16. L’adolescent et sa famille

I. – Le conflit entre parents et adolescents

Une des particularités de l’adolescent est d’être une personne qui réclame avec vigueur son autonomie et individualité, mais qui reste encore profondément dépendant du cadre familial de son enfance. La place des relations familiales, de la structure familiale, de la personnalité des parents, est très vite apparue comme l’un des facteurs déterminants de ce qu’on appelle la « crise de l’adolescent ». De nos jours, l’évaluation de l’environnement familial d’un adolescent en difficulté doit être incluse dans l’ensemble de l’approche clinique. La diffusion récente des thérapies familiales, qu’elles soient d’inspiration systémique ou psychanalytique, a montré que leur pertinence était particulièrement grande lorsqu’il y a un adolescent « malade » dans le groupe familial ; la maladie de cet adolescent est souvent en rapport avec des craintes ou des menaces (réelles ou fantasmatiques) pesant sur la cohésion de la famille, non seulement cohésion des parents, mais aussi de la fratrie et des grands-parents.

D’un point de vue simplement épidémiologique, les diverses enquêtes statistiques mettent en évidence l’incidence des situations familiales anormales (au sens de la norme sociale) sur la fréquence des troubles des conduites de l’adolescent. Ainsi Rutter et coll. (1961) notent que les difficultés psychologiques pendant l’adolescence sont associées à divers indices de pathologie familiale : divorce ou mésentente parentale chronique, maladie mentale parentale, instabilité des parents, etc. Qu’il s’agisse des tentatives de suicide (cf. p. 99), du groupe des toxicomanes (cf. p. 299) ou des conduites de type psychopathique (cf. p. 279), toutes les enquêtes citent la fréquence de ces distorsions. À titre d’exemple, Davidson relève dans la famille des adolescents suicidants un pourcentage anormalement élevé : 1) de séparation familiale ; 2) de suicide ou pathologie parentale diverse ;

3) d’alcoolisme parental ; 4) de situation de migrant (cf. p. 101).

Enfin les enquêtes « autoconfessées » faites chez les adolescents « à problème » montrent qu’il existe un taux d’insatisfaction très élevé à propos de leurs parents : ils les trouvent trop ou pas assez sévères, trop inaccessibles ou trop envahissants… Le taux d’insatisfaction est nettement plus élevé que dans la population d’adolescents dits « normaux ». Dans l’ensemble on peut dire que plus l’adolescent manifeste un comportement pathologique ou déviant, plus les relations entre cet adolescent et ses parents semblent insatisfaisantes, conflictuelles et médiocres.

Toutefois il faut bien reconnaître que la totalité des adolescents traversant ou non des difficultés établissent des relations plutôt conflictuelles avec leurs parents. On peut même dire que cette conflictualité fait partie du mouvement psychoaffectif de l’adolescent. A. Freud résume parfaitement ce point de vue : « j’admets qu’il est normal pour un adolescent d’avoir pendant très longtemps un comportement incohérent et imprévisible,… d’aimer ses parents, et de les haïr, de se révolter contre eux et de dépendre d’eux, d’être profondément honteux de sa mère devant d’autres, et de façon inattendue de désirer lui parler à cœur ouvert… Je pense qu’il faut lui laisser le temps et la liberté de trouver lui-même son chemin. Ce sont plutôt les parents qui ont besoin d’aide et de conseils pour le supporter ».

L’importance des relations familiales étant notée, on peut de façon en partie schématique distinguer trois types de position : 1) d’un côté certains auteurs comprennent les conflits relationnels entre parents et adolescents comme la conséquence du processus de l’adolescence, c’est en quelque sorte l’adolescent qui entre en conflit et s’oppose à ses parents ; 2) d’un autre côté des auteurs de plus en plus nombreux ont tendance à considérer que les conflits adolescents-parents témoignent, quand ils atteignent une certaine intensité, aussi bien de difficultés chez l’adolescent à assumer sa croissance et son autonomisation que de difficultés chez les parents à surmonter ce qui a été appelé la « crise du milieu de la vie » ou la « crise parentale » ; 3) d’autres enfin estiment que les conduites déviantes de l’adolescent résultent en grande partie des attitudes pathologiques parentales.

Ces trois points de vue ne sont certes pas incompatibles ; mais selon chaque adolescent et chaque famille, l’un d’eux paraît souvent plus pertinent. Nous les envisagerons successivement.

1° Le conflit avec les parents comme partie prenante de la « crise d’adolescence ». – « La réorganisation sur une nouvelle base des relations avec les géniteurs constitue un des événements marquant de l’adolescence » (J. Burstin. 1976). L’adolescent remet en cause la persona-lité de ses parents : cette remise en cause représente la manifestation clinique et comportementale de la réorganisation intrapyschique, en particulier du remodelage des images parentales. Ainsi pour Th. Lidz (1969) il est normal et naturel que l’adolescent et sa famille soient en conflit. Qui plus est pour cet auteur : « la violence de la révolte est souvent une mesure de la pression nécessaire pour vaincre les liens qui unissent l’adolescent aux parents plutôt que l’indice de son hostilité à leur égard ».

L’adolescent doit convaincre non seulement ses parents, mais aussi une partie de lui-même qu’il n’a plus besoin d’eux et que désormais lui-même et ses parents sont différents, que leur lien est différent de ce qu’il était étant enfant. Dans l’évolution de cette relation intervient les différents aspects du processus de l’adolescence : transformation corporelle pubertaire, accession à la maturité sexuelle, réveil du conflit œdipien et exacerbation des désirs-craintes des relations incestueuses, refus d’adhérer à l’image de l’enfant que proposaient jadis les parents, quête identificatoire à travers le groupe des pairs ou l’admiration d’un étranger…, etc. Toutefois comme le souligne Th. Lidz : « l’adolescent peut avoir besoin de déprécier ses parents, mais il ne souhaite pas les détruire comme modèle. L’estime qu’il a pour lui-même est étroitement liée à l’estime qu’il porte à ses parents. Il doit dépasser l’image des parents omniscients et parfaits qu’il avait dans son enfance ; mais il a toujours besoin d’un parent auquel il puisse s’identifier et qui lui servira de modèle pour sa vie d’adulte, et d’un autre parent dont il recherche l’affection et l’admiration ».

La majorité des parents sont au fait de ces revendications d’adolescents et modifient leurs attitudes et exigences en fonction de l’évolution de ces derniers. En quelque sorte ils accompagnent leur adolescent à travers sa crise. Ces conflits banaux entre parents et adolescents se caractérisent, comme le déclarait A. Freud dans la citation rapportée ci-dessus, par leur variabilité extrême, par le fait qu’ils sont souvent centrés de façon privilégiée sur l’un des parents et non les deux, par le maintien d’une relation souvent staifaisante dans un secteur particulier (un intérêt culturel, sportif, politique, etc., commun), par le localisation du conflit aux parents tout en épargnant les grands-parents et la fratrie. En effet, au plan familial l’adolescent doit affronter une alternative paradoxale : d’un côté il doit rompre avec ses parents pour découvrir son identification d’adulte, mais de l’autre il ne peut retrouver les fondements de son identité qu’à travers l’inscription dans le mythe familial. Le rôle maturant du conflit entre l’adolescent et ses parents s’explique par le respect de la barrière intergénérationnelle (avec la reconnaissance de la limite qu’elle implique) et par l’inscription de l’individu dans un mythe familial (sur quoi se fonde son narcissisme). Certains auteurs rendent compte de la place priviligiée qu’occupent les parents dans la vie mentale de l’adolescent en introduisant la notion d’« espace psychique élargi » (Ph. Jeammet).

