Quantum d’affect

= D. : Affektbetrag. – En. : quota of affect. – Es. : cuota ou suma de afecto. – I. : importo ou somma d’affetto. – P. : quota ou soma de afeto.

● Facteur quantitatif postulé comme substrat de l’affect vécu subjectivement, pour désigner ce qui est invariant dans les diverses modifications de celui-ci : déplacement, détachement de la représentation, transformations qualitatives.

◼ Le terme « quantum d’affect » est un de ceux par lesquels s’exprime l’hyposthèse économique* de Freud. Le même substrat quantitatif est également désigné par des termes comme ceux d' « énergie d’investissement », « force pulsionnelle », « poussée » de la pulsion, ou « libido », lorsque la pulsion sexuelle est seule en cause. Le terme de quantum d’affect est plus souvent employé par Freud lorsqu’il traite du destin de l’affect et de son indépendance par rapport à la représentation : « Dans les fonctions psychiques, il y a lieu de différencier quelque chose (quantum d’affect, somme d’excitation) qui possède toutes les propriétés d’une quantité – même si nous ne sommes pas à même de la mesurer – quelque chose qui peut être augmenté, diminué, déplacé, déchargé, et s’étale sur les traces mnésiques des représentations un peu comme une charge électrique à la surface des corps » (1).

Comme l’indique Jones, « la conception d’un affect indépendant et détachable diffère beaucoup de l’ancienne croyance en une « teinte « affective » » (2, a). Le concept de quantum d’affect n’est pas descriptif mais métapsychologique : « Le quantum d’affect correspond à la pulsion pour autant que celle-ci s’est détachée de la représentation et trouve une expression adéquate à sa quantité dans les processus qui nous deviennent sensibles comme affects » (3). On trouverait cependant chez Freud des exemples d’emplois plus lâches des deux termes (affect et quantum d’affect) où s’efface leur opposition, qui est schématiquement celle de la qualité à la quantité.

▲ (α) Notons toutefois que dans son article écrit en français : Quelques considérations pour une étude comparative des paralysies motrices organiques et hystériques (1893), Freud traduit Affekbetrag par « valeur affective ».

(1) Freud (S.). Die Abwehr-Neuropsychosen, 1894. G.W., I, 74 ; S.E., III, 60.

(2) Jones (E.). Sigmund Freud : Life and Work, Londres, Hogarth Press, 1953. I, Angl. 435 ; Fr., Paris, P.U.F., 435.

(3) Freud (S.). Die Verdrängung, 1915. G.W., X, 255 ; S.E., XIV, 152 ; Fr., 79.