Chapitre II. Un bain d’affects

En dépit de ses compétences précoces et du développement de ses interactions sociales, le très jeune enfant ne saurait vivre que dans un monde morcelé, même s’il est capable d’anticiper sur ce qui s’y déroule dès le deuxième trimestre de sa vie. Pourtant, les particularités individuelles de son comportement et des interactions impliquent des modes de communications précocissimes : le langage de la mère est extraverbal et verbal. Ses mots correspondent à des sentiments, des émotions, des contradictions. Les modalités du dialogue qu’elle institue avec le bébé passent par son corps, la détente que lui procure l’expérience des soins maternels ou la détresse et l’angoisse que son inexpérience apporte avec elle. Dans le cas évoqué précédemment, la mère déclarait, il est vrai, alors qu’Antoine avait 13 ans, que son fils lui donnait des coups de poing et des coups de pied méchants. On peut observer à l’état naissant le rôle des émotions éprouvées par la mère dans sa relation avec le jeune bébé, comme on le notera dans l’observation de Constance, évoquée plus loin.

De son côté, le bébé communique très tôt avec sa mère et ceux qui s’intéressent à lui, à ses satisfactions et à ses besoins. Ses mimiques, ses vocalisations sont autant de modes d’action qui ont valeur de langage, à condition que l’entourage soit sensible aux intentions émotionnelles qu’ils comportent.

Ainsi, les relations entre le bébé et sa mère (ou ceux qui jouent son rôle) peuvent être décrites d’abord sous le signe de l’affectivité.

Le terme affect est emprunté au vocabulaire de la psychologie allemande (Affekt). On peut ainsi décrire des émotions dont la représentation entraîne celui qui les observe ou celui qui en entend parler, à les visualiser, à en dessiner le portrait chez l’être humain qui les éprouve : tels seraient, par exemple, les affects de colère, de honte, de culpabilité, de joie, etc. Aux yeux de celui qui réfléchit à ces sentiments est jointe une représentation. C’est une voie qui montre peut-être le chemin que suit la mère pour dire que son enfant est en colère, qu’il est content, inquiet, joyeux, calme, etc.

C’est dire aussi que l’affect, s’il ne se représente par lui-même, ne saurait être séparé des représentations qu’il connote. Mais la théorie psychanalytique définit un sort différent aux affects et aux représentations. Ces dernières peuvent être refoulées, tandis que l’affect, qui représente une quantité d’énergie (le quantum d’excitation pulsionnelle), se déplace. Ainsi peut-il affecter une représentation à laquelle il n’est pas originellement lié.

On sait que la dissociation entre affects et représentations est un des caractères de la pensée pathologique des obsessionnels.

Ce rappel de notions fort connues est sans doute utile pour se représenter comment l’économie interactionnelle et affective prend un sens et permet des représentations dans le climat protopathique des débuts de la vie.

Nous n’avons pas parlé d’émotion : la vie émotionnelle est plus directement liée à la vie somatique et aux mobilisations catastrophiques qui peuvent s’y inscrire. Les affects, plus différenciés, conduisent à la dimension psychologique et à la communication. On peut cependant parler d’affects primaires et les qualités de contentement, d’insatisfaction, d’irritation, de colère, d’étrangeté, voire de peur, indiquent une certaine progression dans la représentation d’un objet qui module et marque leur déroulement : tout se passe donc comme si les innombrables transactions entre le bébé et sa mère étaient marquées par des affects contradictoires. Ceux-ci permettent au bébé de donner un sens à ce qu’il ressent des affects maternels ou du milieu, à éviter, à anticiper, à séparer le familier de l’étranger.

Dans son livre Le Discours vivant, André Green (221973)1 montre que l’affect peut et doit se représenter et qu’il donne sa force au sens. Il rappelle par là un principe très tôt posé en psychanalyse suivant lequel aucune interprétation n’est efficace si elle ne comporte pas des effets cathartiques ; cette règle s’applique à la mère qui sait tout naturellement l’utiliser dans ses communications et les déclarations qu’elle adresse à son bébé. Inversement, on pourrait proposer l’idée que le bébé doit « affectiver » le dit maternel.