En revanche dans certains cas l’opposition entre les deux parents et leur adolescent devient massive, totale, durable : elle diffuse alors à une opposition globale envers tous les adultes, toute la société, etc. Les interactions risquent de se régidifier, précipitant l’adolescent dans les conduites de plus en plus pathologiques.

2° Interaction entre crise parentale et problématique de l’adolescent.

— Dans cette seconde optique le conflit parent-adolescent n’est pas regardé simplement comme le résultat d’un processus de l’adolescence, mais comme le témoignage de difficultés tant chez les parents que chez les adolescents. Ainsi Prosen et coll. mettent en relation la crise du milieu de la vie chez les parents et la crise chez l’adolescent. Shapiro considère que les défaillances dans le processus d’autonomisation de l’adolescent sont à mettre sur le compte de défaillances similaires dans l’autonomie du moi des parents. Braconnier et Marcelli ont décrit une « crise parentale » se développant en miroir à celle de l’adolescent. Ladame évoque l’importance des projections parentales comme facteur de perturbation chez l’adolescent. Plusieurs hypothèses implicites ou explicites soustendent ces travaux :

1) d’une part la réalité externe occupe une place considérable dans l’équilibre psychoaffectif de l’adolescent. L’évaluation psychodynamique de ce dernier doit tenir compte du contexte environnemental, en particulier familial ; 2) d’autre part il peut se produire un renforcement pathogène entre crise parentale et crise de l’adolescent : l’une majore l’autre et vice versa, avec pour risque final d’ancrer plus ou moins fermement l’un des acteurs dans un rôle pathologique ; 3) enfin la conséquence thérapeutique est claire : dans une telle perspective, la nécessité d’un abord thérapeutique du groupe familial est évidente, même si les modalités en sont variables selon les auteurs : guidance parentale, psychothérapie de soutien ou d’inspiration analytique pour l’un des parents ou les deux, thérapie familiale selon un modèle analytique, thérapie systémique du groupe familial restreint (parent avec adolescent) ou élargi (parent + adolescent + fratrie + grand-parent…) (la thérapie familiale sera envisagée p. 446).

a) La crise du milieu de la vie est au centre des travaux d’auteurs qui reprennent les notions d’Erickson, pour qui l’ensemble de la vie se décrit comme un processus fait d’une série de stades ou d’étapes. Chaque stade représente une tâche psychique définie et se traduit par une crise particulière. Ce point de vue utilise la notion « d’épigenèse » : organisation progressive de l’individu qui est une construction dépendant à la fois du programme génétique et des matériaux et informations mis à sa disposition par l’environnement. Pour Erickson, « l’épigenèse » se poursuit toute la vie. La crise du milieu de la vie (« midlife crisis ») ou « crise de la maturité » (45-55 ans) survient en même temps que la crise des adolescents ce qui provoque parfois de profondes perturbations familiales, voire même des éclatements de la cellule familiale : cet éclatement est normal lorsqu’il s’agit du seul départ des adolescents hors du « toit familial » ; il peut aussi aboutir à un éclatement du couple parental. Pour Prosen et coll. cette crise du milieu de la vie se caractérise en particulier par la soudaine perception de la brièveté du temps et par la réévaluation des ambitions de l’individu qui sont la traduction de son idéal du moi. Selon Neugarten, au cours de la crise du milieu de la vie, la vie se réorganise en fonction du temps qui reste plutôt qu’en fonction du temps déjà écoulé. Non seulement il y a un renversement dans la direction, mais une conscience que le temps est limité. Sur le plan clinique, on peut dire que c’est l’âge du bilan, l’âge où la pensée et la réflexion deviennent des moyens de maîtrise prévalents, remplaçant l’action. Mais l’angoisse du temps qui passe, l’angoisse face à la crainte d’une baisse de la sexualité, le moindre intérêt éveillé par le partenaire sexuel habituel, lui aussi vieillissant, l’attrait suscité par la sexualité de l’adolescent, entraînent assez souvent des conduites déviantes : chez l’homme on constate l’apparition soudaine et imprévisible de conduites sexuelles tumultueuses, de recherches d’aventures. Chez la femme s’ajoute le problème de la disparition des règles pouvant susciter, soit le sentiment d’une sexualité amoindrie ou dévalorisée avec une identité féminine limitée, soit au contraire un sentiment de liberté, d’explosion des sentiments œdipiens avec une sorte de sexualité adolescente.

Ces parents vont se trouver face à leurs adolescents qui provoquent en eux des émois intenses, réveillant des pulsions œdipiennes, d’autant que la ressemblance de l’adolescent avec l’un de ses grands-parents, c’est-à-dire le propre père ou mère du parent peut être frappante. Parmi les motifs qui peuvent détourner le parent de son conjoint, Prosen cite : le fait d’avoir des enfants devenus adolescents et qui suscitent une excitation sexuelle, réveillant les pulsions incestueuses caractéristiques des conflits œdipiens ; le souvenir de la mère quand elle était jeune ; le sentiment subjectif de la brièveté du temps ; le besoin d’agir et de prendre des risques avant qu’il ne soit trop tard ; enfin le rappel du conflit œdipien à travers la jalousie du père à l’égard de sa fille ou de la mère à l’égard de son fils.

À cette crise centrée sur la réélaboration de la sexualité, s’ajoute fréquemment un mouvement dépressif dû aux multiples pertes, là encore réelles ou fantasmatiques que les parents subissent à cette période de leur vie. Parmi celles-ci, deux pertes sont particulièrement importantes ; il s’agit d’un côté des propres parents des parents (grand-parent de l’adolescent) et de l’autre des enfants des parents (les adolescents eux-mêmes). En effet les grands-parents sont souvent âgés, malades ou proches de la mort. Il n’est pas rare que leurs décès surviennent lorsque leurs petits enfants sont devenus adolescents. D’un autre côté l’adolescent va quitter ses parents. Nous reverrons ce point.

