Prologue - Lacan, la vie et l’œuvre

« Un rien d’enthousiasme est dans un écrit la trace la plus sûre à laisser pour qu’il date, au sens regrettable. »

(Du sujet enfin en question, E, 229.)

Le nom étant en effet lié à la chose, nous devons prendre une vue d’ensemble sur la vie et l’œuvre de Lacan. En dehors de tout point de vue psychobiographique, il nous faut ici prendre une vue d’ensemble point trop réductrice, à seule fin de situer la dynamique d’une œuvre, qu’il faut envisager en diachronie, avant de la reconstituer en synchronie — seul point de vue qui vaille pour prendre la mesure de l’œuvre.

Dans la vie de Jacques-Marie Lacan, né le 13 avril 1901, mort le 9 septembre 1981, apparaissent quelques dates clés qui marquent autant de césures signifiantes.

Comment ne pas prendre ce projet en extériorité, tout en déclinant les éléments biographiques où se cartographie son projet ? Cela peut alors s’écrire : fils d’Alfred Lacan, issu d’une famille de vinaigriers orléanais, élève du collège Stanislas des Jésuites. Il y a lieu d’évoquer le destin familial — il eût pu succéder à son père Alfred dans le commerce des moutardes. Son trajet s’organise à partir de sa rupture avec le catholicisme — son frère Marc-François, de 7 ans son cadet, fut, lui, moine bénédictin à Hautecombe jusqu’à sa mort en 1994. Féru de littérature et de philosophie — on sait qu’il lit Spinoza et Nietzsche dès son adolescence et prendra des cours particuliers de philosophie, comme en témoigne Pierre Verret, en 1933-1934 (Littoral, 27/28, 1989). Il entame des études de médecine et de psychiatrie, de l’externat des hôpitaux de Paris à l’internat des hôpitaux psychiatriques. Il commence même, alors, des travaux de neurologie (sur le « syndrome de Parinaud »). Il suit les cours de Caullery à la faculté des sciences, d’Étienne Gilson et Léon Robin à la faculté des lettres. Il fréquente la librairie d’Adrienne Monnier et les surréalistes dans les années 1920, avant de publier dans Le Minotaure, assiste à la lecture publique de l’Ulysse de Joyce, écrit lui-même — comme l’atteste un poème de veine symboliste paru dans Le Phare de Neuilly sous le titre Hiatus irrationalis ! (1929). Faut-il voir dans ces premiers poèmes d’inspiration symboliste de la fin des années 1920 les premiers signes de cette passion pour le verbe et la forme ? Ne faut-il pas prendre en compte cet « amour de la langue » qui se manifeste par l’affinité avec Édouard Pichon, auteur, avec Jules Damourette, d’une remarquable grammaire française Des mots à la pensée — et par ailleurs sympathisant de Charles Maurras ?

Après une série d’articles psychiatriques, de 1926 à 1931, Lacan publie sa thèse de doctorat en médecine sur la paranoïa. Il l’enverra à Freud qui lui répondra par un simple mot : « Merci pour l’envoi de votre thèse »(Dank für ihre Zusendung Ihrer Dissertation), signé « Freud » (Ornicar ?, no 29, été 1984). C’est là l’unique « contact » entre Freud et Lacan, et celui-ci ne saisira pas l’occasion de le rencontrer lors de son passage à Paris sur la route de l’exil en 1938, ses rapports avec Marie Bonaparte étant difficiles. Marié en 1934 avec Marie-Louise Blondin, il refera sa vie avec Sylvia Maklès-Bataille qu’il rencontre en 1937 et épousera en 1953. Élève d’Henri Claude à la clinique des maladies mentales et de l’encéphale de Sainte-Anne, il travaille sur la schizophasie et la paranoïa. Là, il fait la connaissance d’Henri Ey, suit les cours de Georges Heuyer, de Georges Dumas et surtout de Gaëtan Gatian de Clérambault, son « seul maître en psychiatrie », comme il le proclame dans De nos antécédents (E, 65), dont la théorie de l’« automatisme mental » recèle les prémisses d’une « analyse structurale » clinique. Son passage à l’hôpital Henri-Rousselle, après l’infirmerie spéciale de la préfecture de police, sera particulièrement marquant dans son apprentissage de la clinique. Il participe à partir de 1928 au groupe de l’Évolution psychiatrique, foyer de renouvellement de la psychiatrie, y publiant son premier article, « Au-delà du “principe de réalité”» en 1936.

