Rire

Mécanisme de plaisir et de déplaisir du rire : une répétition du plaisir et du déplaisir lors de la naissance.

(Bergson) Bergson ne connaît que la moquerie et pas le rire.

Bergson : Celui qui rit, rit de ce qui est mort (ce qui est mécanique).

Bergson : Parce qu’il en a le dégoût.

Ferenczi : Parce qu’il y aspire (cliché).

(Bergson) Pourquoi ce qui est mécanique est-il comique ? La représentation d’accomplir un travail, automatiquement, sans effort intellectuel, avec du plaisir (flattant la paresse). Par exemple : diriger une foule à l’aide d’un bouton. Magie toute-puissante. Toute-puissance du geste ou des mots : armée.

Détermination. L’automatisme vaut aussi bien pour le tragique que pour le comique.

(À propos de Bergson). Arguments principaux contre Bergson. Bergson : « Rigidité qui est en disharmonie avec la souplesse immanente de la vie », « la vie trahie par la mécanique » provoque du rire. (Pour qu’on soit effrayé par ce qui est rigide, mort, etc.) Il ne parle jamais de la raison du rire, mais seulement de son but.

Si le but de l’affect était le maintien de l’ordre, quel serait donc le sens du sentiment de plaisir qui accompagne l'affect ? C’est pleurer que nous devrions, être en deuil, nous fâcher à la vue du désordre.

La théorie sociologique de Bergson ne vaut que pour la moquerie, pas pour le rire.

Le rire demande de tenir compte : 1) du rire en soi, 2) de la moquerie.

Essence du rire : que j’aimerais être aussi parfait.

Essence de la moquerie. Que c’est bien que je sois si exceptionnel et non pas aussi imparfait.

Faire de la nécessité une vertu :

1) Qu’il est difficile d’être parfait, dit l’enfant qui est éduqué à l’ordre.

2) Qu’il est agréable d’être parfait, dit l’enfant qui a déjà été éduqué à l’ordre.

Donc : d’abord l’enfant ne peut que rire de l’ordre (se réjouir).

L’attitude consciente de l’adulte à la vue du désordre est la suivante : je me réjouis de ne pas être ainsi. Inconsciemment il jouit du fantasme suivant : que c’est bien d’être si désordonné. Derrière chaque moquerie se cache un rire inconscient.

Rire et conscience du péché.

1) Sentiment du comique, en permanence une irruption du plaisir au moment d’une émotion asociale (coupable de péché), lors d’une interruption temporaire de la conscience de péché, qui pèse toujours sur l’homme. (Relation au péché totémique.)

2) On ne peut jouir du péché qu’en groupe. Pardon réciproque.

3) Là où manque la sécurité (les étrangers). Gêne : impossibilité de rire avec les autres. La communauté du péché manque.

Angoisse

1) Celui qui pardonne un péché le commet au fond aussi.

2) Celui qui aime quelqu’un commet tous les péchés avec lui et lui pardonne (communauté du recel).

Bonheur : sourire (l’enfant après la tétée, absence de besoin).

Rire — Défense contre plaisir trop grand.

Processus du rire :

1) Irruption d’un sentiment de plaisir.

2) Dispositif de défense (tentative de refoulement) contre ce sentiment de plaisir.

3) Ce qui fait fonction de défense est la même conscience de péché (originel), conscience morale.

Quelqu’un qui ne rit pas avec l’autre (un étranger) ne laisse pas advenir le plaisir, n’a donc pas besoin de défense.

Rire est une intoxication au CO2 automatique (étouffement des tissus).

Pleurer est une inhalation automatique de O2.

Rire et le comique sont encore l’œuvre de la censure.

Rire, une défense générale et physiologique contre un plaisir désagréable. Un homme totalement moral empêche la déliaison de plaisir, il reste sérieux. Quand un homme consciemment moral délie du plaisir inc., le moi se défend à l’aide du rire contre le plaisir qui essaie de se frayer un chemin (contre-poison).

Le rire est un échec du refoulement, un symptôme de défense contre le plaisir inc.

Rester sérieux est un refoulement réussi.