Parents et adolescents se trouvent ainsi confrontés à une crise où sont remis en question les fondements de l’identité de chacun, les modes de résolution du conflit œdipien, le choix d’objet sexuel antérieur. Cette crise, nous l’avons nous-mêmes décrite dans des travaux antérieurs (1979, 1980) la nommant « crise parentale » et nous en avons dégagé les principaux points conflictuels qui correspondent aux grandes lignes de la crise de l’adolescent.

b) La crise parentale. – Les parents sont confrontés brusquement à toute une série de tâches. Ils doivent passer progressivement d’une relation enfant-parent à une relation adulte-adulte, même si celle-ci reste toujours marquée d’un lien de filiation. Un réaménagement relationnel considérable doit donc être effectué. Le père ou le mère devra renoncer à la projection sur son enfant d’une partie de ses propres désirs infantiles, renoncer aussi à la satisfaction de la « toute puissance parentale » qui provient en partie de l’idéalisation nécessaire que l’enfant faisait de ses parents. En même temps, ils se trouvent brutalement confrontés à l’explosion pulsionnelle de leur adolescent(e), ce qui peut réveiller en eux une problématique œdipienne incomplètement résolue : les interdits sont d’autant plus nombreux et vigoureux que les fantasmes incestueux sont plus proches, et que la sexualité de leur enfant est maintenant arrivée à maturité. Cette explosion pulsionnelle, les défenses dont se sert l’adolescent, tout cela peut rappeler à l’adulte sa propre adolescence, et susciter chez lui une augmentation d’angoisse et un renforcement de ses propres défenses, s’il ne peut tolérer la remémoration à laquelle il est nécessairement confronté. Il sera ainsi incapable de l’identification empathique qui permet au parent dont l’aménagement pulsionnel est moins conflictuel d’accompagner l’adolescent dans sa crise. Plusieurs lignes psychodynamiques peuvent être décrites.

— L’inceste possible. L’un des parents prend parfois très brutalement conscience de la maturité sexuelle de son enfant. Aussi longtemps que l’immaturité physiologique se maintient, les désirs incestueux d’un parent à l’égard de son enfant peuvent être facilement déplacés et parvenir de ce fait à sa conscience ; jeu de caresses, câlineries diverses sont possibles et non angoissantes, dans la mesure où l’un des partenaires est, de par sa physiologie, immature. C’est tout autre chose à l’adolescence. De nombreux interdits parentaux à l’égard de leur adolescent et tout particulièrement en ce qui concerne la sexualité, traduisent un déplacement des propres interdits œdipiens des parents. D’autres parents projettent sur leur adolescent leurs propres désirs œdipiens, se sentent provoqués et ont tendance à sexualiser toutes les conduites de l’adolescent.

Au niveau du couple mère-adolescent, nous voyons également un déplacement d’un désir incestueux maintenant possible dans les crises de colère ou les crises élastiques si fréquentes chez l’adolescent à cette phase. Il s’agit souvent de mères très proches de leur enfant, ayant avec eux une relation qui se caractérise par une grande proximité corporelle, dont l’aspect équivoque n’est pas perçu tant que l’enfant est sexuellement immature. En revanche, lorsque émergent les désirs sexuels réalisables, désirs que l’adolescent exprime de façon agressive, mais peu voilés, ces mères sont

effrayées, angoissées de leurs propres désirs incestueux, et réagissent par la froideur, le retrait d’affection, ou en favorisant chez leur enfant une régression enfantine protectrice. Là aussi l’émergence pulsionnelle devient encore plus effrayante pour l’adolescent qui voit non seulement son monde interne se modifier, mais aussi ses objets d’amour habituels transformés. Il n’est certainement pas facile pour une mère de percevoir dans le regard de son adolescent un désir sexuel, sans en être effrayée ou affectée : il lui faut pour cela une grande sécurité interne.

Les fantasmes d’inceste sont bien sûr crûment explicités par la mère dans le cas de relation très pathologique, telle que la relation symbiotique d’une mère avec son adolescent psychotique, mais on les retrouve aussi chez des mères d’adolescents en crise, surtout lorsque la crise prend cette forme de colères élastiques. Très souvent, celles-ci ont lieu en présence de la mère ou d’un substitut.

— Le désir de maîtrise. Il est évidemment ravivé par la rupture de l’équilibre établi : la fuite de l’adolescent du milieu familial, l’agressivité sous-jacente qui imprègne les nouvelles relations qui s’établissent entre l’adolescent et ses parents, la remise en cause par l’adolescent de la maîtrise des parents sur ses conduites, et parfois même ses affects. Ce désir de maîtrise est d’autant plus vif chez l’adulte qu’il est également la conséquence d’une résistance au changement que le mode de vie des adultes favorise, et qui s’accentue à mesure que l’âge va croissant.

Si l’interdiction de sortie de tel ou tel adolescent au-delà d’une certaine heure est justifiée par une crainte consciente, elle est souvent sous-tendue par ce désir de maîtrise qui peut être la source d’attitude réactionnelle, comme l’enfermement d’un adolescent dans sa chambre pour qu’il ne sorte pas.

Le désir de maîtrise peut se situer soit au niveau d’une maîtrise anale, c’est ce que l’on rencontre souvent dans les relations du père avec son adolescent, et qui se traduit par une tentative de contrôle plus ou moins omnipotente de la vie sociale, relationnelle, intellectuelle de ce dernier, soit à un niveau plus archaïque : maintien de la diade mère-enfant, ce que l’on rencontre évidemment plus souvent dans la relation de la mère avec son adolescent. Une illustration en est donnée par le constat fréquent des préoccupations portant sur les soins corporels et l’alimentation de l’adolescent chez des mères qui semblent retrouver là leur fonction maternante initiale.

— Le travail de deuil. Les parents doivent également accomplir un travail de deuil en retour de celui de leurs adolescents. Des projets ont souvent été élaborés en commun (parents-enfants). Ces projets sont remis en cause par l’adolescent, et les parents doivent eux aussi les moduler. La projection de l’idéal du Moi des parents sur leurs fils ou leur fille était un facteur constitutif de ces projets : cette remise en cause se traduit souvent par une orientation scolaire ou professionnelle qui n’est plus partagée par l’adolescent. Les parents seront donc contraints de renoncer, du moins en partie, à cet idéal projeté sur leur enfant, et dont celui-ci cherche à se dégager. Ainsi, l’adolescent lui-même se met à chercher en dehors des parents ses plaisirs, ses confidents, ses conseils et ses idéaux. Les difficultés d’élaboration de ce travail peuvent se manifester chez les parents sous la forme de critiques, de craintes ou d’agressivité vis-à-vis des autres images identificatoires de l’adolescent (copain ou copine, groupe, mouvement à activité idéologique).

C’est en quelque sorte à un double désengagement que parents et adolescents sont confrontés : d’une part les parents doivent moduler en fonction de la réalité leur idéal du Moi projeté sur l’adolescent, en même temps que celui-ci fait le deuil de cette idéalisation infantile dont il était porteur, d’autre part, l’adolescent doit remanier la toute puissance et l’idéalisation protectrice dont il paraît ses parents en même temps que ces derniers doivent accepter de ne plus être l’objet privilégié du choix de leur enfant.

Ce travail de deuil porte également sur la maturité génitale dont les parents n’ont plus le privilège, et sur l’image de leur corps par rapport à celui de l’adolescence que nous avons décrit plus haut.

