Complaisance somatique

= D. : somatisches Entgegenkommen. – En. : somatic compliance. – Es. : complacencia somätica. – I. : compiacenza somatica. – P. : compla-cência somätica.

● Expression introduite par Freud pour rendre compte du « choix de la névrose » hystérique et du choix de l’organe ou de l’appareil corporel sur lequel s’opère la conversion* : le corps – singulièrement chez l’hystérique – ou tel organe particulier fournirait un matériel privilégié à l’expression symbolique du conflit inconscient.

◼ Freud parle pour la première fois de complaisance somatique à propos du Cas Dora ; selon lui, il n’y a pas à choisir entre une origine psychique ou somatique de l’hystérie : « Un symptôme hystérique nécessite un apport des deux côtés ; il ne peut se produire sans une certaine complaisance somatique qui est fournie par un processus normal ou pathologique dans, ou relatif à, un organe du corps » (1 a). C’est cette complaisance somatique qui « … donne aux processus psychiques inconscients une issue dans le domaine du corps » (1 b) ; elle est de ce fait un facteur déterminant dans le « choix de la névrose »*.

S’il est bien vrai que la notion de complaisance somatique déborde largement le champ de l’hystérie et qu’elle amène à poser dans sa généralité la question de pouvoir expressif du corps et de son aptitude particulière à signifier le refoulé, il y aurait intérêt à ne pas confondre d’emblée les différents registres où la question est présente. Soit par exemple :

1. Une maladie somatique peut servir de point d’appel à l’expression du conflit inconscient ; c’est ainsi que Freud voit dans une affection rhumatismale d’une de ses patientes « … la maladie organique, prototype de sa reproduction hystérique ultérieure » (2).

2. L’investissement libidinal d’une zone érogène peut se déplacer, dans le cours de l’histoire sexuelle du sujet, sur une région ou un appareil corporels qui ne sont pas prédisposés par leur fonction à être érogènes (voir : Zone érogène) et n’en sont que plus aptes à signifier, sous une forme masquée, un désir en tant qu’il est refoulé.

3. Dans la mesure où l’expression « complaisance somatique » entend rendre compte non plus seulement du choix de tel organe du corps mais du choix du corps lui-même comme moyen d’expression, on est notamment amené à prendre en considération les vicissitudes de l’investissement narcissique du corps propre.

(1) Freud (S.). Bruchstück einer Hysterie-Analyse, 1905. – a) G.W., V, 200 ; S.E., VII, 40 ; Fr., 28.-6 ; G.W., V, 201 ; S.E., VII, 41 ; Fr., 29.

(2) Freud (S.). Studien über Hysterie, 1895. G.W., I, 211 ; S.E., II, 147 ; Fr., 116.