Conclusions

Tout au long de cet exposé sur la genèse et l’évolution de la psychiatrie dynamique, nous nous sommes tenus autant que possible sur le terrain des faits historiques. Nous tâcherons maintenant d’analyser les facteurs qui ont amorcé et orienté cette évolution, afin de trouver une réponse au problème qui constituait le point de départ de nos recherches (tel que nous l’avons indiqué dans l’Introduction).

Ces facteurs peuvent se ranger en plusieurs catégories relatives à l’arrière-plan socio-économique et politique, aux courants culturels, à la personnalité des pionniers, au rôle des patients et à l’influence de divers événements.

Considérons d’abord cette évolution en fonction de l’arrière-plan socio-économique et politique, et en particulier de l’histoire économique et des luttes sociales. La victoire de Mesmer sur Gassner fut celle de l’aristocratie sur le clergé2620. La Société de l’Harmonie de Mesmer recrutait essentiellement ses, membres dans la noblesse française peu avant son effondrement. Les « crises » auxquelles on pouvait assister autour du baquet de Mesmer étaient identiques aux « vapeurs », la névrose à la mode chez les dames de la haute société. Le passage de Mesmer à Puységur signifiait le passage d’un « magnétisme pour aristocrates » à un « magnétisme pour le peuple », avec les modifications correspondantes dans la doctrine et dans les méthodes thérapeutiques2621. Mais la puissance croissante de la nouvelle classe dirigeante, la bourgeoisie, fut suivie par le passage du magnétisme à l’hypnotisme. Tandis que le rapport entre le magnétiseur et son patient reflétait les relations paternalistes et symbiotiques entre le noble seigneur et ses sujets, le rapport entre l’hypnotiseur et l’hypnotisé reflétait l’attitude autoritaire du maître bourgeois à l’égard de ses subordonnés. La thérapeutique de marchandage des anciens magnétiseurs, leur art de découvrir et de traiter les secrets pathogènes de leurs patients firent place aux commandements donnés sous hypnose2622. A propos de Bleuler, nous avons noté que l’on pouvait faire remonter l’origine de ses travaux sur la schizophrénie aux luttes politiques qui opposèrent le parti paysan et l’aristocratie urbaine de Zurich. Dans cette perspective, la notion de schizophrénie selon Bleuler apparaît, pour ainsi dire, comme un sous-produit de la victoire du parti paysan sur les patriciens urbains2623. L’échec de la révolution de 1848, dont nous avons montré le retentissement sur la psychiatrie dynamique, aboutit à renforcer la domination de la classe bourgeoise2624. Entretemps, la révolution industrielle avait porté au pouvoir une puissante classe commerciale et industrielle, tandis que se constituait un prolétariat nombreux et famélique. Les théories de Darwin furent déformées de manière à fournir à la

Über Spaltung der Persônlichkeit

 

haute bourgeoisie une idéologie de concurrence aveugle et impitoyable, tandis que Marx proposait une tout autre idéologie à la classe laborieuse et à ses alliés2625. L’échec de la tentative révolutionnaire de la Commune de Paris, en 1871, déchaîna une vague de sentiments antidémocratiques. Dupréel a montré que la « psychologie des foules » de Gustave Le Bon n’était qu’une expression de cette sensibilité antidémocratique, et pourtant nombre d’auteurs l’acceptèrent comme vérité scientifique indubitable2626. A la même époque, c’est-à-dire vers la fin du XIXe siècle, les classes supérieures se lassèrent de l’hypnotisme et de la suggestion, et réclamèrent une nouvelle psychothérapie non autoritaire qui expliquerait au patient tout ce qui se passait dans son esprit2627. Nous avons vu aussi comment les profonds changements sociaux et politiques résultant de la Première Guerre mondiale aboutirent à bouleverser les nouveaux systèmes de psychiatrie dynamique2628. Les idées de Freud furent déformées de façon à fournir une idéologie au monde hédoniste-utilitaire de consommation de masse, issu de la révolution technologique du xx® siècle, de même que les idées de Darwin, déformées, avaient servi d’idéologie au monde de concurrence féroce engendré par la révolution industrielle2629.

La structure socio-économique est le substratum des grands courants culturels. Au chapitre iv, nous avons passé en revue les mouvements culturels qui se sont succédé dans le monde occidental après la Renaissance, à savoir le Baroque, les Lumières, le Romantisme et le positivisme. La victoire de Mesmer sur Gassner ne fut pas seulement celle de l’aristocratie sur le clergé, mais aussi celle des Lumières sur le Baroque déclinant, et l’ironie du sort voulut que les théories de Mesmer fussent reprises et développées par les romantiques2630. L’esprit des Lumières inspira l’œuvre psychiatrique de Pinel et d’Esquirol, et Mesmer se considéra lui-même comme un représentant de ce courant. Mais le Romantisme s’appropria le magnétisme et le réinterpréta, cependant qu’il étendait son influence sur la médecine et la psychiatrie. Nous avons vu que nombre d’idées, tenues pour caractéristiques de la psychanalyse de Freud et de la psychologie analytique dé Jung, imprégnaient déjà l’œuvre des psychiatres romantiques2631. Puis, autour de 1850, le Romantisme céda le pas au positivisme : ce courant culturel donna l’impulsion à une psychiatrie organiciste qui prévalut pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle2632. Vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe, une reviviscence du Romantisme exerça une influence indubitable sur les nouvelles écoles dynamiques naissantes2633. Rien d’étonnant si tant d’idées de Freud et de Jung reprennent celles des anciens psychiatres romantiques. Janet, en revanche, est manifestement un représentant tardif des Lumières, et il en est de même pour Adler à un moindre degré. Vues dans cette perspective, les rivalités entre Janet, Freud, Adler, Jung et leurs disciples nous apparaissent comme les derniers sursauts des luttes entre les Lumières et le Romantisme à la fin du xvnT siècle et au début du xix® siècle.