Ce deuil porte enfin sur les propres identifications des parents en tant que parents, c’est-à-dire des difficultés, mais aussi des joies qu’ils ont vécues dans cette situation de « géniteur », de créateur, d’éducateur, de confident ou de recours. Toute une partie de leur investissement est appelée à disparaître. Une situation concrète objective clairement cet aspect : il s’agit de celle des mères de famille, qui se trouvent confrontées concrètement lors de l’adolescence de leurs enfants, à un « chômage » au moins partiel. Plusieurs études ont montré que certaines mères pouvaient alors supporter difficilement ce changement, et être l’élément prévalent dans les difficultés que rencontraient chacun à cette période.

— La remémoration par les parents de leur adolescence. Derniers éléments enfin, les parents sont confrontés à leur propre adolescence. Il est habituel de dire que l’adulte oublie facilement son adolescence, ou comme le montrent les psychanalyses d’adulte, qu’il se remémore peu les scènes chargées d’affects ou de conflits de cette période. Face à leur(s) adolescents), les parents vont être confrontés à cette levée de refoulement de leur propre adolescence. Cette possibilité de lever ce refoulement se sent particulièrement dans les foyers dont les parents vont mal supporter le remaniement de l’équilibre pulsion-défense de leur fils ou de leur fille. Ce retour du refoulé remet en jeu la force d’investissement et de contre-investissement que ces parents ont développé, variable selon le mode de sortie de leur propre adolescence, qui peut par exemple réveiller en eux une problématique œdipienne incomplètement résolue. Certains parents auront des difficultés à affronter la reviviscence de certaines forces pulsionnelles, sexuelles ou agressives, qu’ils ont d’une façon ou d’une autre refoulées, contrôlées, ou sublimées au prix d’une dépense psychique énergétique et d’une certaine souffrance dont ils connaissent le prix.

Cette levée du refoulement pourra aboutir chez certains parents à une crispation et un renforcement de leur position antérieure : le conflit ira alors en s’accentuant et pourra prendre l’aspect dramatique rencontré en consultation clinique ; à l’opposé, d’autres parents tolèrent la levée de ce refoulement qui se manifeste par une identification empathique à leur adolescent. Dans certains cas une ressemblance physique de l’adolescent avec l’un de ses grands-parents, tantes ou oncles, peut favoriser la levée de ce refoulement ; l’un des parents retrouve ainsi les affects qu’il avait pu éprouver à l’égard d’un de ses propres parents, frères ou sœurs. Cette identification transitoire peut conduire l’adulte soit à un renforcement de ses défenses (en particulier les traits caractériels), soit à une recherche de satisfaction substitutive (par exemple recherche d’une aventure amoureuse avec un jeune adulte ayant sensiblement le même âge que l’adolescent). On rejoint ici ce qui a été dit à propos de la crise du milieu de la vie.

3° Interactions pathologiques parents-adolescents. – Pour certains auteurs, les troubles de l’adolescent doivent être mis sur le compte des interactions pathologiques du groupe familial lui-même, surtout dans les cas de troubles graves de la personnalité. Ceci s’observe entre autre avec les adolescents dits limites ou qui souffrent de troubles narcissiques de la personnalité (voir chap. 11, p. 267). Les travaux portant sur ce domaine se situent pratiquement tous dans le courant théorique de la psychanalyse génétique (cf. p. 28). Il s’agit dans tous les cas de familles fragiles, ne supportant pas les efforts de séparation-individuation de l’adolescent. La famille est depuis longtemps organisée autour de « croyances fondamentales » ou « présupposés de base » 9, faisant d’elle un groupe uni et défensif. Le concept de « présupposés de base » 9 est issu des travaux de Bion sur les petits groupes : la fonction de ces « présupposés de base » est de préserver la cohérence et l’unité du groupe mais en estompant fréquemment les limites interindividuelles et les barrières intergénérationnelles. Lorsque cette unité vient à être menacée, on observe une régression dans le fonctionnement de chacun des membres du groupe avec un recours aux processus défensifs archaïques (clivage, déni, projection) et un renforcement de l’adhésion à ces « présupposés de base ». Il est évident que si un groupe familial fonctionne sur ce modèle, l’adolescent devient une menace à travers ses désirs de vie autonome, ses remises en cause des systèmes d’idéaux parentaux, ses choix d’objets nouveaux. Ces mouvements normaux de l’adolescent sont perçus par le groupe familial comme un danger, chaque membre y réagissant par un recours aux mécanismes de défenses archaïques déjà cités. Ces mécanismes ont, à la fois pour fonction et pour conséquence, d’estomper les limites interindividuelles, rendant confuse l’individualité, et par conséquent l’identité de chacun. Ainsi pour Shapiro (1969) l’échec dans le développement de l’autonomie relative du moi de l’adolescent est à mettre sur le compte d’une défaillance du moi des parents, qui eux-mêmes présentent ce qu’Erickson appelle une « identité diffuse ». Dans ces familles, les parents réagissent à toute tentative d’indépendance de l’adolescent en jugeant ce dernier dépendant, incapable, incompétent, sans discernement. Mais eux-mêmes émettent souvent des jugements qui apparaissent vite comme stéréotypés, influencés par l’environnement (par exemple les grands-parents), et parfois même franchement irréalistes ; en tout état de cause ces opinions révèlent une personnalité aux contours incertains avec un moi faible et dépendant.

Le concept de délimitation sert d’intermédiaire entre les notions d’identité, de relation d’objet et de comportement agi. La délimitation est selon Shapiro « l’ensemble des conduites par lesquelles un membre de la famille exprime de façon explicite ou implicite, ses perceptions et ses attitudes – en réalité sa représentation mentale d’un autre membre de la famille – à cette autre personne ». Ces délimitations peuvent reposer essentiellement sur les caractéristiques réelles de la personne, mais elles peuvent aussi reposer sur des préjugés issus des conflits et des défenses de celui qui émet cette opinion. Dans ce dernier cas, il s’agit de délimitation défensive. Pour Shapiro, « le mécanisme principal qui sous-tend les délimitations défensives est l’identification projective ». Le rôle dangereux des projections parentales sur l’adolescent est reconnu par tous les auteurs, surtout lorsque la projection devient le mode relationnel privilégié. C’est en effet ce qu’on observe chez nombre d’adolescents suicidaires (cf. p. 108) ou qui présentent des effondrements psychotiques (cf. p. 262) ou chez des adolescents « limites » (cf. p. 275).