Ainsi pourrait être défini un bain d’affects interactionnel, thème qu’illustre le travail de R. N. Emde (1980)222. Cet auteur utilise de ce point de vue la théorie « des émotions discrètes » : il rappelle que, depuis Darwin, l’expression des émotions chez l’homme et l’animal (1872)223 est considérée comme compréhensible. Des travaux récents (Izard, 1971)224 et (Ekman, 1975)225 tendent à montrer que certains types d’expressions faciales sont universellement connus pour la valeur spécifique des affects qui les déterminent. Des psychanalystes, comme Brenner (1974)226, estiment que des affects comme l’anxiété et la dépression sont de nature complexe ou reposent sur un ensemble émotionnel de développement à partir des fonctions de signaux primaires que Ekman a groupés dans une liste de sept catégories : le bonheur, la surprise, les craintes, la colère, la tristesse, le dégoût, les intérêts.

Cette théorie laisse à supposer que la structure des affects primaires se dégage d’expériences programmées, renforcées par les comportements maternels qui conduisent à un apprentissage social d’émotions de plus en plus complexes. La séquence serait la suivante : les charges émotionnelles — l’expression affective — les sentiments enfin, où sont inclus les souvenirs affectifs de l’apprentissage de la communication, de l’amour, de la tendresse, de la haine et de l’amitié.

Ces références et ces hypothèses conduisent R. Emde à insister sur l’importance que ces émotions doivent avoir sur les processus transactionnels : les nourrissons expriment avec une claire évidence leurs affects ; ils crient, ils pleurent, ils vocalisent, ils sourient, ils s’agitent, ils se calment, ils regardent, ils fuient le regard, etc. A chaque fois la mère ou son substitut est largement mobilisé par l’expression visible de cette affectivité. R. Emde différencie de ce point de vue trois étapes :

a)    Avant deux mois, seuls les observateurs entraînés ou les mères très intéressées peuvent déterminer comment les rythmes d’éveil et d’endormissement ou comment la motricité globale, les vagissements, etc., traduisent les mouvements affectifs. Après l’apparition du premier sourire social et significatif, les parents ressentent plus leur bébé comme un être humain capable de s’exprimer et de communiquer. Mais toutes les significations qu’ils donnent alors à ces communications préverbales auraient pu être attribuées en fonction d’anticipations prémonitoires et créatrices à des intentions qui n’existaient pas chez le bébé. Pourtant, les affects déclenchés par le bébé, par des événements internes, pouvaient déjà stimuler des affects parentaux prématurés. Tout se passe donc comme s’il y avait, dans chaque comportement chargé d’affect, d’une part, une partie programmée qui peut stimuler les créations anticipatrices de la mère et, d’autre part, une partie affective qui se développera dans le cadre des interactions sociales affectives, puis représentationnelles.

Selon R. Emde, l’importance de ce changement à deux mois peut être comprise par la modification du cortex cérébral qui survient alors.

La plupart des réflexes archaïques disparaissent alors, tandis que la neurogenèse postnatale et la myélinisation prennent un développement tout à fait nouveau. On observe également à cette période la diminution du sommeil paradoxal : comme l’adulte, le bébé entre dans le sommeil par sa forme profonde.

b)    Une nouvelle étape est franchie dans le troisième trimestre de la première année de la vie. Comme on l’a vu, Spitz a décrit à cette période la phobie du visage de l’étranger. Cette organisation n’est pas sans émerger de conduites préalables. L’enfant prend l’habitude de séparer les visages familiers et les visages étrangers et ce type de comportement conduit à une nouvelle organisation.

En utilisant la théorie des émotions discrètes, le travail auquel nous faisons allusion propose un modèle d’affects de communication : ceux-ci sont organisés sur des bases biologiques et comportent des éléments d’information qui semblent universels, tout en se développant suivant des séquences épi-génétiques. Comme Piaget l’a montré, l’enfant de 7 à 9 mois est capable de différencier son activité de ses intentions. Un psychanalyste dira, selon Emde, que les affects provoquent à cet âge un appel qui n’est plus seulement adressé à la mère ou aux autres, mais qui devient un signal psychologique. C’est donc une masse d’affects, dans une perspective de développement épigénétique, qui donne aux expressions émotionnelles des valeurs significatives à partir d’un développement très antérieur et très discret.

