Retour du refoulé

= D. : Wiederkehr (ou Rückkehr) des Verdrängten. – En. : return (ou break-through) of the repressed. – Es. : retorno de lo reprimido. – I. : ritorno del rimosso. – P. : retôrno do recalcado.

● Processus par lequel les éléments refoulés, n’étant jamais anéantis par le refoulement, tendent à réapparaître et y parviennent de manière déformée sous forme de compromis.

◼ Freud a toujours insisté sur le caractère « indestructible » des contenus inconscients (1). Non seulement les éléments refoulés ne sont pas anéantis, mais encore ils tendent sans cesse à réapparaître à la conscience, par des voies plus ou moins détournées et par l’intermédiaire de formations dérivées plus ou, moins méconnaissables : les rejetons* de l’inconscient (α).

L’idée que les symptômes s’expliquent par un retour du refoulé s’affirme dès les premiers textes psychanalytiques de Freud. On y trouve aussi l’idée essentielle que ce retour du refoulé s’opère par le moyen de « formation de compromis entre les représentations refoulées et refoulantes » (2). Mais les relations entre le mécanismes du refoulement* et celui du retour du refoulé ont été comprises par Freud de façon sensiblement différente :

1. Dans Délire et rêves dans la « Gradiva » de Jensen (Der Wahn und die Tràume in W. Jensens Gradiva, 1907) par exemple, Freud est amené à insister sur le fait que le refoulé utilise pour son retour les mêmes voies associatives qui ont été suivies dans le refoulement (3 d). Les deux opérations seraient donc intimement liées et comme symétriques l’une de l’autre ; Freud utilise ici l’apologue de l’ascète qui, essayant de chasser la tentation par l’image du crucifix, voit apparaître à la place du crucifié l’image d’une femme nue : « … c’est dans et derrière le refoulant que le refoulé obtient finalement la victoire » (3 b).

2. Mais Freud n’a pas maintenu cette idée, qu’il révise par exemple dans une lettre à Ferenczi du 6-12-1910 en indiquant que le retour du refoulé est un mécanisme spécifique (4). Cette indication est reprise notamment dans Le refoulement (Die Verdrängung, 1915), où le retour du refoulé est conçu comme un troisième temps indépendant dans l’opération du refoulement prise au sens large (5). Freud en décrit le processus dans les différentes névroses et il ressort de cette analyse que le retour du refoulé s’opère par déplacement, condensation, conversion, etc.

Freud a également indiqué les conditions générales du retour du refoulé : affaiblissement du contre-investissement*, renforcement de la poussée pulsionnelle (sous l’influence biologique par exemple de la puberté), survenue d’événements actuels qui évoquent le matériel refoulé (6).

▲ (α) Sur la problématique d’une telle idée, on pourra se reporter à une note d’inhibition, symptôme et angoisse (Hemmung, Symptom und Angst, 1926) où Freud se demande si le désir refoulé en vient à transférer toute son énergie à ses rejetons ou se maintient lui-même dans l’inconscient (7).

(1) Cf. Freud (S.). Die Traumdeutung, 1900. G.W., II-III, 583 ; S.E., V, 577 ; Fr., 472.

(2) Freud (S.). Weitere Bemerkungen über die Abwehr-Neuropsychosen, 1896. G.W., I, 387 ; S.E., III, 170.

(3) Freud (S.), a) Cf. G.W., VII, 60-1 ; S.E., IX, 35 ; Fr., 139-40. – b) G.W., VII, 60-1 ; S.E., IX, 35 ; Fr., 139-40.

(4) Cf. Jones (E.). Sigmund Freud : Life and Work, 1953-55-57, vol. II. Angl., Hogarth Press, Londres, 1955, 499 ; Fr., P.U.F., Paris, 472.

(5) Cf. Freud (S.). G.W., X, 256-8 ; S.E., XIV, 154-6 ; Fr., 82-6.

(6) Cf. Freud (S.). Der Mann Moses und die monotheistische Religion, 1939. G.W., XVI, 210-2 ; S.E., XXIII, 95-6 ; Fr., 145.

(7) Cf. Freud (S.). G.W., XIV, 173, n. ; S.E., XX, 142, n. ; Fr., 67, n.