Sándor Ferenczi

Biographie

Sandor Ferenczi (1873-1933) est un psychiatre et psychanalyste hongrois. Il passe son diplôme de médecine et de neurologie à Vienne puis s'installe à Budapest en tant que psychiatre, ville où sera créée la première chaire de psychanalyse au monde en 1918. Ferenczi obtient ce poste, mais ne l'occuppera que peu de temps car il doit fuir la ville pour Vienne, chassé par la contre-révolution roumaine.

Il fait la connaissance de Sigmund Freud en 1907 qui l'accepte en analyse. D'importants échanges épistolaires suivront cette rencontre, témoignage de leur amitié et de leur collaboration. Il devient ami avec Lou Andréas Salomé et assure la psychanalyse de Mélanie Klein (1914), de Gézà Roheim (1915-1916) et de Michael Balint (1924). 

Il propose la création de l’Association Psychanalytique Internationale (API) en 1910 dont C.G. Jung sera le premier président. Il participe également à la fondation de l’Association Psychanalytique Hongroise en 1913.

Appelé l'«enfant terrible» de la psychanalyse, Ferenczi n'aura de cesse d'interroger la pratique et la théorie psychanalytique. Il déplore notamment l'hypocrisie des psychanalystes qui se réfugient souvent derrière les concepts de résistance ou de transert négatif pour ne pas remettre en question leurs théories de référence ou leur pratique. Il ressort de ses écrits une importante franchise et hônneteté.

Sur le plan théorique, Ferenczi s'intéresse particulièrement aux pathologies narcissiques et à la formation de l'appareil psychique avant l'oedipe. Il introduira les concepts de l'introjection (1909) et de l'identification à l'agresseur (1932).

Sa théorie du traumatisme psychique est peut-être son travail le plus connu. Il y postule que l'adulte séduit l'enfant par son langage empreint de sensualité. Il affirme ainsi que la séduction de l'adulte sur l'enfant n'est pas un fantasme, ce que croyait Freud suite à l'abandon de sa neurotica. Il s'agirait d'un traumatisme constitutif de l'appareil psychique, des mécanismes de défense et de la sexuation. Le fantasme serait secondaire à un évènement réellement vécu.

À partir de 1914, il réfléchit à des aménagements de la technique analytique. Si la psychose est un arrêt au stade du narcissisme primaire, la mise au jour des conflits oedipiens n'est pas suffisante. Si le traumatisme initial se situe en deçà du langage l'expression corporelle peut être une solution. Ferenczi élabore des techniques de relaxation puis invente la néo-catharsis, position dans laquelle l'analyste prend le statut d'une mère réparatrice. Ce contexte favoriserait la réunification d'un moi clivé. Guérir c'est régresser pour renaître ; l'analyste doit être l'accoucheur d'un psychisme en stase

Ferenczi invente la technique active qui vise à restreindre les défenses par des interdictions, et l'analyse mutuelle qui a pour objectif d'éviter un contre-transfert aveuglant de l'analyste. Il abandonnera ces deux techniques par la suite. Son intérêt pour l'analyse du contre-transfert a permis d'instituer la «psychanalyse didactique» ou «psychanalyse de contrôle», psychanalyse du psychanalyste lors de ses cures.

Parmis ses travaux, il est important de citer son «mythe scientifique», la bioanalyse, discipline introduite en 1924 dans son livre Thalassa : Psychanalyse des origines de la vie sexuelle. Il la définit comme une science à la confluence de la phylogénèse, de la biologie et de la psychanalyse.

Ferenczi a fortement contribué à l'élaboration des fondamentaux actuels de la psychanalyse. Son travail l'a conduit à un questionnement sur les limites de l'analyse et de l'analysable et a enclenché un véritable tournant dans la conception même du traitement analytique. Ses innovations techniques et certaines de ses conceptions théoriques le mettront en marge de l'IPA à la fin de sa vie.