Comme chez l’artiste et l’écrivain, la perception du monde, par le pionnier de la psychiatrie dynamique, est déterminée essentiellement par la qualité de sa sensibilité et par ses dons. Chacun de ces pionniers a sa façon particulière d’aborder la réalité psychique, et ses théories sont également influencées par les événements de sa vie. Janet était un homme actif et froid, d’où son intérêt pour la découverte d’une sorte de psychologie du comportement2634. Son attitude détachée, bienveillante et gentiment ironique se reflète dans sa psychothérapie rationnelle ; les mœurs laborieuses et économes de ses ancêtres revivent dans sa théorie du « budget des forces psychologiques ». Comme il ne se rappelait pas ses rêves, il n’était pas question pour lui d’écrire une Interprétation des rêves, ce que fit Freud, qui était un bon rêveur. La crise religieuse de son adolescence, jamais résolue, lui inspira un intérêt répété pour la psychologie de la religion. Freud, nous l’avons vu, montra comme les grands écrivains un intérêt profond pour les aspects secrets de la vie des peuples et des personnes, et une maîtrise supérieure de la langue allemande2635. La notion de « complexe d’Œdipe » et la place centrale donnée à celui-ci dans la destinée humaine découlent manifestement de sa propre vie, d’où le refus opposé à cette thèse par Adler et Jung, qui avaient vécu des situations familiales complètement différentes dans leur petite enfance. Quant à Adler, son talent par excellence était un sens fulgurant de l’observation, ce que les Allemands appellent le « regard clinique » (der klinische Blick,)2636. Il devinait au premier coup d’œil le style de vie, normal ou anormal, de chacun, d’où son élaboration d’une psychologie pragmatique. Les circonstances de son enfance conduisirent Adler à attribuer une importance fondamentale à la hiérarchie entre frères et sœurs, plus grande même qu’aux relations précoces avec les parents. Dans le cas de Jung, ce qui frappe, c’est le contraste entre les capacités pratiques d’un homme bien installé dans les réalités matérielles et un rare don d’intuition psychologique, sinon même parapsychologique2637. Ce contraste trouve son expression dans le système typologique de Jung et dans sa psychothérapie, qui repose sur les efforts déployés par l’analyste pour amener le patient à s’éveiller à lui-même, et sur une méthode synthétique-herméneutique visant à accomplir son individuation. Jung, pas plus que Janet, ne résolut jamais la crise religieuse de son adolescence, ce qui exerça une influence durable sur le développement de son système psychologique.

D’autre part, l’homme qui étudie l’esprit humain peut avoir à affronter sa propre névrose ou les éléments névrotiques de sa personnalité. Il importe ici de faire une distinction fondamentale entre les psychiatres qui ont simplement pris leur propre névrose comme objet d’étude, et ceux dont l’œuvre capitale a été le fruit d’une maladie créatrice.

Dans la première catégorie, les exemples ne manquent pas. Robert Burton décrivit sa propre névrose dans sa peinture vigoureuse de la « mélancolie de l’homme d’étude »2638. George Cheyne donna une description classique de l’hypocondrie, fondée sur l’observation de plusieurs cas, dont le plus long et le plus intéressant était le sien2639. Benedict Augustin Morel enrichit son analyse du délire émotif (appelé plus tard phobie) de la description imagée de son propre cas2640. Quant à Janet, on peut supposer que certains traits de sa description de la psychasthénie provenaient de son expérience personnelle. S’il faut en croire Phylhs Bottome, Adler avait souffert, dans sa petite enfance, de rachitisme, ce qui éclairerait l’origine de ses théories sur l’infériorité des organes, le complexe d’infériorité et la compensation. Pavlov lui-même écrivit un récit bref, mais suggestif, de la névrose cardiaque dont il avait souffert après une opération en 1927, et cette expérience semble avoir grandement stimulé son intérêt pour la psychiatrie2641.

Il ne faudrait pas confondre cette névrose banale, qui fournit au psychiatre un objet d’étude et l’incite peut-être à chercher à se guérir lui-même, avec la « névrose créatrice ». Nous émettons l’hypothèse que les systèmes de Freud et de Jung sont essentiellement le fruit de leur névrose créatrice respective (dont leur auto-analyse ne représente qu’un aspect). Nous avons déjà décrit les caractéristiques essentielles de la maladie créatrice dans les chapitres antérieurs2642. Rappe-lons-les brièvement ici.