Ces affects sont les ingrédients essentiels de la survie après la naissance. Ils sont le moyen qui permet l’établissement des interactions sociales entre le monde du bébé et ce qui n’est pas ce monde. Ils jouent un rôle continu pour entretenir une relation significative entre la mère et son bébé à travers des organisations qui semblent surgir et ne font qu’émerger. L’hypothèse la plus importante est finalement que ces affects ne sont pas la conséquence de l’interaction sociale, mais qu’ils l’accompagnent ou même la déterminent et la complètent. Les brèves références théoriques qui viennent d’être évoquées pour définir les bases de ces transactions d’affects justifient qu’on les utilise pour comprendre le développement de la communication et du langage ainsi que de leurs effets surprenants : Constance (Cas n° 2) est une petite fille de 7 mois que ses parents me conduisent parce qu’elle se tape la tête contre les barreaux de son lit et contre les murs. Le père et la mère sont très sympathiques et prennent leur responsabilité dans l’élevage de leur fille. On pourrait multiplier des aspects spécifiques de la transmission intergénérationnelle dans ce cas. Par exemple, le père était au chômage quand sa femme a dû reprendre son travail ; il ne savait pas s’occuper de « gars » ; il désigne ainsi sa petite fille et nous apprend vite que lui-même s’est senti abandonné par son père, lorsque ce dernier, alcoolique, s’est suicidé au cours d’une crise de jalousie. Il est donc possible d’imaginer qu’il lui est difficile de s’identifier à un père et qu’il a besoin de lutter contre ses identifications féminines et maternelles. Ainsi se voudrait-il homme sans ambiguïté malgré la part qu’il prend dans l’élevage de sa fille qu’il transforme en bébé du sexe masculin. Cette hypothèse sera confirmée lorsque, au fur et à mesure de nos rencontres, ce jeune mari se plaindra de ce que je le délaisse pour m’intéresser à sa femme qui chercherait à me plaire et se comporterait comme elle croit que je le souhaite de la part de jeunes mères.

Les parents ont laissé Constance à ses grands-parents maternels pendant quelques jours pour aller faire du ski au cours du mois qui a précédé la consultation, période sensible à la séparation, comme on le sait. C’est à leur retour qu’elle a commencé à se taper la tête contre les murs.

C’est ce que fait Constance, assise sur le divan à côté de sa mère qui, avec toutes les qualités d’expression de son Midi natal, me déclare : « Constance et moi nous ne nous sommes jamais entendues. Quand elle est née, j’avais les seins remplis de lait et mes bouts de seins étaient, de ce fait, rentrés. » Cette explication est donc une métaphore naïve de ce que cette jeune femme appelle mésentente. On pourrait dire que dans son esprit elle a infligé à son bébé une injonction paradoxale : « J’ai plein de lait pour toi, mais tu n’en auras pas », à quoi elle aurait pu ajouter, comme une petite fille à l’école : « Tralala. » Les affects négatifs et contradictoires de haine et d’amour existaient donc chez la mère. Sa disparition, sans compter celle du père, a donc probablement donné un sens à ce que les psychanalystes appellent l’identification projec-tive, c’est-à-dire la haine déversée dans la représentation initiale de la mère. Même si cette version kleinienne et sophistiquée peut paraître difficile à admettre, contentons-nous de dire que l’enfant a pu concrétiser en cette occasion le sens des affects négatifs de la mère.

Comme je le fais toujours, pour un bébé de cet âge, je cherche alors à me faire une idée sur la manière dont la mère tient Constance et je la lui place dans les bras. Sur une table à côté, se trouve un pot en étain, muni d’un couvercle hémicylindrique, terminé par une pointe qui sert à le saisir. Je l’approche de l’enfant que la mère tient serrée contre sa poitrine. Constance le prend et le retient. La mère dit alors : « Tu ne vas pas me faire mal avec ça ! » Aussitôt, Constance lui tape sur la tête avec le couvercle et lui pince les seins avec l’autre main. Bien entendu, nous ne prétendons pas ici qu’il y a des liens directs entre ce que la mère dit et le comportement de Constance et encore moins que l’image d’un sein maternel, qui pourrait être suggérée par la forme de ce couvercle, a joué un rôle dans le comportement du bébé. On pourrait à la rigueur penser que la haine de la mère et la culpabilité de l’abandon qu’elle avait infligé à sa fille, et qui a renforcé celle-là, a pu trouver un sens dans le processus associatif qui lie le couvercle et son sein. Mais ce sont les modalités affectives accompagnant le langage qui ont probablement déterminé l’attaque de Constance.