Un homme bêtement méchant déploie sans défense son plaisir à propos de ce qui est comique (ce qui est indécent, incongru) chez les autres (donc il ne rit pas, ne produit pas de contre-poison contre le plaisir).

Un homme dont la méchanceté est imparfaitement refoulée éclate chaque fois de rire quand une incongruité étrangère éveille du plaisir en lui.

Un homme pleinement moral rit aussi peu que l’homme tout à fait mauvais. La déliaison de plaisir manque.

Donc : le méchant ne rit pas parce que, tout simplement, il jouit de sa méchanceté (plaisir) sans défense (sans plaisir).

Le bon ne rit pas parce que le plaisir est bien refoulé chez lui — le plaisir ne parvient pas à se développer, il est donc superflu de rire.

Un homme ambivalent dont la méchanceté est imparfaitement refoulé peut rire. Jeu entre conscience (morale) et plaisir à être méchant ; la méchanceté fait le plaisir, la conscience morale fait le rire.

Freud : En riant nous nous mettons au diapason de l’état corporel du « comique », et nous nous débarrassons par le rire de la dépense d’affect superflu.

Je propose :

Le rire se compose : 1) des décharges d’énergie psychique au sens de Freud. 2) d’une compensation de ce processus de décharge par ceci que les muscles respiratoires deviennent le lieu de la décharge.

[Et les muscles du visage ( ?)]

Vraisemblablement, le rire est une dérivée de clonus (et de tonus) musculaires, qui sont devenus tributaires d’intentions particulières. De la même manière que les réactions générales (les crampes) se transforment en mouvements d’expression.

La musculature respiratoire convient à l’expression des mouvements d’âme parce qu’il est possible :

1) non seulement d’abréagir, mais simultanément

2) de nuancer et d’inhiber, très finement.

La musculature du visage convient également à la décharge de quantités d’affects plus fines et en même temps à la régulation de la respiration par l’élargissement et le rétrécissement de l’ouverture des narines et de la bouche (élargissement = expiration de plus de plaisir. En pleurant nous avons des mouvements de reniflement).

Vraisemblablement, tous les mouvements d’expression consistent en une activité active et une activité réactive (compensation).

1. Plus d’inhibition que d’explosion.

2. Plus d’explosion que d’inhibition.

3. Équilibre, avec une légère prépondérance de l’un ou de l’autre.

Analogie entre rire et vomir. Le rire équivaut à vomir de l’air (oxygène) hors des poumons. Pleurer équivaut à se saouler d’air. La respiration est augmentée chez le maniaque, inhibée dans la mélancolie.

Le mécanisme de la manie selon Gross. Analogie entre absorption d’alcool et d’oxygène.

Pourquoi l’homme gai a-t-il donc besoin de boire du vin (ou de l’oxygène) ? Seul l’homme triste en aurait-il besoin ?

On ne peut rire que de soi-même. (On ne peut aimer que soi-même !) (Plaisir = amour) : conscient (ironie), ou inconscient (comique, mot d’esprit).

Mère, peux-tu m’ordonner quelque chose ? Naturellement ! Non, tu ne peux m’ordonner que ce que je m’ordonne à moi-même {Freud).

Le comique et le rire.

Dans le comique, c’est toujours ce qui est naïf (enfantin) qui nous réjouit et qui éveille en nous l’enfant inc. (la part de plaisir dans le rire). Simultanément, notre idéal conscient s’éveille et fait le nécessaire pour que le plaisir ne déborde pas (défense, expiration).

(Modification de la définition de Freud).

L’effet du comique se compose :

1) du rire,

2) de la moquerie (qui est secondaire, un produit culturel, Bergson).

Pourquoi dois-je souligner que je ne suis pas ainsi ? Parce que je suis ainsi !

Des formes de rire déductibles a priori :

1) plus on se moque, plus on expire.

2) plus on rit, moins on expire (et plus il y a d’abréaction musculaire).

Après beaucoup de rire, le cafard (post coitum triste).

Rire et coït font une trouée dans la conscience de culpabilité.

Différence entre l’homme triste, la femme non triste. /Religion ! Il serait facile d’éclairer une femme (elle serait facilement éclairée), sa religiosité n’est pas profonde/.