Lacan se lie au groupe des Recherches philosophiques en 1933-1934 et participe aux activités du Collège de sociologie, fondé par Georges Bataille, Michel Leiris et Roger Caillois en novembre 1937, qui fonctionnera jusqu’en juillet 1939. Surtout, Lacan rencontre l’enseignement d’Alexandre Kojeve (alias Kojevnikov) (1902-1968) en 1934-1936 à l’École pratique des hautes études — « Kojeve que je tiens pour mon maître, de m’avoir introduit à Hegel » (ET, AE, 453) — qui jouera un temps un rôle dans sa théorie du désir — au point d’avoir esquissé un travail en commun (Hegel et Freud, essai d’une confrontation interprétative). La lecture d’Alexandre Koyré fut également décisive, au plan épistémologique et comme médiation philosophique. Plus tard, la rencontre de la pensée de Heidegger en 1955 dont il traduit même un texte — « Logos », commentaire de fragments d’Héraclite et de Parménide (avec deux autres volets, Moira et Alétheia) — en 1956. C’est avec Maurice Merleau-Ponty que l’amitié philosophique culmine chez Lacan.

1932 est la première date clé : il publie sa thèse, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité (Le François) et commence en juin une « analyse didactique » avec Rudolph Lowenstein qui durera jusqu’à la fin de 1938, sur fond d’une « mésentente » profonde. Échec qui n’empêche pas le Dr Lacan — c’est ainsi qu’il se présentera volontiers — de devenir membre titulaire de la Société psychanalytique de Paris, fondée en 1926, avec l’appui d’Édouard Pichon (1938).

Deuxième date importante : 1936, année de son premier acte, intervention au congrès psychanalytique international de Marienbad sur le stade du miroir (infra, p. 31 sq.), qui est un fiasco : Lacan n’aura pas pu parler plus de dix minutes, ce 3 août 1936 — de 15 h 30 à 15 h 40 ! –, le président de séance Ernest Jones l’ayant interrompu, paraît-il, sans ménagements (PCP, E, 184). L’Urtekst de la pensée-Lacan disparaîtra. C’est cette année-là qu’il commence à exercer comme analyste.

Après la guerre, où il fut mobilisé au Val-de-Grâce jusqu’en 1940, et après un voyage à Londres dont il revient avec un article élogieux sur La Psychiatrie anglaise et la guerre (1945), sur l’expérience dirigée par Wilfred Bion et John Rickman sur les groupes de soldats « choqués » à l’hôpital de Northfield, près de Birmingham, il reprend sa consultation à Sainte-Anne… tout en suivant les cours de chinois aux langues orientales, avec Demiéville qui l’initiera à « la lettre ». C’est en 1949 que Lacan rencontre Claude Lévi-Strauss. Lacan lance son Séminaire, dans son salon, 5, rue de Lille, en 1951. Il le poursuivra à Sainte-Anne, dans le service de Jean Delay, de 1953 à 1963, puis à l’ENS de 1964 à 1969 et à la faculté de droit de 1969 à 1979, avec un retour à la chapelle Sainte-Anne en 1972 (cf. Le Savoir du psychanalyste). On notera le contraste entre la continuité du Séminaire et la diversité des lieux imposée par cette migration : Lacan apparaît comme un enseignant-chercheur itinérant. Il y a là nécessité : « Il fallut que l’insuffisance de l’enseignement psychanalytique éclatât au grand jour pour nous engager dans sa tâche », comme il le dira en 1966 (AE, 216).

1953 : à cette date, Lacan, juste après avoir été élu président de la SPP, fait sécession sur la question de la formation des analystes — à la suite de la création d’un institut de psychanalyse par Sacha Nacht — et sur la durée des séances. Après le départ de D. Lagache, F. Dolto et J. Favez, il les rejoint (en compagnie de Blanche Reverchon-Jouve) et prend la tête de sa propre association, la Société psychanalytique de France. Il promulgue dans des écrits décisifs son retour à Freud avec le texte-manifeste Fonction et champ de la parole et du langage et le « discours de Rome » prononcé en septembre 1953 puis publié dans La Psychanalyse, la revue créée sous son égide en 1956. Le congrès de Bonneval, en 1960, marque en quelque sorte le sommet de cette activité de la nouvelle communauté de recherche. Mais depuis le 26 juillet 1955, la SPF est mise en marge de l’IPA.