Ladame précise ainsi : « ce que nous avons pu observer de manière répétitive dans les familles de nos adolescents perturbés c’est l’extrême importance de l’identification projective et son utilisation par les parents (souligné par Ladame) des adolescents. Tant que ce mécanisme reste à l’œuvre de manière prépondérante et que les besoins défensifs des parents sont particulièrement intenses, les possibilités d’une authentique séparation-individuation de l’adolescent sont bloquées ». Ces identifications projectives rendent confuses les limites de soi de l’adolescent. Elles s’associent à d’autres types de défenses : clivage (avec le risque d’une pathologie limite dominée par le manichéisme bon-mauvais), idéalisation (avec le risque d’une pathologie narcissique dominée par un soi grandiose). Ces mécanismes archaïques sont mis au service du renforcement des « présupposés de base », croyances qui alimentent le mythe familial. À travers ces croyances et ce mythe, se révèlent fréquemment les fonctions particulières occupées par les personnes et les images grands-parentales, les parents de l’adolescent ayant souvent établi et subi avec leurs propres parents des relations similaires. Dans ces familles fragiles où les mouvements de séparation-individuation de l’adolescent sont ressentis comme une menace, Stierlin décrit trois modes principaux de transaction pathologique : 1) ienchaînement où la séparation est impossible car la sécurité de base et les satisfactions fondamentales ne peuvent être obtenues que dans la famille. Cet enchaînement peut être aussi bien affectif (n’investir de libido que les seuls membres de la famille) que cognitif (penser uniquement comme la famille, sans pensée autonome) ; 2) la délégation où l’adolescent est projectivement chargé par l’un ou les parents de jouer un rôle ou d’exécuter une tâche à l’extérieur de la famille ; 3) T expulsion lorsque celle-ci est jugée nécessaire pour la résolution de la crise parentale : tentative de suicide, fugue ou voyage pathologique en sont les illustrations les plus caricaturales. Il faut noter que ces transactions pathologiques peuvent ne concerner qu’un seul enfant de la fratrie ; en effet les projections parentales se concentrent parfois sur un seul adolescent en raison d’une ressemblance physique, de circonstances de naissance, d’une nomination (prénom ou surnom « hérité » de tel ou tel ancêtre) particulières. Les autres enfants et adolescents ont pu quitter le foyer familial sans trop de difficulté, mais ce départ renforce le système projectif visant celui qui reste. Cette dernière remarque souligne l’importance de la fratrie et l’intérêt d’évaluer son rôle dans l’abord thérapeutique.

Les conduites pathologiques parentales, en particulier les défenses par identification projective, entravent les possibilités évolutives et maturatives de l’adolescent ; ce dernier répond par des conduites déviantes (toxicomanie, tentatives de suicide, épisodes délirants, anorexie mentale…) qui représentent autant de tentatives de compromis entre le besoin d’autonomie et l’impérieuse nécessité de préserver l’unité familiale et les « présupposés de base ». Le lecteur trouvera dans les divers chapitres consacrés à ces conduites pathologiques les quelques traits spécifiques de l’organisation familiale en fonction du symptôme. Toutefois on peut dire qu’il existe peu de travaux ayant cherché à dégager des modèles d’interactions familiales spécifiques selon tel ou tel type de conduite symptomatique.

En ce qui concerne l’approche thérapeutique familiale proprement dite, la question est traitée dans la cinquième partie de cet ouvrage (cf. p. 446).

II. – Situations particulières

A. – L’adolescent adopté et sa famille

L’adolescence d’un enfant adopté représente souvent une période difficile où les conflits naturels à cet âge sont accrus par la situation d’adoption. De façon un peu provocatrice on pourrait dire que l’adoption fonctionne comme un « amplificateur fantasmatique ». Avant de s’engager dans ce chapitre, il ne faut pas oublier qu’Œdipe fut un enfant adopté, ce qui, tout en étant fils de roi, n’a pas été sans lui créer quelques soucis…

Sur un plan épidémiologique, les divers travaux constatent que les adoptés (enfant ou adolescent) consultent pour des difficultés psychoaffectives de tous ordres en moyenne 2 à 5 fois plus que leurs pairs non adoptés. À l’adolescence, pour certains auteurs les symptômes allégués n’ont pas de particularité, tandis que pour d’autres on rencontrerait plus fréquemment une pathologie centrée sur le passage à l’acte, qu’il s’agisse d’acte agressif ou de conduites sexuelles déviantes. De même le rôle joué par l’adoption est diversement apprécié, certains considérant qu’il s’agit du facteur causal essentiel, d’autres n’y voyant qu’un facteur de risque pouvant révéler une pathologie préexistante, soit chez l’adopté, soit chez l’adoptant. (En ce qui concerne l’adoption de l’enfant, le choix des couples adoptants, les difficultés dans l’enfance, le lecteur peut se reporter au chapitre : Abandon Adoption, In : Abrégé de Psychopathologie de l’enfant, p. 395-400.)

À l’adolescence proprement dite, certaines difficultés apparaissent même chez des adoptés qui, depuis longtemps connaissent leur situation, qui ont été adoptés à un jeune âge et qui jusque-là n’avaient pas de difficultés notables. Ainsi dans une enquête portant sur 52 adoptés adultes (population recrutée par l’intermédiaire de médecins généralistes, et non par une consultation spécialisée), Mc. Whinnie constate que 21 d’entre eux vont bien ou assez bien, 10 ont quelques problèmes d’adaptation dans un domaine particulier, et 21 reconnaissent avoir eu des difficultés dans leurs vie. Mais, 37 d’entre eux (soit 71 % des cas) déclarent que l’adoption leur a posé des difficultés à l’adolescence. Ces difficultés ne s’extériorisent pas toujours par des troubles des conduites, mais peuvent rendre plus malaisé, douloureux et inachevé le processus de l’adolescence. De nos jours les adolescents adoptés connaissent depuis longtemps leur situation car la majorité des psychiatres, psychologues et travailleurs sociaux conseillent aux adoptants d’en parler à l’enfant dès son plus jeune âge. Les difficultés siègent à trois niveaux : 1) le problème central de l’identité-identification ;

2) les relations avec les adoptants ; 3) les difficultés et craintes des adoptants face à l’adopté devenu adolescent.

1° Identité et identification chez l’adolescent adopté. – À l’adolescence l’adopté doit intégrer dans son identité une double généalogie, d’un côté celle des adoptants, de l’autre celle des parents géniteurs. Comme le signale J. Mackie « pour l’adolescent adopté il y a un risque réel de crise avec une confusion de l’identité et l’établissement d’une identité négative ». Cliniquement c’est à l’adolescence que l’adopté se pose le plus de questions sur ses parents géniteurs : il désire recueillir des informations, connaître leurs âges, leurs métiers. Souvent les adoptés adolescents expriment leur souhait de voir leurs parents géniteurs, mais sans se faire connaître d’eux. Toutefois ces désirs restent le plus fréquemment dans le domaine de la vélléité. Dans les quelques cas où l’adolescent rencontre ses parents géniteurs, il exprime habituellement le sentiment d’être confronté à des étrangers. Seuls les adoptés ayant des difficultés notables avec leurs adoptants expriment l’idée que les parents géniteurs les auraient mieux compris.

Au plan de l’identification, l’absence totale d’information sur les géniteurs est source d’une intense anxiété. Parmi les informations recherchées avec avidité, les conditions de l’abandon occupent une place importante. Pour l’adolescent adopté, savoir qu’il a été un bébé ou un enfant non aimé, rejeté, constitue une évidente atteinte à son narcissisme de base et à son identité fondamentale. Triseliotis (cité par A. Mackie) estime que les adoptés ont envie d’apprendre que leurs parents géniteurs les ont désirés et qu’ils n’ont pas été rejetés sans amour. En quelque sorte l’adopté souhaite que ce soient uniquement les conditions matérielles extérieures aux échanges affectifs qui furent la cause prévalente de l’abandon.

