Sentiment d’infériorité

= D. : Minderwertigkeitsgefühl. – En. : sense ou feeling of inferiority. – Es. : sentimiento de inferioridad. – I. : senso d’inferiorità. – P. : sentimento de inferioridade.

● Pour Adler, sentiment fondé sur une infériorité organique effective, Dans le complexe d’infériorité, l’individu cherche à compenser plus ou moins heureusement sa déficience. Adler accorde à un tel mécanisme une portée étiologique très générale valable pour l’ensemble des affections.

Selon Freud, le sentiment d’infériorité n’est pas électivement en rapport avec une infériorité organique. Il n’est pas un facteur étiologique dernier, mais doit être compris et interprété comme un symptôme.

◼ Le terme « sentiment d’infériorité » a, dans la littérature psychanalytique, une résonance adlérienne. La théorie d’Adler tente d’expliquer les névroses, les affections mentales et plus généralement la formation de la personnalité par des réactions à des infériorités organiques, si minimes soient-elles, morphologiques ou fonctionnelles apparues dès l’enfance : « Les défectuosités constitutionnelles et autres états analogues de l’enfance font naître un sentiment d’infériorité qui exige une compensation dans le sens d’une exaltation du sentiment de personnalité. Le sujet se forge un but final, purement fictif, caractérisé par la volonté de puissance, but final qui […] attire dans son sillage toutes les forces psychiques » (1).

A plusieurs reprises, Freud a montré le caractère partiel, insuffisant et pauvre de ces conceptions : « Qu’un homme soit un homosexuel ou un nécrophile, un hystérique souffrant d’angoisse, un obsessionnel enfermé dans sa névrose, ou un fou furieux, en chaque cas l’adepte de la psychologie individuelle d’inspiration adlérienne prétendra que le motif qui détermine son état, c’est qu’il veut se faire valoir, surcompenser son infériorité […] » (2 a).

Si une telle théorie des névroses n’est pas recevable du point de vue de l’étiologie, cela n’entraîne évidemment pas que la psychanalyse récuse l’importance, ni la fréquence du sentiment d’infériorité ni sa fonction dans l’enchaînement des motivations psychologiques. Sur son origine, Freud, sans traiter la question de façon systématique, a donné quelques indications : le sentiment d’infériorité viendrait répondre à ces deux dommages, réels ou fantasmatiques, que l’enfant peut subir : perte d’amour et castration : « Un enfant se sent inférieur s’il remarque qu’il n’est pas aimé, et il en est de même pour l’adulte. Le seul organe qui est réellement considéré comme inférieur est le pénis atrophié, le clitoris de la fille » (2 b).

Structuralement, le sentiment d’infériorité traduirait la tension entre le moi et le surmoi qui le condamne. Une telle explication souligne la parenté du sentiment d’infériorité avec le sentiment de culpabilité, mais rend difficile leur délimitation. Après Freud, plusieurs auteurs ont tenté cette délimitation. D. Lagache fait dépendre plus spécialement le sentiment de culpabilité du « système Surmoi – Idéal du moi » et le sentiment d’infériorité du moi idéal* (3).

Du point de vue clinique, on a souvent souligné l’importance des sentiments de culpabilité et d’infériorité dans les différentes formes de dépression. F. Pasche a tenté de spécifier une forme, selon lui particulièrement fréquente de nos jours, de « dépression d’infériorité » (4).

(1) Adler (A.). Über den nervôsen Charakler, 1912. Fr. : Le tempérament nerveux, Payot, Paris, 1955, 49.

(2) Freud (S.). Neue Folgeder Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse, 1933. – a) G.W., XV, 152 ; S.E., XXII, 141 ; Fr., 193. – b) G.W., XV, 71 ; S.E., XXII, 65 ; Fr., 92-3.

(3) Lagache (D.). La psychanalyse et la structure de la personnalité, in La psychanalyse, P.U.F., Paris, 1961, vol. VI, 40-8.

(4) Pasche (F.). De la dépression, in : R.F.P., 1963, n° 2-3, 191.