Cet état assez exceptionnel fait suite à une longue période de labeurs et de tourments intellectuels sans répit. Les symptômes sont la dépression, l’épuisement, l’irritabilité, l’insomnie, la migraine. Bref, le tableau est celui d’une névrose grave, parfois même d’une psychose. Les symptômes peuvent varier dans leur intensité au cours du temps, mais le sujet reste continuellement obsédé par une idée ou par la poursuite d’un but difficile à atteindre. Il vit dans un isolement spirituel complet, il croit que personne ne peut l’aider ; il essaie de se guérir lui-même et n’en éprouve qu’une souffrance accrue ; cet état peut durer trois ans ou plus, puis guérit spontanément, pour faire place à une merveilleuse euphorie et une métamorphose de la personnalité. Guéri de tous les symptômes précédents, le sujet est convaincu qu’il a accédé à un nouveau monde spirituel, ou qu’il a atteint une nouvelle vérité spirituelle qu’il révélera au monde. On peut trouver des exemples de cette maladie chez les chamans de Sibérie et de l’Alaska, chez les mystiques de toutes les religions et chez certains écrivains et philosophes créateurs. Un exemple sur lequel nous sommes bien documentés est celui de Fechner, et il est possible que Nietzsche, lui aussi, ait conçu ses idées les plus originales pendant les affres d’une maladie créatrice2643.

L’aspect clinique de la névrose créatrice diffère d’un individu à l’autre. Il faut par-dessus tout distinguer la névrose du pionnier et celle de ses disciples. Le premier chaman qui, peut-être, il y a des milliers d’années, découvrit un procédé pour entrer en transe et explorer le monde des esprits, ce chaman, donc, fut un modèle pour des générations de chamans après lui. Il fut le pionnier qui ouvrit le chemin ; ils furent les disciples qui suivirent. Mais de nombreuses névroses créatrices n’ont engendré aucune école parce que ceux qui en souffrirent ne montrèrent aucun esprit de prosélytisme, comme Fechner, par exemple. D’un autre côté, il ne suffit pas de montrer la voie et de prêcher l’exemple. Rudolf Steiner a décrit avec précision sa méthode pour atteindre la connaissance des mondes spirituels supérieurs, mais il semble qu’aucun de ceux qui l’ont essayée n’y soient parvenus2644. Pour avoir des disciples, le pionnier ne doit pas seulement enseigner la théorie, mais l’assortir d’un guide pratique. L’apprenti chaman doit régulièrement rencontrer un vieux chaman dont il suivra les instructions pas à pas tout au long de sa maladie initiatique. Des considérations analogues s’appliqueraient aux mystiques des grandes religions. Là aussi, on insiste universellement sur la nécessité d’avoir un guide spirituel. Plus encore, il faut que le mystique trouve le guide qui lui convient. Des mystiques comme sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix ont insisté sur l’importance de trouver le directeur de conscience approprié, si l’on veut éviter des expériences nuisibles.

Pour revenir à la psychiatrie dynamique, on peut supposer que Mesmer avait fait l’expérience d’une névrose créatrice, d’où il était sorti avec la conviction d’avoir fait la découverte capitale du magnétisme animal. Néanmoins, il ne fut capable que de communiquer théoriquement cette expérience à ses disciples, mais pas de les initier à suivre son chemin secret. C’est précisément ce qui, par contraste, met en lumière la pleine originalité de Freud et de Jung. L’un et l’autre vécurent leur maladie créatrice sous une forme spontanée et originale, l’un et l’autre en firent un modèle à suivre par leurs disciples sous la forme d’une analyse didactique. Jung, le premier, proposa cette idée ; les freudiens l’acceptèrent comme une forme d’enseignement pratique, mais l’école jungienne en vint plus tard à assimiler cette analyse didactique à la maladie initiatique des chamans.

Il serait oiseux de répéter ici l’histoire de la maladie créatrice de Freud2645 et de Jung2646. Rappelons cependant qu’un des traits caractéristiques de la maladie créatrice est la conviction du malade, après sa guérison, que tout ce qu’il a découvert est vérité universelle. C’est dans de telles circonstances que Mesmer proclama la vérité du magnétisme animal, Fechner, le principe de plaisir, Nietzsche, l’étemel retour, Freud, le complexe d’Œdipe et l’origine sexuelle infantile de la libido. Jung aussi parlait de l’inconscient collectif, de l’anima, du soi, avec la tranquille certitude de « l’homme qui sait ».

Nous sommes ainsi conduits à distinguer deux groupes de systèmes dynamiques. Du premier relèvent les systèmes de Janet et d’Adler. Car même si Janet s’est appuyé sur son expérience personnelle de la psychasthénie et Adler sur son expérience personnelle des infériorités organiques, leurs découvertes essentielles sont sorties d’une recherche clinique objective. Le second groupe comprend les systèmes de Freud et de Jung. Ces deux hommes ont tiré de l’intérieur d’eux-mêmes, c’est-à-dire de l’expérience d’une maladie créatrice, les principes fondamentaux de leurs systèmes.