1963-1964 : exclu de l’Association psychanalytique internationale, en novembre de cette année, après une longue période de tractations menées par S. Leclaire, W. Granoff, F. Perrier avec l’IPA, à la suite du compte rendu défavorable de la commission Turquet, il perd sa qualité de didacticien. Il crée l’École française de psychanalyse, par l’acte de fondation en date du 21 juin 1964, qui deviendra l’École freudienne de Paris en septembre de la même année — tandis que se forme l’Association psychanalytique de France reconnue par l’IPA. Cette fois, le « lacanisme » s’inscrit dans l’expérience de l’exil au sein du monde analytique. Lacan se définira comme celui qui, à l’instar du « héros », peut être « impunément trahi »…

1966 marque avec les Écrits, parus au Seuil le 15 novembre, le passage de Lacan dans le texte et sa résonance dans la pensée française. À cette date, Lacan est chargé de conférences à l’École pratique des hautes études (VIe section) et fait entendre sa voix à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm où il enseigne grâce à Louis Althusser (ce qui nous vaut des comptes rendus des Séminaires des années 1964-1968). C’est là qu’eut lieu en janvier 1964 la rencontre de Jacques-Alain Miller avec Lacan. Celui-ci deviendra à partir de 1973 le « transcripteur » des Séminaires. Le « lacanisme » passe de la parole à l’écrit — sauf à référer, comme le fait Lacan avec vigueur, tout procès de « publication » à l’effet de « poubellification » sociale ou d’amnésie : « poublier » pour « oublier » ce qui a été proféré… C’est en octobre 1967 qu’il émet sa fameuse Proposition sur « la passe ». La revue Scilicet paraît entre 1968 et 1976, s’interrompant au no 6/7. Elle a pour caractéristique de réunir des textes non signés, à l’exception de ceux de Lacan lui-même. En 1967, il prend occasion d’une conférence à l’université de Rome pour y prononcer ce que l’on peut tenir pour« le second Discours de Rome », sous le titre paradoxal : La Psychanalyse. Raison d’un échec.

L’après-mai 1968 est l’heure des scissions internes : en 1969, se constitue le « Quatrième groupe » à côté de la SPP, de l’APF et de l’EFP, à la suite des débats sur la « passe » (infra, p. 100 sq.). La psychanalyse française prend sa configuration. C’est le moment choisi pour élaborer la théorie des discours, puis le grand virage topologiste du Séminaire des années 1970 (infra, p. 108), la rencontre du mathématicien Pierre Soury jouant ici un rôle de catalyseur.

1980 marque la dissolution de l’EFP — Delenda — dans la lettre du 5 janvier et la création de la « Cause freudienne » qui remplace l’« École ». Comme s’il avait fallu, pour Lacan, atteint par la maladie, détruire la Carthage de l’École freudienne. Dissolution : tel est le titre de l’ultime Séminaire de 1979-1980, signe que Lacan tranche le nœud gordien de son institution… Moment critique et controversé qui annonce l’éclatement du mouvement lacanien après la mort de Lacan…

  • Un effet majeur se dégage de ce trajet : d’une part, il y a chez Lacan une parole interrompue, à l’origine et de façon récurrente, et au moins à quatre reprises. À chaque fois, c’est l’occasion de radicaliser son propos. Telle est la saga du Lacan — et le « mythe individuel » articulé à l’histoire de la psychanalyse : à Marienbad en mars 1936, ce qui ouvre sa « traversée du désert » jusque vers 1946 ; lors de la scission de la SPP en juin 1953 — ce qui donne lieu à l’invention du Séminaire ; lors de la mise à l’écart de l’IPA à l’hiver 1963, où il perd son habilitation de formateur, ce qui donne lieu à l’élargissement du public du Séminaire ; lors de l’exclusion de l’ENS en juin 1969 — pour « obscurantisme » ! — qui ouvre un tournant. C’est à la rentrée 1969 que s’ouvre le département de psychanalyse de Vincennes, créé sous l’égide de Lacan, la responsabilité en revenant à Serge Leclaire, puis à Jacques-Alain Miller — moment de rencontre entre Lacan et l’université (cf. les Impromptus de Vincennes). Encore faut-il y ajouter l’« autoexclusion » de janvier 1980, de sa propre école, ultime avatar de sa solitude originaire qu’il ne cesse de rappeler…
  • C’est dans le dispositif profondément original nommé Le Séminaire que « la pensée Lacan » se donne corps et continuité.

