Névrose d’abandon

= D. : Yerlassenheitsneurose. – En. : abandonment neurosis. – Es. : neurosis de abandono. – I. : nevrosi d’abbandono. – P. : neurose de abandono.

● Terme introduit par des psychanalystes suisses (Charles Odier, Germaine Guex) pour désigner un tableau clinique où prédominent l’angoisse de l’abandon et le besoin de sécurité. Il s’agit d’une névrose dont l’étiologie serait préœdipienne. Elle ne correspondrait pas nécessairement à un abandon subi dans l’enfance. Les sujets présentant cette névrose sont nommés « abandonniques ».

◼ Dans son ouvrage La névrose d’abandon (1), Germaine Guex tient pour nécessaire d’isoler ce type de névrose qui ne rentrerait dans aucun des cadres classiques de la nosographie (α).

La symptomatologie de l’abandonnique ne présente à première vue rien de rigoureusement spécifique : angoisse, agressivité, masochisme, sentiment de non-valeur ; en fait, ces symptômes ne se rattacheraient pas aux conflits habituellement mis en évidence par la psychanalyse (singulièrement pas aux conflits œdipiens), mais à une insécurité affective fondamentale.

Le besoin illimité d’amour, manifesté d’une façon polymorphe qui le rend souvent méconnaissable, signifierait une recherche de la sécurité perdue dont le prototype serait une fusion primitive de l’enfant avec la mère. Il ne correspondrait pas nécessairement à un abandon réel par la mère, abandon dont les conséquences ont été étudiées par Spitz (Hospitalisme, Dépression anaclitique), mais pour l’essentiel à une attitude affective de la mère, ressentie comme refus d’amour (« fausse présence » de la mère par exemple). Enfin on devrait invoquer, selon Germaine Guex, un facteur constitutionnel psycho-organique (« gloutonnerie » affective, intolérance aux frustrations, déséquilibre neuro-végétatif).

Germaine Guex estime que l’abandonnique est resté en deçà de l’Œdipe qui constituait pour lui une menace excessive pour sa sécurité ; la névrose d’abandon devrait être rapportée à une « perturbation du moi » qui n’apparaît souvent qu’au cours de la cure psychanalytique.

Notons que le terme « abandonnique » ne manque pas d’être utilisé de façon descriptive, même par des auteurs qui n’ont adopté, ni du point de vue nosographique, ni du point de vue étiologique, les conceptions – ici très résumées – de Germaine Guex.

▲ (α) Dans une communication personnelle, G. Guex nous a indiqué qu’il vaudrait mieux parler de syndrome que de névrose d’abandon.

(1) Guex (G.). P.U.F., Paris, 1950.