Hystérie d’angoisse

= D. : Angsthysterie. – En. : anxiety hysteria. – Es. : histeria de angustia. – I. : isteria d’angoscia. – P. : histeria de angustia.

● Terme introduit par Freud pour isoler une névrose dont le symptôme central est la phobie et pour souligner sa similitude structurale avec l’hystérie de conversion.

◼ Le terme d’hystérie d’angoisse a été introduit dans la littérature psychanalytique par W. Stekel dans Les états d’angoisse névrotique et leur traitement (Nervöse Angstzustände und ihre Behandtung, 1908) sur une suggestion de Freud (1).

Cette innovation terminologique se justifie ainsi :

a) Des symptômes phobiques se rencontrent dans diverses affections névrotiques et psychotiques. On en observe dans la névrose obsessionnelle et dans la schizophrénie ; même dans la névrose d’angoisse*, selon Freud, on peut rencontrer certains symptômes d’allure phobique.

C’est pourquoi Freud, dans Le petit Hans, considère qu’on ne saurait tenir la phobie pour un « processus pathologique indépendant » (2 a).

b) Il existe pourtant une névrose où la phobie constitue le symptôme central. Freud ne l’a pas isolée d’emblée : dans ses premières conceptions, les phobies étaient, soit rattachées à la névrose obsessionnelle, soit à la névrose d’angoisse comme névrose actuelle (3). C’est l’analyse du petit Hans qui lui offre l’occasion de spécifier la névrose phobique et d’en marquer la similitude structurale avec l’hystérie de conversion. En effet, dans l’un et l’autre cas, l’action du refoulement tend essentiellement à séparer l’affect de la représentation. Toutefois, Freud souligne une différence essentielle : dans l’hystérie d’angoisse « … la libido que le refoulement a détaché du matériel pathogène n’est pas convertie […] mais libérée sous forme d’angoisse » (2 b). La formation des symptômes phobiques trouve son origine « … dans un travail psychique qui s’exerce d’emblée afin de lier à nouveau psychiquement l’angoisse devenue libre » (2 c). « L’hystérie d’angoisse se développe toujours davantage dans le sens de la « phobie » » (2 d).

Ce texte atteste qu’on ne saurait en toute rigueur tenir hystérie d’angoisse et névrose phobique pour des termes purement synonymes. Le terme d’hystérie d’angoisse, moins descriptif, oriente l’attention sur le mécanisme constitutif de la névrose en question et met l’accent sur le fait que le déplacement sur un objet phobique est secondaire au surgissement d’une angoisse libre, non liée à un objet.

(1) Cf. Freud (S.). G.W., VII, 467 ; S.E., IX, 250-1.

(2) Freud (S.). Analyse der Phobie eines fünfjährigen Knaben, 1909. – a) G.W., VII, 349 ; S.E., X, 115 ; Fr., 175. – b) G.W., VII, 349 ; S.E., X, 115 ; Fr., 175. – e) G.W., VII, 350 ; S.E., X, 117 ; Fr., 176. – c) G.W., VII, 350 ; S.E., X, 116 ; Fr., 176.

(3) Cf. Freud (S.). Über die Berechtigung, von der Neuraslhenie einen beslimmten Sgmptomenkomplex als « Angstneurose » abzulrennen, 1895. Die Abwehr-Neuropsychosen, 1894. Obsessions et phobies. Leur mécanisme psychique et leur étiologie, 1895.