Il s’agit là d’un exemple clinique qui montre, selon une hypothèse qui nous paraît raisonnable, la naissance de la communication dans le monde des affects qui commencent à prendre un sens.

La liaison entre les affects et le mot passe par la notion de signal. Nous devons à une communication encore inédite de J. Rabain-Jamin227 quelques données sur l’étude qu’elle est en train de poursuivre sur la valeur que prend chez la mère et pour le bébé l’utilisation de mots apparemment agressifs dans les soins et l’élevage. Il s’agit de mères qui utilisent un discours familier, surtout pendant la toilette : « mon petit cochon » est évidemment une gentille injure. Mais le bébé est souvent une « fripouille », etc.

On peut comprendre ces traditions comme l’expression de l’ambivalence maternelle et comme l’autorisation d’une régression anale, la saleté étant plus autorisée que la sexualité, lorsqu’il s’agit de nettoyer et, par conséquent, de caresser, de stimuler ou de faire mal aux organes génitaux. Dans certaines cultures familières à J. Rabain-Jamin, comme au Sénégal, ces apostrophes sont institutionnalisées et ont probablement une valeur propitiatoire.

De fait, si ce type de communication traduit un certain état d’esprit au minimum ambivalent chez la mère, l’affect qui passe est tout à fait contradictoire avec ce que le langage pourrait avoir de négatif. L. Kreisler et B. Cramer228 disent que l’interaction comporte des fantasmes parce que le corps du bébé peut et doit devenir le lieu de leur projection. Or, l’utilisation du langage familier et sa prosodie peuvent permettre le développement simultané d’un contenu agressif et d’affects positifs grâce au ton et au rythme qu’emploie la mère qui chantonne ; elle caricature le timbre et donne le signal habituel que procurent le contact maternel et les signaux qui le caractérisent. Les éléments multiples du dialogue affectif mettent donc à leur juste place des mots dont la représentation n’est valable que pour les adultes. Le ton du discours familier, scandé et répétitif, est plus important pour le bébé qui vit dans son espace familier où l’approche maternelle déclenche des affects positifs.

Du côté du bébé, les affects et les modes d’expression constituent bien vite aux yeux des parents un langage. Les rythmes et les moyens d’expression sont autant de modes d’actions et de communications : c’est le langage du bébé. On sait bien qu’avant le premier sourire social et significatif, la mère pense que son bébé la reconnaît et la gratifie d’un sourire qui lui est destiné. Sur le plan évolutif, on a vu que cette mimique est probablement renforcée par des anticipations maternelles et qu’elle est probablement préparée par des expériences émotionnelles, s’organisant en affects d’origine interne. Dans le même sens, le regard profond de l’enfant est aussi une parole. Son agitation heureuse ou inquiète quand on le déshabille est aussi un avertissement. Le cri et ses modalités d’appel ou de souffrance est un signe qui parle à la mère. Les manifestations sonores les plus diverses prennent un sens. Les rots du bébé sont, aux yeux de sa famille rassemblée, les témoignages de sa satisfaction. Les « a-re » qui s’échangent entre la mère et le bébé ont des sens variés et modulés.

A propos de tous ces modes d’expression de l’enfant, deux remarques doivent être faites :

a)    Les anticipations maternelles et les états affectifs qui les accompagnent déterminent sans nul doute la spécificité des réactions de l’enfant.

b)    Les échanges rythmés et jubilatoires, les prosodies maternelles jouent un rôle inducteur sur les rythmes expressifs du bébé.

Bref, ce dernier est conduit à agir, et à agir sur le monde pour s’exprimer et communiquer. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les travaux du linguiste J. Bruner (1980)229. Prenons l’exemple du développement de la préhension : dans les premiers jours de sa vie, un nouveau-né, solidement arrimé sur les genoux de sa mère, si on lui tient la tête en face d’un objet brillant, peut diriger très vaguement sa main dans sa direction : on pourrait dire, en s’identifiant à sa mère, qu’il a déjà envie de se saisir des choses qui l’entourent.

