Agitation en fin de séance d’analyse

Lorsque la séance d’analyse touche à sa fin, le patient devient parfois agité. Il interrompt ses associations pour demander : « Il n’est pas encore quatre heures ? » ou en affirmant : « Je crois que la séance est déjà finie. » L’analyse de cette attitude a montré que le patient avait éprouvé un choc désagréable les fois précédentes, quand je lui avais soudain signifié la fin de la séance. Il s’installait chez le médecin comme s’il devait demeurer éternellement, en toute sécurité, auprès de son guide spirituel. Être brusquement arraché à cette illusion est susceptible de bouleverser le patient à tel point qu’il peut en venir à produire de légers symptômes spécifiques1. La question inquiète sur l’heure vers la fin de la séance est une mesure de protection contre ce choc émotionnel ; le patient préfère s’en aller de lui-même plutôt que d’être renvoyé. On trouve dans la vie quotidienne un comportement analogue à celui-ci dans la modestie excessive de certains individus pleins d’exigences. Ces derniers ne veulent « être à charge à personne », autrement dit ils fuient toute occasion où leur amour-propre pourrait se trouver blessé par l’impression d’être importuns. Le mécanisme de cette mesure n’est pas sans évoquer celui des phobies hystériques, qui sont également des mesures de protection contre les situations génératrices de déplaisir.


1 « Sensation de vertige en fin de séance analytique ».