La genèse du « jus primae noctis »

J’ai toujours soupçonné que le droit du seigneur à déflorer toutes ses serves était un reliquat de l’époque patriarcale où le père de famille avait le droit de disposer de toutes les femmes de la maison. En faveur de cette thèse j’invoquerai — compte tenu de ce que je sais de l’identité entre l’autorité du père, celle du prêtre et celle de dieu — certaines cérémonies religieuses. Dans la région de Pondichéry la nouvelle épousée sacrifie sa virginité à l’idole. « Dans certaines contrées de l’Inde, ce sont les prêtres qui remplacent le dieu dans cette tâche. Le roi de Calcutta abandonne pour la première nuit la fille qu’il a choisie pour épouse au prêtre le plus respecté du royaume » (H. Freimark, « Occultismus und Sexualität », p. 75). Tout près de nous, en Croatie, l’on prétend que même de nos jours certains pères de famille se réservent le droit d’avoir des relations sexuelles avec leur bru jusqu’au moment où leur fils, marié très jeune, atteint la maturité. Il existe un parallèle neuro-pathologique entre ces coutumes ethniques et religieuses et les fantasmes généralement inconscients de nombreux névrosés qui, pendant l’acte sexuel, imaginent avoir eu leur père pour prédécesseur.