Effroi

= D. : Schreck. – En. : fright. – Es. : susto. – I. : spavento. – P. : susto ou pavor.

● Réaction à une situation de danger ou à des stimulations externes très intenses qui surprennent le sujet dans un état de non-préparation, tel qu’il n’est pas à même de s’en protéger ou de les maîtriser.

◼ Dans Au-delà du principe de plaisir (Jenseits des Lustprinzips, 1920), Freud propose la distinction suivante : « Effroi (Schreck), peur (Furchl), angoisse (Angst) sont des termes qu’on a tort d’utiliser comme synonymes ; leur rapport au danger permet de bien les différencier. Le terme d’angoisse désigne un état caractérisé par l’attente du danger et la préparation à celui-ci, même s’il est inconnu. Le terme de peur suppose un objet défini dont on a peur. Quant au terme d’effroi, il désigne l’état qui survient quand on tombe dans une situation dangereuse sans y être préparé ; il met l’accent sur le facteur surprise » (1 a).

Entre effroi et angoisse la différence réside dans le fait que le premier est caractérisé par la non-préparation au danger, tandis qu’ « … il y a dans l’angoisse quelque chose qui protège contre l’effroi » (1 b). C’est en ce sens que Freud voit dans l’effroi une condition déterminante de la névrose traumatique qui est même parfois désignée comme névrose d’effroi : Schreckneurose (voir : Traumatisme ; Névrose traumatique).

On ne s’étonnera donc pas de voir jouer un rôle important à la notion d’effroi dès la période où s’est constituée la conception traumatique de la névrose. Dans les premières élaborations théoriques de Breuer et Freud, l’affect d’effroi est désigné comme une condition qui paralyse la vie psychique, empêche l’abréaction et favorise la formation d’un « groupe psychique séparé » (2 a, 2 b). Lorsque Freud, dans les années 95-97, tente de formuler une première théorie du traumatisme et du refoulement sexuel, la notion d’une non-préparation du sujet est essentielle aussi bien lors de la « scène de séduction » qui survient avant la puberté que lors de l’évocation de cette scène en un second temps (voir : « après-coup, « séduction »). L' « effroi sexuel » (Sexualschreck) connote l’irruption de la sexualité dans la vie du sujet.

On peut dire que dans l’ensemble la signification du terme d’effroi n’a pas varié chez Freud. On notera seulement qu’après Au-delà du principe de plaisir, le terme tend à être moins employé. L’opposition que Freud avait tenté d’établir entre les deux termes d’angoisse et d’effroi va se retrouver, mais sous la forme de différenciations à l’intérieur de la notion d’angoisse, notamment dans l’opposition entre une angoisse qui survient « automatiquement » dans une situation traumatique, et le Signal d’angoisse* qui implique une attitude d’attente active (Erwartung) et protège contre le développement de l’angoisse : « L’angoisse, réaction originaire à la détresse dans le traumatisme, est reproduite ensuite dans la situation de danger comme signal d’alarme » (3).

(1) Freud (S.), a) G.W., XIII, 10 ; S.E., XVIII, 12-3 ; Fr., 12. – b) G.W., XIII, 10 ; S.E., XVIII, 12-3 ; Fr., 12.

(2) Cf. Breuer (J.) et Freud (S.). Studien über Hysterie, 1895. – a) G.W., I, 89-90 ; S.E., II, 11 ; Fr., 7. – b) Ail., 192 ; S.E., 11,219-20 ; Fr., 176.

(3) Freud (S.). Hemmung Symptom und Angst, 1926. G.W., XIV, 199-200 ; S.E., XX, 166-7 ; Fr., 96.