Cette distinction, à son tour, fait surgir une question difficile : quelle est la valeur heuristique d’une maladie créatrice ? La certitude d’avoir découvert une vérité universelle prouve-t-elle la validité de cette découverte ? Cette question renvoie à un problème plus général, celui de la validité des expériences éprouvées par ceux qui s’engagent dans l’exploration de l’inconscient. Tel est le problême du caractère spécifique de la maladie créatrice : il s’agit d’une expérience strictement personnelle pour celui qui l’éprouve le premier, mais ensuite elle devient un modèle pour les imitateurs, et cette conformité au modèle tendra à se transmettre d’un initié à l’autre au sein de la même école. L’apprenti chaman ne fera jamais l’expérience du nirvana comme le moine tibétain, et le yogi n’ira jamais voyager dans le pays des esprits comme le chaman. Cette spécificité avait été signalée à propos des diverses écoles d’hypnotisme et il en va de même pour les nouvelles écoles de psychiatrie dynamique2647. Les malades analysés par un freudien auront des rêves « freudiens » et deviendront conscients de leur complexe d’Œdipe, tandis que ceux qu’analyse un jungien auront des rêves archétypiques et découvriront leur anima. On se rappellera ici la définition de Tarde : « Le génie est la capacité d’engendrer sa propre progéniture »2648.

Outre leurs propres personnalités, la source d’inspiration la plus importante des pionniers de la psychiatrie dynamique est à chercher du côté de leurs relations avec leurs patients. Le rôle de ces derniers se manifeste de deux façons. Considérons d’abord le rapport entre les théories psychiatriques et la catégorie de malades auxquels le psychiatre a affaire. Ainsi que nous l’avons noté ailleurs, I. Wassermann explique la différence entre la psychanalyse de Freud et la psychologie individuelle d’Adler par la différence des idées qu’ils recevaient de leurs patients respectifs. Les clients de Freud étaient riches et se préoccupaient surtout d’affaires amoureuses ; les clients d’Adler s’inquiétaient davantage de leur existence matérielle et de la course au succès2649. Les longues recherches de Freud en anatomie du système nerveux pourraient aussi expliquer son insistance sur des modèles conceptuels inspirés de la physiologie cérébrale. Les divergences profondes entre les théories de l’inconscient, chez Freud et chez Jung, peuvent aussi se rapporter au fait qu’ils ne traitaient pas le même genre de patients. Freud, qui s’occupait de névrosés et n’avait pas une grande expérience des psychoses, aboutit à l’inconscient des pulsions et des souvenirs refoulés ; Jung, qui s’était occupé pendant neuf ans de schizophrènes avancés, devait aboutir à l’inconscient collectif et aux archétypes.

Un deuxième aspect des relations du psychiatre avec ses malades est probablement plus important encore. Il arrive parfois qu’un psychothérapeute qui a pris un patient comme objet d’étude se trouve engagé avec lui dans une relation prolongée, difficile et ambiguë. Ce patient est habituellement une femme hystérique. Les enseignements que le psychiatre tirera de l’étude de ce patient seront parfois entièrement différents de ce qu’il attendait, et il arrive même que la véritable signification de ces découvertes soit mieux comprise par quelqu’un qui viendra après lui2650. Puisque le rôle des patients dans l’histoire de la psychiatrie dynamique a été trop négligé, il n’est pas superflu d’en rappeler brièvement ici quelques épisodes caractéristiques.

C’est en s’occupant de sa jeune patiente, Fraülein Oesterlin, que Mesmer acquit la conviction que l’effet thérapeutique ne provenait pas des aimants, mais d’un fluide magnétique émanant de sa propre personne2651. Plus tard, il pensa avoir guéri Maria Theresia Paradis de sa cécité et elle crut elle-même, un moment, avoir retrouvé la vue. On interprète aujourd’hui cette histoire comme un exemple typique de suggestion, de transfert et de contre-transfert, mais, faute de comprendre ce qui se passait, Mesmer soupçonna un complot contre lui et quitta Vienne2652. Puységur fut mieux inspiré. Non seulement il observa sur Victor Race le premier exemple de « crise parfaite », mais il apprit de lui comment on pouvait guérir par le sommeil magnétique, que la théorie mesmérienne du fluide était erronée, et qu’un magnétiseur ne devait pas utiliser un patient pour des expériences publiques comme s’il s’agissait d’un instrument inerte2653. Il semble que ces enseignements ne furent pas perdus pour tout le monde. En lisant l’histoire de Despine et d’Estelle, on se rend compte combien il fallait d’expérience à Despine pour comprendre les ruses de sa patiente et utiliser le rapport, de façon à la faire sortir habilement de sa maladie2654. Quant à Justinus Kemer, il ne se laissa pas prendre aveuglément aux supercheries de Friedericke Hauffe comme on le prétend souvent. Il l’observait plutôt avec un mélange d’étonnement et d’esprit critique. Il n’encouragea pas ses prétendus talents thérapeutiques ; il était fier de présenter sa maladie aux sommités de la philosophie et de la théologie, et s’il rendit sa voyante célèbre, la publication de son histoire le rendit célèbre lui-même2655. Un exemple plus extraordinaire encore d’implication réciproque entre un thérapeute et son sujet nous est offert par le pasteur Blumhardt et sa paroissienne possédée, Gottliebin Dittus. Pendant deux années, Blumhardt mena un combat désespéré contre les puissances des ténèbres ; plus il luttait, plus les symptômes de Gottliebin s’aggravaient. Quand Blumhardt remporta enfin la victoire décisive, sa personnalité avait subi une profonde transformation2656.