Dès la fin du premier trimestre, suivant des modalités qui ont bien été étudiées par P. Bresson (1982)230, l’enfant se dirige maladroitement vers des objets placés devant lui. S’approchant d’eux avec ses deux mains, il rate son but. Des travaux expérimentaux menés chez l’animal élevé en milieu obscur ou dans des conditions où ses yeux sont obturés, montrent également que ces sujets jeunes peuvent perdre leur vision ou la récupérer suivant les processus expérimentaux mis enjeu. Toujours est-il que cet ensemble évolutif se traduit chez le bébé humain par la conduite du « pointage ». L’enfant tend la main et semble désigner l’objet. Sa mère comprend que cet effort désigne une volonté que signifie bien la tension du corps tout entier. Puisqu’elle lui tend l’objet, l’enfant apprend à communiquer son désir de préhension par le pointage qui veut bien dire désormais : « Je veux. » Le bébé sait ensuite tenir l’objet : il affine ses gestes ; il ne racle plus la table avec les bords de sa main pour le saisir ; il est capable d’opposer le pouce et l’index. Vers 9 mois ou plus tard, il passe l’objet, le hochet par exemple, d’une main à l’autre. Puis il le prend et va le laisser tomber : Winnicott appelle curieusement ce moment celui du « sevrage » : cet auteur, avec son sens remarquable du raccourci métaphorique, veut sans doute signifier que l’enfant peut maintenant prendre et lâcher un objet, comme sa mère. Le hochet pris ou demandé, puis jeté ou lâché, est comme un biberon, un sein dont on use lorsqu’on en a besoin. L’objet lâché signifie que l’enfant est capable d’utiliser des valeurs ou des références symboliques.

Plus tard, cet accès au code symbolique permettra à l’enfant de l’utiliser dans des jeux fonctionnels, tels que celui du petit-fils de Freud avec sa bobine qu’il jetait pour qu’on la lui ramasse ou qui, un peu plus tard, la faisait disparaître et réapparaître grâce à la ficelle par laquelle il la tenait, comme s’il était capable, par ce jeu, de maîtriser les effets traumati-ques de la séparation d’avec sa mère (et aussi d’avec son père). J. de Ajuriaguerra231 a inspiré de remarquables travaux sur les éléments du dialogue tonique qui sous-tend ces premières communications et ces premiers échanges langagiers. Nous reviendrons plus loin en détail sur ce type de dialogue tonique et sur les effets interactifs du langage au cours de la première année de la vie. Mais cet ensemble est là pour nous rappeler que le monde des affects qui déterminent les expressions et la valeur de signal qu’elles acquièrent, les mimiques, les rythmes, les modifications subtiles du tonus est celui qui va organiser les représentations du bébé à travers les transactions multiples qui se développent. Cependant, avant d’étu-dier la clinique des interactions, il nous faudra nous tourner successivement du côté de la mère et du côté de l’enfant.


221 A. Green, Le Discours vivant, Paris, puf, 1973.

222    R. N. Emde, Towards a psychoanalytic Theory of Affect. I : The Organizational Model and its Propositions, II : Emerging Models of Emotional Development in Infancy, The course of Life : Psychoanalytic Contributions towards Understanding Personality Development, Vol. I : Infancy and Early Childhood, S. I. Greenspan et G. H. Pol-lock (Eds.), Adelphi, nimh, 1980.

223    Darwin, L'expression des émotions chez l’homme et l’animal, 1872.

224    C. Izard, The face of émotion, New York, Meredith, 1971.

225    P. Ekman et W. Freisen, Unmasking the face, Englewood Cliffs, NJ, Prentice Hall, 1975.

226    C. Brenner,« On the nature and development of affects unified theory », Psychoanalytic Qjtarterly, 1974, 43, 532-556.

227    J. Rabain-Jamin, Travail en cours, encore inédit.

228    L. Kreisler et C. Cramer, « Sur les bases cliniques de la psychiatrie du nourrisson », Psychiatrie Enfant, 1981, 14, 1, 223-263.

229    J. Bruner, Development of langUage in New Frontiers in Infant Psychiatry,

E. Galenson et J. Caix (Eds.), New York, Basic Books, 1982.

230    P. Bresson, « Développement moteur et organisation de l’espace » in Naissance du cerveau, Monaco, 4, 1982.

231 J. de Ajuriaguerra (Travaux divers effectués sous la direction de), dans la RCP 472 du CNRS. Les références concernant ces divers travaux seront indiquées dans le chapitre II de la Section II de la 3* partie de l’ouvrage.