Selon sa propre définition, à l’origine, il s’agit d’un « séminaire critique fondé sur la discipline du commentaire, appliquée aux textes de Freud ». Il y « développe — doctrine et exercices — les principes implicites à une pratique qui, faute de les dégager, s’obscurcit, non sans effets délétères » (curriculum pour la candidature à l’EPHE). Le Séminaire est plus qu’un dispositif de transmission et de recherche : c’est le lieu où s’élabore en liberté et rigueur la découverte. Aussi bien y a-t-on affaire à « la trouvaille du jour » (la date de la séance vaut en ce sens). Le paradoxe est que le Séminaire n’existe pas comme texte publié unifié — ce qui, en un sens, lui permet d’échapper au destin de « poubellification », quelque vingt ans après la disparition de son auteur…

À chaque coupure, voire à chaque trauma, les fils de la recherche se retissent, non sans se radicaliser. Il est nécessaire de saisir le mouvement général du Séminaire, le lieu de constitution de l’objet de la pensée-Lacan, pour en situer les émergences. C’est par rapport à la perception de ces émergences que se dessine l’énorme arborescence de ses développements.

Ce n’est pas un hasard si chacun des tournants précédents y inscrit sa marque. On peut ainsi distinguer :

la période I, de l’origine (1951-1953) au Séminaire interrompu (1963). Lacan s’adresse électivement aux analystes ;

la période II, de 1964 à 1968-1969. Désormais, Lacan décide de s’adresser à« tous » ;

la période III, de 1970 à 1979. Il se pourrait que, dès lors, il s’adresse à« qui comprenne »… ou à « l’Autre ».

• Dans la première période, Lacan met en place l’acte analytique — à travers un premier développement, sur la praxis — Les Écrits techniques de Freud et Le Moi dans la théorie de Freud et la technique de la psychanalyse (1953-1955), ce qui s’actualise sur la question des psychoses, dans le séminaire-pivot (1955-1956). Puis vient le virage du côté de la théorie, par l’examen de La Relation d’objet (1956-1957), ce qui ouvre la voie à l’étude sur Les Formations de l’inconscient et Le Désir et son interprétation (1957-1959). C’est au cours de ces deux Séminaires que Lacan élabore et commente son « graphe du désir » (infra, p. 107-108), où se condense son premier modèle théorique formalisé. Cela ouvre la voie à un second développement fondamental sur l’acte analytique, à propos de L’Éthique de la psychanalyse et du transfert(1959-1961). Cela ouvre un deuxième développement théorique fondamental dont les deux thèmes majeurs sont l’identification et l’angoisse (1961-1963). C’est à ce moment qu’apparaît le recours à la topologie (infra, p. 108 sq.).

  • Après la coupure historique (1963), apparaît, avec la seconde période, un nouveau projet didactique, comme l’indiquent les intitulés — Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, Problèmes cruciaux pour la psychanalyse et L’Objet de la psychanalyse(1964-1966). Cette réflexion sur le champ freudien — avec son texte-manifeste, les Écrits, parus à ce moment — relance un développement théorico-pratique sur La Logique du fantasme (1966-1967) et L’Acte psychanalytique (1967-1968), double versant qui débouche sur la nouvelle coupure avec D’un autre à l’autre (1968-1969).
  • Après la seconde coupure, s’ouvre, avec la troisième période, l’ère d’une formalisation du discours de la psychanalyse, inauguré par L’Envers de la psychanalyse (1969-1970) et qui se poursuit avec D’un discours qui ne serait pas du semblant (1970-1971) et… Ou pire (1971-1972) qui voit apparaître la notion de mathème (infra, p. 111). Puis se dessine une formalisation de la sexuation, dans Encore (1971-1972) — parallèlement à L’Etourdit. De Les non-dupes errent (1972-1973) à RSI (1973-1974), se précise la lecture topologique avec son corrélat sur Le Sinthome (1974-1975), ultime fulguration théorique. Ainsi arrive Le Moment de conclure… (1977-1978) et, après un dernier détour par La Topologie et le Temps (1978-1979), de dissoudre (Dissolution) (1980).

Il faut relever qu’à l’époque, Lacan fournit un compendium régulier de son impact, dans une trilogie de textes dialogués : Radiophonie (1970), L’Etourdit (1973), Télévision (1974) (reproduits in AE).