Il est fort regrettable que les enseignements de Puységur et des anciens magnétiseurs aient été si complètement oubliés dans les dernières décennies du xrx® siècle, comme le montrent les exemples de Charcot et de Breuer. Nous avons vu comment Charcot utilisa Blanche Wittmann et d’autres hystériques pour ce qu’il croyait être des recherches expérimentales2657. Le cas de la célèbre malade de Breuer, Anna O. (Bertha Pappenheim), appartient en réalité à ces grandes « maladies magnétiques » que les premiers magnétiseurs recherchaient avec tant d’ardeur. Anna présentait des symptômes singuliers, elle dirigea son propre traitement en l’expliquant au médecin, elle annonça d’avance la date de sa guérison. Comme elle avait choisi pour ce traitement dirigé par elle-même le procédé de la catharsis (qu’un livre récent avait mis à la mode), Breuer2658 crut avoir découvert la clé de la psychogenèse et du traitement de l’hystérie. Certes, la construction théorique était erronée et l’échec thérapeutique fut patent, mais ils n’en contribuèrent pas moins l’un et l’autre à orienter Freud vers la psychanalyse. Mais c’est à Janet qu’il fut donné de renouer avec les découvertes des anciens magnétiseurs, en particulier l’utilisation thérapeutique du rapport. Janet apprit de Léonie qu’une autre personnalité, qui réapparaissait sous hypnose profonde, n’était que la réactualisation d’expériences hypnotiques qu’elle avait subies jadis. C’est ainsi que Janet comprit l’erreur que commettait Charcot avec sa description des trois stades2659. L’aptitude de Léonie à être hypnotisée à distance suscita chez Janet une méfiance invincible à l’égard de la parapsychologie. C’est ce qui explique aussi, sans doute, l’extrême prudence de Janet quand, plus tard, il eut affaire à Madeleine, cette patiente qui présentait par intervalles les stigmates de la Passion, et qui oscillait entre l’angoisse et l’extase2660.

Floumoy fit des découvertes importantes et variées à propos d’Hélène Smith, ïl montra le rôle que jouaient des souvenirs d’enfance oubliés, comment dans ses productions imaginaires le sujet retournait à divers stades de son enfance, et comment ses fantasmes étaient l’expression de désirs secrets. Mais, bien qu’il eût compris la nature des sentiments du médium à son égard, Floumoy ne se montra pas suffisamment prudent. La publication du livre de Floumoy suscita l’animosité du médium, elle s’enferma dans une vie autistique stérile, et Floumoy finit par comprendre combien il pouvait être dangereux de mener des études prolongées de ce genre sur un même sujet2661. Quant au médium de Jung, Hélène Preis-werk, elle associait des traits de la voyante de Prevorst et d’Hélène Smith. Jung profita de l’expérience de Kemer et de Floumoy, bien qu’il ne comprît que plus tard le rôle joué par les sentiments de la patiente à son égard. La grande découverte de Jung fut de comprendre que les supercheries du jeune médium disaient l’effort désespéré de la jeune fille pour surmonter les obstacles qui entravaient le développement de sa personnalité, et ce fut là le premier germe de ce qui devint plus tard la notion d’individuation2662. Il est tout à fait remarquable que l’ancienne malade de Mesmer, Maria Theresia Paradis, réussit une brillante carrière de musicienne aveugle, que Gottliebin Dittus entra au service de Blumhardt, que Blanche Wittmann devint assistante radiologiste et mourut en martyre de la science, que Bertha Pappenheim devint une des fondatrices du travail social, et qu’Hélène Preiswerk dirigea avec succès un atelier de couture à Bâle.

Quant à Freud, il faut rappeler que la méthode des associations spontanées lui fut suggérée en partie par une de ses patientes, Elisabeth von R., et que son homme aux loups joua un rôle historique dans le développement de la psychanalyse2663. Freud apprit beaucoup de lui et lui en fut si reconnaissant que plus tard il le traita gratuitement et organisa une souscription pour subvenir à ses besoins pendant plusieurs années. Mais l’homme aux loups conçut un vif attachement pour Freud, et développa des idées paranoïdes qui nécessitèrent un traitement ultérieur prolongé2664.

