Paresthésies de la région génitale dans certains cas d’impuissance

Certains patients qui souffrent d’impuissance psycho-sexuelle se plaignent souvent de « ne pas sentir » leur pénis ; d’autres parlent explicitement d’une froideur de la région génitale ; d’autres encore d’une sensation de rétraction du pénis. Toutes ces paresthésies s’intensifient lors des tentatives de coït. Plus tard, au cours de l’analyse, les patients rapportent souvent tout à fait spontanément qu’ils « sentent mieux » leur pénis, que la « sensation de froid » diminue, que leur pénis (non érigé) devient un peu plus « consistant », etc... Pour des raisons techniques, il n’est pas recommandé d’entreprendre un examen physique sur la base de telles plaintes. Cependant je n’ai pu l’éviter dans certains cas, mais sans jamais constater objectivement aucun « froid » particulier, ni anesthésie ni analgésie ; par contre j’ai vu des rétractions. Grâce à l’analyse j’ai établi que la source inconsciente de ces sensations était l’angoisse infantile de castration, qui est aussi la cause — comme je l’ai montré ailleurs1 — de ces sensations de rétraction que de nombreux patients éprouvent à la base du pénis et au niveau du périnée, en particulier lorsque l’analyste (le père) leur inspire de l’angoisse. Un de ces patients se réveilla une nuit avec la sensation de « ne plus du tout sentir son pénis ». Il en fut très angoissé et dut se convaincre qu’il possédait encore son pénis en touchant ses parties génitales. L’explication était la suivante : dans son enfance, on le menaça de castration pour avoir touché ses organes génitaux en se masturbant ; d’où « l’angoisse de toucher » le pénis. L’attouchement anxieux de son pénis est apparu comme un compromis entre l’ancien désir de masturbation et la crainte d’un sévère châtiment. (« Le retour du refoulé ».) Ces paresthésies, de par leur caractère variable, constituent parfois un bon indice des progrès et des reculs qui se produisent dans l’état du patient. À côté des fantasmes incestueux inconscients (masturbatoires), les causes les plus fréquentes de l’impuissance psychique sont les craintes de castration ; mais en général les deux se retrouvent : crainte de castration comme punition de l’onanisme incestueux2.

 


1 « Symptômes transitoires au cours d’une psychanalyse ». O. C., I, p. 199.

2 « Interprétation et traitement psychanalytiques de l’impuissance psychosexuelle ». O. C., I, p. 38.