La « pensée-Lacan », attentive à la rigueur en son formalisme et déployée sur le doublet Écrits/Séminaire — ce qui en fait l’« Œuvre claire » (J.-C. Milner) — est aussi bien un work in progress : l’expression joycienne est applicable éminemment à Lacan. Le Séminaire est l’organe de ce mouvement. De même que Freud invitait instamment ses lecteurs à tenir compte de la date de chacun de ses écrits pour le situer dans sa pensée du moment, de même il est essentiel de tenir compte du moment auquel correspond l’énoncé correspondant. C’est là l’exigence minimale et décisive de toute recherche (Forschung). Le lecteur se référera donc au tableau (p. 26-28) à chaque allusion de la théorie ou à l’une de ses affirmations au cours du texte qui suit, afin de visualiser le moment où cela apparaît dans le Séminaire ou l’un des « écrits-souche ». L’écrit a pour fonction chez Lacan de présenter comme texte, en développement continu, un moment de sa réflexion, comme manifeste ou développement thématique, ce qui revient à un extrait de son Séminaire ou du contenu de celui-ci. Mais il peut à l’occasion accomplir une avancée de la pensée que ne contient pas le Séminaire. On prêtera donc attention à la table de correspondance entre la date de l’Écrit considéré et le Séminaire contemporain. Il est révélateur que le seul séminaire dont Lacan ait envisagé de faire un livre soit celui sur L’Éthique de la psychanalyse et qu’il y renonça (S XX).

D’une année à l’autre, Lacan se voit indiquer le thème à traiter. La table thématique ne révèle pas de programme de la recherche, tant la Tuchè, le hasard de la rencontre préside à la recherche. Ce n’est pas pour rien que Lacan a comparé sa position dans Le Séminaire à celle de l’analysant, adonné au pouvoir d’énonciation du signifiant radical dans la « libre association ». Pourtant, on peut en repérer la cohérence et l’ambition à travers une mise à jour des conditions de l’acte analytique, en ses deux volets, d’épistémè et de praxis, de savoir et d’action.

Nous pouvons, à présent, présenter la table des matières du Séminaire qui tiendra lieu de « tableau de bord ». Il sera désormais cité sous le sigle S suivi du tome et de la date de la séance. Chaque avancée devra être corrélée à la datation du Séminaire et des Écrits. Nous avons fait figurer à côté de chaque écrit le numéro du Séminaire contemporain afin de rendre visible le nexus entre l’écrit et le séminaire contemporain.

J. Lacan, Le Séminaire, livres I à XXVII.

S I

 Les Écrits techniques de Freud, 1953-1954 (publié, Le Seuil, 1975 ; titre original : De la technique psychanalytique)

S II

 Le Moi dans la théorie de Freud et dans la technique psychanalytique, 1954-1955 (Le Seuil, 1978)

S III

 Les Psychoses, 1955-1956 (publié, Le Seuil, 1981 ; titre original : Les structures freudiennes dans les psychoses)

S IV

 La Relation d’objet, 1956-1957 (publié, Le Seuil, 1994 ; titre original : La Relation d’objet et les structures freudiennes)

S V

 Les Formations de l’inconscient, 1957-1958 (Le Seuil, 1998)

S VI

 Le Désir et son interprétation, 1958-1959 (inédit)

S VII

 L’Éthique de la psychanalyse, 1959-1960 (Le Seuil, 1986)

S VIII

 Le Transfert, 1960-1961 (publié, Le Seuil, 1986 et 2001, titre original : Le Transfert dans sa disparité subjective, sa prétendue situation, ses excursions techniques)

S IX

 L’Identification, 1961-1962 (inédit)

S X

 L’angoisse, 1962-1963 (Le Seuil, 2004)Les Noms du Père, 21 novembre 1963

S XI

 Les Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, 1964 (Le Seuil, 1973 ; titre original : Les Fondements de la psychanalyse)

S XII

 Problèmes cruciaux pour la psychanalyse, 1964-1965 (inédit)

S XIII

 L’Objet de la psychanalyse, 1965-1966 (inédit)

S XIV

 La Logique du fantasme, 1966-1967 (inédit)

S XV

 L’Acte psychanalytique, 1967-1968 (inédit)

S XVI

 D’un autre à l’autre, 1968-1969 (Le Seuil, 2006)

S XVII

 L’envers de la psychanalyse, 1969-1970 (Le Seuil, 1991 ; titre original : La Psychanalyse à l’envers)

S XVIII

 D’un discours qui ne serait pas du semblant, 1970-1971 (Le Seuil, 2006)

S XIX

 Ou pire…, 1971-1972 (Le Seuil, 2011) ; Le Savoir du psychanalyste

S XX

 Encore, 1972-1973 (Le Seuil, 1975)

