Subconscient ou subconscience

= D. : Unterbewusste, Unterbewusstsein. – En. : subconscious, subconsciousness. – Es. : subconsciente, subconciencia. – I. : subconscio. – P. : subconsciente, subconsciência.

● Terme utilisé en psychologie pour désigner soit ce qui est faiblement conscient, soit ce qui est en dessous du seuil de la conscience actuelle ou même inaccessible à celle-ci ; employé par Freud dans ses premiers écrits comme synonyme d’inconscient, le terme est rapidement rejeté en raison des équivoques qu’il favorise.

◼ Rares sont les textes où le « jeune Freud » a repris à son compte le terme de subconscient, relativement usuel en psychologie et en psychopathologie à la fin du siècle dernier, notamment pour rendre compte des phénomènes dits de « dédoublement de la personnalité » (α). On le trouvera dans l’article publié en français par Freud, Quelques considérations pour une élude comparative des paralysies motrices organiques et hystériques, en 1893, et dans un passage des Études sur l’hystérie (Studien über Hysterie, 1895) (1, (3). D’après le contexte, il ne semble pas qu’il y ait de différence à cette époque dans l’emploi freudien entre « subconscient » et ce qui est en train de se dégager sous le nom d’inconscient.

Très vite, le terme de subconscient est abandonné, et son emploi critiqué. « Nous devons éviter, écrit Freud dans L’interprétation du rêve (Die Traumdeutung, 1900), la distinction entre supraconscience et subconscience qu’affectionne tant la littérature contemporaine sur les psychonévroses, car une telle distinction semble insister précisément sur l’équivalence du psychisme au conscient » (2).

Une telle critique est reprise en plusieurs occasions, le texte le plus explicite étant ce passage dans Le problème de l’analyse par des non-médecins (Die Frage der Laienanalyse, 1926) : « Quelqu’un parle-t-il de subconscience, je ne sais s’il l’entend au sens topique : quelque chose qui se trouve dans l’âme au-dessous de la conscience, ou au sens qualitatif : une autre conscience, souterraine pour ainsi dire » (3, γ).

Si Freud rejette le terme de subconscient, c’est que celui-ci lui paraît impliquer la notion d’une « seconde conscience » qui, aussi atténuée qu’on la suppose, resterait en continuité qualitative avec les phénomènes conscients. Seul le terme d’inconscient peut, à ses yeux, par la négation qu’il contient, marquer le clivage topique entre deux domaines psychiques et la distinction qualitative des processus qui s’y déroulent (δ). Contre l’idée d’une seconde conscience « … l’argument le plus fort vient de ce que nous enseigne l’investigation analytique : une partie de ces processus latents possède des particularités et des caractères qui nous sont étrangers, nous semblent même incroyables et s’opposent directement aux propriétés bien connues de la conscience » (4).

▲ (α) La notion de subconscient fait notamment partie, comme on le sait, des notions fondamentales de la pensée de Pierre Janet. Les critiques que Freud formule à l’endroit du terme de subconscient, même si elles semblent viser Janet, peuvent difficilement être considérées comme une réfutation valable des conceptions de cet auteur. La distinction entre le « subconscient » de Janet et l’inconscient de Freud se fait moins sur le critère de la relation à la conscience que sur la nature du processus qui provoque le « clivage » du psychisme.

(β) On l’y trouve plus souvent sous la plume de Breuer.

(γ) L’indétermination que le terme de subconscient doit en partie à son préfixe se retrouve dans le Vocabulaire technique et critique de la philosophie de Lalande : le sens de « faiblement conscient » y est indiqué parallèlement à l’idée d’une « personnalité plus ou moins distincte de la personnalité consciente ».

(δ) On notera à ce propos que certains qui se déclarent acquis à la psychanalyse n’acceptent la notion d’inconscient que sous la dénomination de subconscient.

(1) a. Freud (S.). G.W., I, 54, 122, n. ; S.E.. I, à par. : II, 69, n. ; Fr., 53, n.

(2) Freud (S.). G.W., II-III, 620 ; S.E., V, 615 ; Fr., 500.

(3) Freud (S.). G.W., XIV, 225 ; S.E., XX, 198 ; Fr., 144.

(4) Freud (S.). Das Unbewusste, 1915. G.W., X, 269 ; S.E., XIV, 170 ; Fr., 100-1.