Lorsque prédomine le sentiment du rejet par les parents géniteurs, le sentiment d’avoir été un « mauvais » bébé, un « produit non aimable », l’adolescent adopté peut alors développer une « identité négative », s’identifiant à cette mauvaise partie supposée de lui-même. Des conduites cahotiques, parfois ouvertement provocatrices, des conduites délinquantes ont pour objet de se faire désigner comme « mauvais », reproduisant en quelques sorte l’abandon initial et cherchant à tester le lien avec les adoptants. Dans certains cas, les craintes fantasmatiques des adoptants, qui eux-mêmes identifient l’adolescent à ses géniteurs, renforcent ce système d’interaction pathologique. À titre d’exemple, certaines mères adoptives craignent que l’adolescente ait une vie sexuelle aussi dissolue que ce qu’elles connaissent ou supposent de la vie sexuelle de la mère génitrice : les demandes d’autonomie de l’adolescente, son premier flirt, sa première passion amoureuse, risquent alors d’apparaître comme une confirmation de ces craintes.

Du côté de la famille adoptante, il peut être difficile pour l’adolescent de se reconnaître à travers la généalogie familiale et les mythes familiaux qui l’organisent. L’intégration de ces deux lignées familiales particulières peut aboutir à ce que Sands appelle « une incertitude généalogique ».

2° Les relations de l’adolescent avec ses parents adoptants.

Contrebalançant en partie le sentiment d’avoir été rejeté par ses parents géniteurs, l’enfant puis l’adolescent exprime parfois le sentiment d’avoir été choisi par ses parents adoptants, sélectionné parmi d’autres enfants. Il n’est pas rare que ces derniers disent à leur enfant adopté qu’ils l’ont choisi pour une raison particulière, qu’ils l’ont d’une certaine façon « élu ». Ceci peut compenser en partie la blessure narcissique précédente, mais risque d’introduire l’adolescent adopté dans une autre ligne conflictuelle : il se trouve partagé entre d’un côté des parents géniteurs mauvais, rejetants, et de l’autre, des parents adoptants, bons, accueillants. Le risque d’un clivage entre des images parentales totalement bonnes d’une part, totalement mauvaises d’autre part est évident : sur ce clivage des images parentales se fondera ensuite le clivage d’image de soi bonne d’un côté, mauvaise de l’autre. Ainsi M. Whinnie constate que les adoptés développent souvent à l’égard de leurs parents adoptants des attitudes très contrastées, passant d’une dévotion excessive envers eux à des reproches vifs. Quand il n’y a pas eu de difficultés notables dans l’enfance et l’adolescence cet auteur note que les adoptés conservent une dévotion extrême et une grande sollicitude à l’égard des adoptants. À travers cette dévotion et cette sollicitude on peut présumer les effets d’une idéalisation de ces parents adoptants, idéalisation qui repose sur des images totalement bonnes, non modulées. Quand existent des difficultés d’adaptation, le brusque passage d’une attitude de dévotion soumise à des reproches et une vive agressivité illustrent aussi le clivage.

3° Difficultés et craintes des adoptants face à l’adolescent adopté.

Mackie reprend le concept de « crise parentale » qui selon elle est amplifiée chez les parents adoptants. Là encore le manque d’information sur les parents géniteurs ou quelques bribes d’informations, souvent négatives, peuvent nourrir chez les adoptants des craintes fantasmatiques concernant l’adolescent, en particulier des craintes sur une éventuelle hérédité pathogène. De ce point de vue la sexualité de l’adolescent adopté semble être le catalyseur de telles fantaisies.

Dans le cas de l’adoption la relation incestueuse est d’autant plus le sujet de crainte-désir que le tabou de la généalogie par le sang est levé. Mais d’autres axes conflictuels se trouvent réactualisés face à la sexualité de l’adolescent adopté, en particulier le problème de la stérilité du couple : le couple avait dû surmonter le traumatisme de la perte du désir d’être des parents géniteurs et le partenaire stérile avait dû surmonter l’atteinte de son image du corps. La sexualité naissante de l’adolescent réveille parfois ces traumatismes d’autant plus vigoureusement que le couple adoptant avait trouvé une compensation, d’une part dans le fait d’avoir, lui aussi, été choisi par une équipe psychologique et reconnu comme « bon parent », et d’autre part dans l’élevage de l’enfant. Le nécessaire conflit entre adolescent adopté et ses parents adoptifs, peut remettre en cause leur image de « bons parents », ramener au premier plan leur stérilité et constituer une perte d’autant plus importante.

Ceci expliquerait pour certains auteurs la fréquence des conduites déviantes centrées en particulier sur le lien entre l’adopté et les adoptants : ainsi les cas de fugues ou au contraire de phobies scolaires avec refus de sortir, semblent assez fréquents. Les questions de l’adolescent sur ses parents géniteurs sont parfois ressenties comme autant de désaveux par les parents adoptants, ce qui renforce encore la possible spirale d’une identification négative chez l’adolescent.

B. – L’adolescent de parents séparés

Le divorce est un fait de société dont la fréquence augmente régulièrement. En France on estime actuellement qu’il y a un divorce prononcé pour 4 à 5 mariages célébrés. Aux Etats-Unis, pour les années 1977-78-79, il y eut exactement un divorce prononcé pour deux mariages célébrés. Les conséquences d’un divorce parental sur l’équilibre psychoaffectif de l’adolescent sont difficiles à évaluer en raison de la multiplicité des facteurs intervenants. Tous les divorces parentaux sont loin de susciter des difficultés psychologiques transitoires ou durables chez les adolescents, mais dans tous les cas une période de souffrance psychique rend plus vulnérable le processus de l’adolescence.

Parmi les facteurs qu’il faudrait prendre en considération on peut relever : l’âge de l’adolescent, le stade de développement auquel il est parvenu, le sexe, la qualité du maternage précoce, la capacité des parents à maintenir l’adolescent à l’abri du conflit parental ou au contraire à l’y faire participer. Trois facteurs paraissent importants : 1) la qualité de la relation conjugale avant le divorce c’est-à-dire l’importance de la mésentente et la mesure dans laquelle cette mésentente a pu altérer le système de relation et d’interaction familial ; 2) la personnalité des parents ; 3) enfin le moment du divorce par rapport à l’adolescence permet de distinguer d’un côté des divorces anciens survenus lorsque le/les enfant(s) du couple était(ent) jeune(s), et les divorces au moment de l’adolescence. Ceux-ci sont plus fréquents qu’on pourrait l’imaginer à priori, car certains couples en situation de mésentente chronique, attendent que leurs enfants soient, selon eux, suffisamment « grands » pour divorcer, et parce que la crise du milieu de la vie (cf. p. 346) peut bouleverser l’équilibre conjugal obtenu jusque là. Lorsque le divorce est ancien, la problématique de l’identification et le conflit relationnel avec le parent qui a la garde sont au premier plan chez l’adolescent. Dans le cas de divorce parental lors de l’adolescence, c’est à une « immixion dans le développement » selon les termes de H. Nagera, ou à une situation traumatique supplémentaire que l’adolescent se trouve confronté, situation qui peut accélérer, bloquer ou dévier le « travail psychique de l’adolescent ».