Nous voyons bien à travers ces exemples que l’histoire de la psychiatrie dynamique est inséparable des contributions de toute une galerie de patients insignes dont le rôle a été singulièrement méconnu.

Tout au long de ce livre, nous avons croisé d’autres éléments qui ont contribué, d’une façon ou d’une autre, à la formation de la psychiatrie dynamique. « Nul homme n’est une île », pas même le pionnier qui fait l’expérience d’une maladie créatrice, habité par le sentiment d’un isolement extrême. Les esprits les plus créateurs sont indissolublement liés à leur milieu social, ainsi qu’à un entourage plus restreint qui comprend leurs maîtres, leurs collègues, leurs amis, leurs élèves, leurs critiques et même leurs adversaires. Il est impossible de distinguer, dans la pensée d’un homme, ce qui est authentiquement sien de ce qui lui a été suggéré par ceux qui l’entouraient ou de ce qu’il a pu lire. Il ne faut jamais sous-estimer la puissance de la cryptomnésie, ni l’étendue des stimulations fournies par les événements contemporains. Nous avons fait allusion, à cet égard, à la révolution des Jeunes-Turcs en 1908-1909 et à la façon dont elle a influé sur Totem et tabou2665. Il arrive qu’un psychologue à la recherche de voies nouvelles trouve l’amorce d’une solution dans un livre récent. C’est ainsi que Freud fut inspiré par le livre de Frazer sur le totémisme2666, Jung par L’Époque du Dieu Soleil de Frobenius2667 et Adler par La Philosophie du Comme Si de Vaihingei2668. La publication des Mémoires de Schreber incita Jung à s’éloigner de la théorie freudienne de la libido, mais inspira à Freud sa théorie de la paranoïa2669. Même un roman peut susciter la réflexion ; il en fut ainsi pour la Gradiva de Jensen2670 et Y Imago de Spitteler2671.

Autre phénomène récurrent dans l’histoire de la psychiatrie dynamique : l’adoption d’idées courantes dans une autre branche du savoir. Transposées en psychiatrie et formulées dans une autre terminologie, elles donnent le sentiment de la nouveauté. L’éveil précoce de l’instinct sexuel chez certains enfants et l’attachement amoureux du petit garçon à sa mère étaient des choses bien connues des éducateurs catholiques, et Michelet avait popularisé ces idées, mais, quand Freud les proclama à son tour, elles apparurent comme des nouveautés sensationnelles2672. L’idée que l’homosexualité dépendait le plus souvent de causes psychologiques, et non d’une constitution physique particulière, était bien connue des éducateurs avant qu’elle ne s’impose aux psychiatres. De même, la théorie psychosexuelle de l’hystérie était couramment admise par les gynécologues avant que les neuropsychiatres la reprennent. Les enquêteurs en matière criminelle connaissaient la signification des actes manqués bien avant l’apparition de la théorie psychanalytique2673. Avant que Moreno n’utilise le psychodrame comme procédé thérapeutique, la reconstitution des crimes était pratique judiciaire courante et aboutissait quelquefois à l’aveu des meurtriers.

Le progrès n’est parfois que l’actualisation d’une idée abandonnée. Certains concepts avancés par les nouvelles psychiatries dynamiques, loin d’être choquants par leur nouveauté, apparurent aux contemporains comme démodés. Il en fut ainsi de la notion de « fuite dans la maladie », qui avait été connue des anciens psychiatres romantiques et qui était restée vivante dans l’esprit populaire, de même que l’idée que les mouvements stéréotypés du psychotique pouvaient avoir une signification psychologique. Dans un roman d’Edmond de Goncourt, une femme subit tant de malheurs qu’elle se réfugie dans une psychose grave2674. Elle reste assise dans le coin d’une cour, faisant sans cesse des mouvements circulaires de la main. L’auteur explique que, dans son délire, elle s’imagine ramassant des fleurs qui tombent d’un cerisier, comme elle le faisait à l’époque heureuse de son enfance. En lisant ce roman, certains psychiatres durent sourire de cette fantaisie romantique démodée, mais, lorsque Bleuler et Jung se mirent à enseigner des idées analogues, elles apparurent comme d’éblouissantes nouveautés.

Quelles que soient sa nouveauté et son originalité, une œuvre créatrice cristallise un grand nombre d’intuitions éparses. L’Interprétation des rêves de Freud parut au moment où l’intérêt public avait été excité par une abondante littérature sur les rêves ; ses Trois Essais sur la théorie de la sexualité furent publiés en 1905, au beau milieu d’un déluge d’écrits sur la pathologie sexuelle dont le nombre n’avait cessé de croître depuis les années 1880. Totem et tabou parut également à une époque où historiens, ethnologues et psychologues avaient tendance à voir dans le totémisme une période décisive dans une reconstruction hypothétique de l’histoire de l’humanité. Il est extrêmement difficile de déterminer dans quelle mesure une œuvre qui fait époque inaugure réellement une révolution culturelle, si elle n’est pas plutôt l’une des manifestations d’une sensibilité contemporaine.

