroites relations et analogies qui existent entre elles, aussi bien anatomiquement que fonctionnellement. L’appareil génital demeure voisin du cloaque ; « … chez “la femme il n’en est même qu’une dépendance” » (3 et a). Pour Freud, c’est à partir de cette sorte d’indifférenciation que « … le vagin, dérivé du cloaque, doit être amené au rang de zone érogène dominante » (4).

▲ (α) Les derniers mots entre guillemets sont tirés de l’article de Lou Andréas Salomé : « Anal » et « Sexuel » (« Anal » und « Sexual », 1916).

(1) Freud (S.). G.W., VII, 181 ; S.E., IX, 219.

(2) Freud (S.). Aus der Geschichte einer infantilen Neurose, 1918. G.W., XII, 111 ; S.E., XVII, 79 ; Fr., 384-5.

(3) Freud (S.). Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie, 1905. G.W., V, 88, n. ; S.E., VII, 187, n. ; Fr., 180, n. 54.

(4) Freud (S.). Die Disposition zur Zwangsneurose, 1913. G.W., VIII, 452 ; S.E., XII, 325-6 ; Fr., in R.F.P., 1929, III, 3, 447.