Les conduites symptomatiques survenant chez des adolescents de parents séparés n’ont rien de spécifiques. On peut toutefois relever la fréquence des manifestations dépressives et des conduites agies. Schwartzberg (1980) observe sur 31 adolescents où le divorce parental date de 4 mois à 16 ans : 11 cas de dépression sévère ou modérée (la symptomatologie rattachée à la dépression étant assez large : tristesse, oscillation d’humeur, mais aussi difficulté de concentration, fatiguabilité, isolement, échec scolaire, anorexie, insomnie), 7 patients « limites », 10 patients présentant des troubles du caractère (dominés par le passage à l’acte : fugue, école buissonnière, vol, drogue, troubles sexuels) et 1 cas de schizophrénie. Quand la pathologie est grave (adolescents « limites » ou psychotiques) les troubles préexistaient au divorce. Schwartzberg note la fréquence chez les filles des grossesses précoces et des avortements ainsi que l’établissement privilégié d’un lien affectif avec un ami beaucoup plus âgé. Selon cet auteur la pathologie peut se répartir en trois groupes ; 1) les adolescents où s’observe une exacerbation d’une pathologie préexistante ; 2) ceux qui présentent une régression temporaire (marquée par l’existence d’un épisode dépressif transitoire) ; 3) ceux qui répondent par une tentative de maîtrise prématurée de leur situation (caractérisée par des troubles comportementaux : fugue, sexualité cahotique, épisode toxicomaniaque).

1° Hypothèses psychopathologiques. – Il convient de distinguer les adolescents dont les parents sont séparés depuis longtemps et ceux dont les parents se séparent au moment de l’adolescence.

a) Séparation parentale ancienne. – Il paraît évident que l’existence et la nature des difficultés dépendront d’un grand nombre de variables parmi lesquelles la qualité des relations entre les parents après la séparation et le maintien d’une relation entre l’adolescent et ses deux parents sont les facteurs prépondérants. Quand le conflit entre les parents s’est apaisé après la séparation et que l’enfant a pu maintenir des relations régulières avec ses deux parents, il ne semble pas que cette situation soit source de conflit supplémentaire. À l’opposé même, le conflit avec les parents peut être moins intense, le travail de désidéalisation parentale moins aigu du fait que l’enfant a déjà acquis une relative distanciation par rapport aux figures parentales (voir le problème de l’hypermaturité : Abrégé de Psychopathologie de l’Enfant, p. 392). Les conditions matérielles facilitent parfois les réaménagements avec la possibilité de changer la garde parentale ou simplement changer de lieu de vie. Toutefois on peut noter que le conflit se centre fréquemment sur l’un des beaux-parents quand les parents se sont remariés : refus de lui parler, refus de recevoir quelqu’ordre ou conseil que ce soit de la part d’un « étranger », aménagement de la vie domestique afin de ne pas le rencontrer… Ce beau-parent devient la cible naturelle du conflit de génération ce qui a parfois pour effet paradoxal de préserver l’estime à l’égard des parents.

Quand les relations parentales après la séparation ont été médiocres ou surtout quand l’un des parents a disparu, l’adolescent est confronté à deux types de problématiques : d’une part il risque de rencontrer des difficultés notables d’identification du fait de l’inexistence d’une de ses lignées parentales ; d’autre part la séparation d’avec le parent restant peut être rendue plus difficile si l’adolescent a le sentiment (justifié ou non) de la fragilité dépressive de celui-ci. Ces faits s’observent le plus souvent quand la mère reste seule avec l’enfant, surtout s’il s’agit d’un enfant unique et que le père a complètement disparu. Il est rare dans ces circonstances que des liens se maintiennent avec la famille paternelle (grands parents, tante ou oncle paternel). L’adolescent ne connaît l’absent qu’à travers de brèves évocations, le plus souvent d’ailleurs sur les éléments les plus négatifs de sa personnalité. Le danger d’une « identification négative » est extrêmement grand, identification qui cherche à s’accorder aux rares faits connus ou aux fantaisies que l’enfant a élaborés. Cette élaboration provient soit des paroles de la mère, soit même de ses attitudes ou positions affectives simplement déclenchées par l’évocation du père disparu. Les vélléités d’indépendance de l’adolescent, ses inévitables conduites provocatrices représentent alors aux yeux de la mère le surgissement soudain de l’image de l’ex-conjoint, renforcent les craintes d’une « hérédité » ou d’une ressemblance : un cercle vicieux est ainsi créé où l’adolescent se trouve chaque fois confirmé à travers ses conduites les plus pathologiques dans l’identité qu’il recherche. L’autre axe de difficulté réside dans un lien étroit à un seul parent ressenti comme dépressif, ou au contraire trop idéalisé, mais en tout état de cause dont il n’est pas possible de se séparer. Le processus de séparation-individuation se trouve entravé par le culpabilité ressentie car l’adolescent éprouve ce besoin d’autonomie comme un comportement directement agressif à l’égard de son parent, le plus souvent sa mère. La dépression clinique manifeste risque alors d’être le compromis qui bloque le processus de l’adolescence et donne à la mère et à son enfant les bénéfices secondaires recherchés : l’un continue à se dévouer aux soins de Tenfant-adolescent, l’autre soutient par cette dépression même l’équilibre affectif et thymique du parent.