Nous devons ainsi revenir au paradoxe qui fut le point de départ de notre enquête, à savoir le fait que la psychiatrie dynamique a connu une incohérente succession de vicissitudes, de phases d’acceptation et de rejet, à la différence du cours (cohérent) de l’évolution des sciences physiques. Mais ici il nous faut indiquer d’autres différences fondamentales entre la psychiatrie dynamique et les autres sciences.

La science moderne est un corps de connaissance unifié au sein duquel chaque science a son autonomie, se définit par son objet et par sa méthodologie spécifiques. Le champ de la psychiatrie dynamique, en revanche, n’est pas clairement délimité, elle s’efforce d’envahir le champ des autres sciences, au besoin de les bouleverser. Freud affirmait que « le fondateur de la psychanalyse était forcément la personne la plus qualifiée pour juger de ce qui est et de ce qui n’est pas de la psychanalyse »2675. Une telle assertion est étrangère à la science moderne. On n’imagine pas Pasteur, par exemple, se déclarant seul habilité à décider de ce qui est ou n’est pas de la bactériologie. En revanche, il serait parfaitement normal que Heidegger se proclamât le seul apte à définir ce qui relève (ou non) de la philosophie heideggérienne.

En science, une « école » est un groupe de chercheurs attelés à une tâche commune. A mesure que s’accomplit la tâche, elle cesse d’appartenir à l’« école » pour entrer dans le patrimoine universel des connaissances. Telle fut, par exemple, l’« école » de Pasteur avant que ses découvertes ne fussent entiè-

rement intégrées à la science. Parmi les créateurs de la psychiatrie dynamique moderne, Janet fut le seul à rester fidèle à la tradition de la science unifiée. Bien qu’il ait été le cofondateur d’une société psychologique et d’une revue psychologique, et bien qu’il ait édifié une puissante synthèse psychologique, l’idée ne lui vint jamais de fonder un « mouvement » ou une « école ». Janet comptait que ses théories seraient intégrées dans la science psychologique, comme Pasteur comptait voir ses découvertes intégrées à la médecine. En parlant de Freud, Adler et Jung, nous avons noté au contraire qu’avec eux le terme « école » renvoyait à la tradition philosophique de l’antiquité gréco-latine2676. La portée de cette évolution ne semble pas avoir retenu toute l’attention qu’elle méritait.

Tous ces paradoxes se ramènent à un paradoxe plus profond et plus fondamental, celui du contraste entre les démarches de la psychiatrie dynamique et celles de la psychologie expérimentale. La science moderne repose sur l’expérimentation, la quantification et la mesure, non seulement en physique, mais aussi en psychologie. Dans cette perspective, la psychiatrie dynamique prête sans aucun doute le flanc à la critique. Qui a jamais mesuré la libido, la force du moi, le sur-moi, l’anima, l’individuation ? L’existence même de ces entités n’a jamais été démontrée. Mais pour les psychiatres qui consacrèrent leur temps à traiter des patients selon l’une ou l’autre des méthodes de psychothérapie, ces termes n’étaient pas pure abstraction : ils renvoyaient à des réalités vivantes dont l’existence était plus tangible que les statistiques et les calculs des chercheurs expérimentaux. Jung, qui avait passé des années à travailler avec le test des associations verbales, déclara plus tard : « Quiconque désire acquérir une connaissance de l’esprit humain n’apprendra rien, ou presque rien, de la psychologie expérimentale »2677. Hans Kunz explique ainsi pourquoi les freudiens n’acceptent pas les objections des épistémologistes : « Parce que les psychanalystes ont fait l’expérience de la vérité de la psychanalyse sous une forme beaucoup plus forte et plus convaincante que l’évidence habituelle d’idées formulées selon toutes les règles de la logique, […] il ne peut être question pour eux de renoncer à leurs convictions en raison de l’évidence incomparablement moindre de la logique formelle »2678. j

Il y a là, en fait, deux conceptions de la réalité qui s’affrontent, et il semble que j la sphère de la vie psychique soit susceptible de deux approches différentes,/~v/ toutes deux légitimes : d’un côté la technique fondée sur la mesure, la quanti fi/ À cation et l’expérimentation du chercheur spécialisé, de l’autre l’approche immtf – / \ diate, non quantifiable du psychothérapeute dynamique. 1/

Le psychothérapeute dynamique a ainsi affaire à ce que Jung appelle des existences, des réalités psychiques. Mais qu’est-ce exactement que des réalités psychiques ? Celles qui nous intéressent ici ont été découvertes dans le processus de la maladie créatrice ou dans le travail quotidien des psychologues des profondeurs. Même ainsi définies, nous constatons qu’il en existe de différentes sortes, souvent contradictoires et incompatibles entre elles, bien qu’elles revêtent toutes le même caractère de certitude aux yeux de ceux qui travaillent avec elles. Il

serait vain, par exemple, de chercher à réduire la psychologie analytique de Jung à la psychanalyse freudienne ou inversement, tout autant que d’essayer de faire rentrer l’une ou l’autre dans le cadre conceptuel de la psychologie expérimentale. Et l’on pourrait encore concevoir bien d’autres systèmes dynamiques2679.