S XXI

 Les non-dupes errent, 1973-1974 (inédit)

S XXII

 R.S.I., 1974-1975 (inédit) (Ornicar?, nos 2, 3, 4, 5)

S XXIII

 Le Sinthome, 1975-1976 (Le Seuil, 2005) (Ornicar ?, nos 6, 7, 8, 9, 10, 11)

S XXIV

 L’Insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre, 1976-1977 (inédit) (Ornicar ?, nos 12/13, 14, 15, 16, 17/18)

S XXV

 Le Moment de conclure, 1977-1978 (inédit)

S XXVI

 La Topologie et le Temps, 1978-1979 (inédit)

S XXVII

 Dissolution, 1980 (inédit) (Ornicar ?, nos 20/21, 22/23)

On trouvera ci-après les écrits qui peuvent être considérés comme déterminants dans le trajet de constitution de la « pensée-Lacan » ou « écrits-souche ». On les trouvera désormais cités sous le sigle abrégé correspondant et sous le renvoi, notamment, aux recueils avec indication des séminaires contemporains :

J. Lacan, ÉCRITS-SOUCHE.

E

 Écrits, Le Seuil, 1966.

AE

 Autres Écrits, Le Seuil, 2001. APR « Au-delà du “Principe de réalité”», 1936 (in E, 73-92)

CFFI

 « Les complexes familiaux dans la formation de l’individu », 1938 (in AE, 23-84)

PCP

 « Propos sur la causalité psychique », 1946 (in E, 151-196)

AP

 « L’agressivité en psychanalyse », 1948 (in E, 101-124)

SMFFJ

 « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je », 1949 (in E, 93-100)

IT

 « Intervention sur le transfert », 1951 (in E, 215-228)

DR

 « Discours de Rome », 1953 (in AE, 133-164) (S I)

FCPL

 « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », 1953 (in E, 237-322) (S I)

MIN

 « Le mythe individuel du névrosé », in Ornicar ?, nos 17-18, p. 289-307.

ICJH/RCJH

 Introduction et réponse au commentaire de Jean Hyppolite sur la Verneinung de Freud, 1954 (in E, 369-400) (S I, 10 février 1954)

VCT

 « Variantes de la cure type », 1955 in E, 323-362)

SLV

 « Séminaire sur “La lettre volée” », 1955 (in E, 11-64) (S III)

CF

 « La chose freudienne ou Sens du retour à Freud », 1955 (in E, 401-436) (S III)

PE

 « La psychanalyse et son enseignement », 1957 (in E, 437-458) (S IV)

SPFP

 « Situation de la psychanalyse et formation du psychanalyste en 1956 », 1956 (in E, 459-492) (S IV)

ILI

 « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », 1957 (in E, 493-530) (S IV)

QPTPP

 « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », 1957-1958 (in E, 531-584) (S V)

SP

 « La signification du phallus », 1958 (in E, 685-696) (S V)

DC

 « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », 1958 (in E, 585-646) (S V)

PVF

 « La psychanalyse vraie, et la fausse », 1958 (in AE, 165-174) (S VI)

RRDL

 « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache », 1960 (in E, 647-684) (S VIII)

SSDDIF

 « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien », 1960 (in E, 793-828) (S VIII)

PI

 « Position de l’inconscient », 1960 (in E, 829-850) (S VIII) STS « Sur la théorie du symbolisme d’Ernest Jones » (in E, 697-717) (S VIII)

KS

 « Kant avec Sade », 1962-1963 (in E, 765-792) (S X)

TFDP

 « Du Trieb de Freud et du désir du psychanalyste », 1964 (in E, 851-854) (S XI)

SV

 « La science et la vérité », 1965 (in E, 855-878) (S XII)

A, SAC

 « De nos antécédents » (E, 65-72), « D’un syllabaire après-coup » (E, 717-724)

MSSS

 « La méprise du sujet supposé savoir », 1967 (in AE, 329-340) (S XV)

PRE

 « La psychanalyse. Raison d’un échec », 1967 (in AE, 341-350) (S XV)

RAD

 « Radiophonie », 1970 (in AE, 403-448) (S XVII)

LIT

 « Lituraterre », 1971 (in AE, 11-22) (S XVIII, 12 mai 1971)

ÉT

 « L’étourdit », 1973 (in AE, 449-496) (S XX)

TÉL

 « Télévision », 1974 (in AE, 509-546) (S XXI, 18 décembre 1973)

TR

 « La troisième », 1974 (in Petits écrits et conférences)