b) Séparation parentale concomitante à l’adolescence. – Une telle éventualité crée ce que Nagera a appelé une « immixion dans le développement ». Ces immixions ont des conséquences qui dépendent à la fois de leur nature et du stade spécifique du développement au cours duquel elles surviennent. La séparation parentale à T adolescence, interfère avec le mouvement de désidéalisation parentale, le deuil nécessaire de ces images idéalisées, la recherche à l’extérieur de la famille d’un modèle identifica-toire. Le résultat de cette interférence dépend du moment où la séparation parentale survient dans le processus de l’adolescence : cette séparation peut parfois faciliter l’évolution vers l’indépendance et la maturité. À l’opposé, surtout lorsque les parents apparaissent eux-mêmes vulnérables, dépressifs, désorganisés dans leur vie affective, professionnelle, l’adolescent peut se sentir responsable du bien-être d’un de ses parents, devenir son soutien, son « thérapeute », son confident, en un mot se parentifier et s’impliquer dans le conflit parental. Wallerstein et Kelly (1980) étudient les réactions d’adolescents de 13 à 18 ans au moment de la séparation parentale. Sur le plan clinique les auteurs notent l’importance de la réaction affective, faite d’un mélange de douleur, de tristesse, mais aussi de colère. L’adolescent exprime souvent un ressentiment très violent envers l’un des parents, en général celui qu’il estime « fautif ». mais en même temps il se refuse à prendre partie dans le conflit parental et se culpabilise de choisir l’un plutôt que l’autre. Fréquemment l’adolescent a l’impression d’avoir été trahi, trompé par les parents. Dans les conduites quotidiennes l’adolescent acquiert très vite un détachement affectif apparent, reste peu à la maison et parfois investit de façon intense diverses activités sociales (sportives, culturelles, groupe de pairs). Pour les auteurs, ces conduites cliniques ont diverses explications psychopathologiques, entre autres : 1) la désidéalisation précipitée des parents et des images parentales. Il existe un sentiment fréquent de perte, de vide, avec une nostalgie de l’union parentale disparue. Les comportements parentaux sont l’objet de critiques, parfois fondées ; 2) la prise de conscience des parents comme objet sexuel : alors qu’habituellement la sexualité parentale est refoulée ou déniée par l’adolescent, dans le cas présent, cette sexualité devient manifeste par la présence d’un amant ou d’une maîtresse, de conduites sexuelles parentales plus ou moins cohérentes ou cahotiques. La barrière intergénérationnelle qui protège l’adolescent et les parents contre les désirs incestueux devient de ce fait moins évidente, ce qui peut projeter les adolescents eux-mêmes dans des conduites également cahotiques. Pour Wallerstein et Kelly la séparation parentale au moment de l’adolescence risque ainsi d’interférer avec le processus de l’adolescence, bloquant celui-ci avec un maintien prolongé de la dépendance à l’égard d’un d’un des parents (en particulier dépendance du garçon à l’égard de sa mère) ; dans d’autres cas, il s’agit d’une pseudo-adolescence marquée en particulier par une émancipation sexuelle excessive qui n’a pas la signification d’un choix d’objet sexuel pleinement assumé. Enfin l’organisation définitive du surmoi et surtout de l’idéal du moi peut être compromise.

C. – Autres situations

Nous exposerons très brièvement quelques situations particulières pouvant avoir un impact sur l’adolescence, favorisant parfois, mais non constamment des évolutions déviantes.

Ie L’adolescent, enfant unique. – Le fait d’être fils ou fdle unique rend le processus de séparation-individuation plus difficile et l’interaction avec les parents parfois plus conflictuelle. L’absence de fratrie sur laquelle peut se reporter une partie des attentes parentales, l’investissement affectif excessif que les parents ont placé dans cet enfant unique, expliquent les difficultés accrues que rencontre l’adolescent à rééquilibrer ses investissements narcissiques et objectaux. En outre les motifs qui ont conduits les parents à n’avoir qu’un enfant unique ne sont pas sans réapparaître au moment où celui-ci va peut-être quitter la maison familiale ou menace de le faire. Ainsi dans certains cas, l’enfant est resté unique parce qu’il avait été « trop difficile à élever » dans son jeune âge, difficultés masquant en réalité des distorsions précoces dans les interactions familiales (troubles précoces de l’alimentation, du sommeil…) ou parce qu’existait dès cette époque une mésentente chronique du couple, l’enfant étant le prétexte au maintien du lien conjugal, ou parce que l’enfant avait nécessité une attention et des soins importants (maladie somatique grave). Dans tous les cas les tentatives d’autonomisation de l’adolescent représentent un risque élevé pour la famille incapable d’opérer le moindre réaménagement dans ses investissements. Quand des troubles se manifestent chez l’adolescent, ils sont souvent marqués par l’importance de l’ambivalence avec des demandes d’indépendance totale associées à des comportements paradoxaux de soumission à l’un des parents. Il est fréquent que les troubles de la petite enfance réapparaissent, en particulier les troubles des conduites alimentaires (cf. p. 123).

2° La famille mono-parentale. – Dans la majorité des cas il s’agit d’une mère seule avec son enfant, soit parce qu’après un divorce le père a complètement disparu, soit parce qu’il s’agit d’une « mère-célibataire ». Dans le second cas, les problèmes d’identification rencontrés par l’adolescent sont particulièrement vifs : ceux-ci s’observent surtout avec le garçon (famille mono-parentale mère célibataire-fils). 11 est bien évident que le garçon ne dispose d’aucune image possible d’identification masculine positive, surtout lorsque sa mère mène une vie sociale plus ou moins isolée et/ou marginale, que les relations avec la famille maternelle (grands-parents maternels) ont été interrompues. Même lorsqu’un substitut parental (oncle, grand-père maternel…) a pu être présent dans l’enfance, l’adolescent quête le moindre indice lui permettant de trouver une trace de son père géniteur. Là encore les risques d’une identification négative (cf. p. 359) sont particulièrement grands. Les symptômes observés appartiennent en général à la série de l’agir. Nous avons pu noter dans notre expérience personnelle la fréquence des fugues.

3° Le deuil à l’adolescence. – La perte d’un parent constitue à l’évidence un facteur de risque et une immixion dans le développement pouvant induire des déviances dans le processus de croissance. Comme pour la séparation parentale, une étude des effets du décès d’un parent sur l’équilibre psychoaffectif de l’enfant doit tenir compte de son âge, des réaménagements opérés par la suite (importance de la dépression et capacité de la surmonter chez l’autre parent, rôle joué par les lignées parentales et les substituts parentaux, remariage éventuel du parent veuf, etc.), des circonstances enfin (décès brutal par accident, après une longue maladie, par suicide…) Là aussi il est important de distinguer le décès parental qui survient au moment de l’adolescence de celui qui est survenu dans l’enfance. Plus le décès est proche de la période de l’adolescence, plus il constitue une traumatisme psychique en interférence avec le travail psychique habituel. Dans ce cas, la dépression et les symptômes qui s’y rattache (désintérêt, repli social, désinvestissement scolaire, troubles somatiques divers, etc., cf. p. 216) sont fréquemment au premier plan. La compréhension psychopathologique de cet épisode dépressif renvoie aux sentiments de culpabilité à l’égard du parent disparu : l’adolescent se fait souvent les reproches de n’avoir pas suffisamment été obéissant, montré son amour, écouté les conseils et recommandations… En revanche, plus le décès parental survient tôt dans l’enfance, plus la problématique de l’identification passe au premier plan. Mais ici les difficultés d’identification sont en général inverses de celles qu’on observe chez l’adolescent de parents séparés ou de famille mono-parentale ; les informations objectives et les reconstructions souvent idéalisantes sur le disparu sont nombreuses. L’adolescent est confronté à une image parentale idéalisée, inaccessible, non critiquable. On observe fréquemment chez celui-ci un sentiment d’incapacité d’être à la hauteur de cette image, de dévalorisation relative. La « dépression d’infériorité » où la thématique narcissique est au premier plan s’observe souvent (cf. p. 270). Enfin les circonstances de la mort du parent ne sont pas sans importance. Adam signale la fréquence des idées suicidaires et des tentatives de suicide chez les adolescents dont l’un des parents s’est suicidé. Cette donnée est objectivée aussi par les enquêtes épidémiologiques (cf. p. 101).

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