La coexistence de deux approches incompatibles dans nos efforts de compréhension du psychisme humain choque l’homme de science à la recherche d’unité. Nous faudra-t-il, dès lors, nous en tenir au principe de l’unité de la science et sacrifier l’autonomie des nouveaux systèmes dynamiques ou, au contraire, prendre ces systèmes tels qu’ils sont (et peut-être d’autres qui surgiront dans leur sillage) et ne voir dans l’idéal de la science unifiée qu’un noble rêve ? Les efforts conjugués des psychologues et des philosophes permettraient peut-être de sortir de ce dilemme. En retraçant les grandes étapes de la découverte de l’inconscient, nous avons observé que les psychologues se sont surtout intéressés à ses aspects conservateurs, dissociatifs et créateurs, tandis qu’on n’a presque plus prêté attention, après Floumoy, à l’inconscient mythopoïétique2680. De nouvelles recherches en ce domaine, encore en grande partie inexploré, pourraient jeter une lumière nouvelle sur beaucoup de problèmes restés obscurs. Par ailleurs, il serait souhaitable que des philosophes fassent porter leurs réflexions sur la notion de réalité psychique et essaient d’en définir la structure (comme l’a fait Heidegger pour la structure de l’existence humaine). Nous pourrions alors espérer parvenir à une synthèse supérieure et construire un cadre conceptuel qui ferait droit aux exigences de rigueur de la psychologie expérimentale ainsi qu’aux réalités psychiques quotidiennement éprouvées par les explorateurs de l’inconscient.


2620 Chap. n, p. 84-86.

2621 Chap. iv, p. 218-220.

2622 Chap. rv, p. 220.

2623 Chap. v, p. 314-315.

2624 Chap. rv, p. 256-259 ; chap. Il, p. 116-119.

2625 Chap. rv, p. 260-274.

2626 Chap. vn, p. 566.

2627 Chap. v, p. 353.

2628 Chap. x, p. 848.

2629 Chap. vn, p. 589.

2630 Chap. n, p. 109.

2631 Chap. iv, p. 241-246.

2632 Chap. iv, p. 258-260.

2633 Chap. v, p. 306-312.

2634 Chap. vi, p. 426-427.

2635 Chap. vn, p. 573.

2636 Chap. vm, p. 649.

2637 Chap. rx, p. 749.

2638 Robert Burton, The Anatomy of Melancholy, Oxford, John Lichfield, 1621.

2639 George Cheyne, The English Malady, Londres, Strahan, 1735.

2640 B.A. Morel, « Du délire émotif », Archives générales de médecine, 6e série, VU (1866),. 385-402,530-551,700-707.

2641 Chap. x, p. 875.

2642 Chap. vn, p. 470-472.

2643 Chap. iv, p. 248-249.

2644 Chap. ix, p. 703-704.

2645 Chap. vn, p. 470-472.

2646 Chap. ix, p. 688-691.

2647 Chap. ni, p. 208-209.

2648 Gabriel Tarde, La Philosophie pénale, Lyon, Storck, 1890, p. 165-166.

2649 Chap. vm, p. 649.

2650 H.F. Ellenberger, « La psychiatrie et son histoire inconnue », L’Union médicale du Canada, XC (1961), p. 281-289.

2651 Chap. il, p. 89.

2652 Chap. il, p. 90-91.

2653 Chap. il, p. 101-103.

2654 Chap. ni, p. 159-161.

2655 Chap. h, p. 111-113.

2656 Chap. I, p. 49-50.

2657 Chap. il, p. 133-134.

2658 Chap. vn, p. 509-513.

2659 Chap. vi, p. 362-363 ; 381-382.

2660 Chap. vi, p. 420-421.

2661 Chap. v, p. 346-348 ; chap. x, p. 804.

2662 Chap. rx, p. 709.

2663 Chap. vu, p. 519.

2664 Chap. vu, p. 583.

2665 Chap. vn, p. 564.

2666 Chap. x, p. 830.

2667 Chap. ix, p. 753.

2668 Chap. vm, p. 629 ; 654.

2669 Chap. vu, p. 570.

2670 Chap. x, p. 807-808.

2671 Chap. x, p. 812-813.

2672 Chap. v, p. 325.

2673 Chap. vn, p. 528.

2674 Edmond de Goncourt, La Fille Elisa, Paris, Charpentier, 1873.

2675 Ernest Jones, La Vie et l’œuvre de Sigmund Freud, op. cit., 11, p. 385.

2676 Chap. I, p. 74.

2677 Chap. ix, p. 713.

2678 Hans Kunz, « Die existentielle Bedeutung der Psychoanalyse in ihrer Konsequenz fîir deren Kritik », Der Nervenarzt, III (1930), p. 657-668.

2679 D’autres systèmes de psychiatrie dynamique ont été conçus, par exemple, par Arthur Schnitzler (chap. vu, p. 497-499), Léon Daudet (chap. ix, p. 754-755) et André Breton (chap. x, p. 857-859).

2680 Chap. v, p. 349.