Paraphrénie

= D. : Paraphrénie.—En. : paraphrenia. – Es. : parafrenia. – I. : parafrenia.— P. : parafrenia.

● A) Terme proposé par Kraepelin pour désigner des psychoses délirantes chroniques qui, comme la paranoïa, ne s’accompagnent pas d’affaiblissement intellectuel et n’évoluent pas vers la démence mais se rapprochent de la schizophrénie par leurs constructions délirantes riches et mal systématisées à base d’hallucinations et de fabulations.

B) Terme proposé par Freud pour désigner soit la schizophrénie (« paraphrénie proprement dite ») soit le groupe paranoïa-schizophrénie.

L’acception de Kraepelin a, de nos jours, complètement prévalu sur celle proposée par Freud.

◼ Kraepelin proposa le terme de paraphrénie avant Freud (entre 1900 et 1907). Pour sa conception nosologique de la paraphrénie, aujourd’hui classique, nous renvoyons le lecteur aux manuels de psychiatrie.

C’est dans un tout autre sens que Freud voulut utiliser le terme. Il jugeait impropre le terme de « démence précoce » ainsi d’ailleurs que celui de schizophrénie*. Il leur préférait le terme de paraphrénie, qui n’impliquait pas les mêmes options quant au mécanisme profond de l’affection ; de plus, paraphrénie se rapprochait de paranoïa soulignant ainsi la parenté des deux affections (1).

Ultérieurement, dans Pour introduire le narcissisme (Zur Einführung des Narzissmus, 1914), Freud reprend le terme paraphrénie en un sens plus englobant pour désigner le groupe paranoïa-schizophrénie, mais continue aussi à désigner la schizophrénie comme « paraphrénie proprement dite » (eigenlliche Paraphrenie) (2).

Freud renonça rapidement à sa suggestion terminologique, sans doute devant le succès du terme bleulerien de schizophrénie.

(1) Cf. Freud (S.). Psychoanalylische Bemerkungen über einen autobiographisch beschriebenen Fall von Paranoia (Demenlia paranoïde »), 1911. G.W., VIII, 312-3 ; S.E., XII, 75 ; Fr., 319.

(2) Cf. Freud (S.). G.W., X, 138-70 S.E., XIV, 73-102.