Les fils de « tailleur »

On trouve, par rapport au nombre des patients, un pourcentage de cas extrêmement élevé parmi les névrosés masculins dont le père exerçait une profession qu’on pourrait qualifier en quelque sorte d’« imposante ». J’ai déjà indiqué ailleurs qu’il est particulièrement difficile pour l’enfant de détacher l’Idéal Paternel de la personne du père — étape nécessaire pour accéder à l’indépendance — quand le père lui-même occupe une position élevée dont les représentants font généralement l’objet d’un transfert des sentiments filiaux (princes, professeurs, grands esprits, etc.). C’est ce qui explique également, à mon avis, que les descendants directs des personnalités importantes et des génies « dégénèrent » si facilement. Mais il faut ajouter qu’il existe des professions qui ne jouissent nullement de cette estime particulière et qui n’en laissent pas moins des traces aussi vives, souvent indélébiles, dans la vie psychique des enfants. Il s’agit de professions dont l’exercice est lié au maniement d’outils pointus et coupants. En premier lieu vient la profession de tailleur, puis celles de coiffeur, de soldat, de boucher, peut-être aussi celle de médecin. Par exemple, sur les sept patients que j’ai actuellement en traitement, deux sont des fils de tailleur. Il s’agit bien entendu chez ces deux patients, comme d’ailleurs dans tous les cas analogues que j’ai pu observer, d’un accroissement extraordinaire de l'angoisse de castration qui avait entraîné par la suite une paralysie de la puissance sexuelle.