12. De la communication et de la non-communication suivi d’une étude de certains contraires29 (1963)

L’élément de toute pensée constitue le noyau d’un monde intellectuel (Keats)

J’ai placé cette remarque de Keats en épigraphe parce que je sais que ce travail ne contient qu’une seule idée, plutôt évidente, d’ailleurs ; j’ai saisi cette occasion d’exposer à nouveau mes formulations relatives aux premiers stades du développement affectif du nourrisson. Je décrirai tout d’abord comment s’établit la relation d’objet pour, progressivement, en arriver à traiter le sujet de la communication.

Alors que, sans partir d’un point donné, je préparais cet article pour une Société étrangère, j’en suis rapidement venu, à ma grande surprise, à revendiquer le droit de ne pas communiquer. C’était une protestation sortie du tréfonds de moi-même contre le fantasme angoissant d’être exploité à l’infini. Dans un autre langage, ce serait le fantasme d’être mangé ou avalé. Dans celui de cet article, c’est le fantasme d’être découvert. Il a été beaucoup écrit sur les silences du patient en psychanalyse, mais je n’étudierai ni ne résumerai ici et maintenant ces travaux, pas plus que je n’essaierai de traiter à fond le sujet de la communication. En fait, je m’accorderai une très grande latitude pour suivre mon thème où qu’il me mène.

J’aborderai ensuite un thème subsidiaire : l’étude des contraires. Mais il me faut tout d’abord redéfinir quelques-unes de mes vues sur l’instauration des premières relations objectales.

La relation d’objet

Si l’on examine la communication ainsi que la capacité de communiquer, on s’aperçoit qu’elles sont étroitement liées à la relation d’objet, qui est d’ailleurs un phénomène complexe. L’évolution de la capacité d’établir des relations objectales n’est pas simplement une question de processus de maturation ; en effet, comme toujours, la maturation (en psychologie) exige, pour s’accomplir, un environnement favorable et est subordonnée à la qualité de celui-ci.

Lorsqu’il n’y a ni carence ni privation prédominante, et que l’on peut donc considérer que dans le cadre de la théorie relative aux stades les plus archaïques et les plus formateurs de la croissance humaine l’environnement favorable va de soi, il apparaît peu à peu chez l’individu des modifications touchant à la nature de l’objet.

L’objet, tout d’abord phénomène subjectif, devient un objet perçu objectivement. Ce processus prend du temps ; il faut des mois et même des années avant que l’individu puisse s’adapter aux carences et aux privations, sans distorsion des processus essentiels qui sont à la base de la relation d’objet.

À ce stade primitif, l’environnement favorable permet au nourrisson d’avoir une expérience vécue de l’omnipotence. J’entends par là quelque chose qui est plus que le contrôle magique car, pour moi, ce terme englobe l’aspect créatif de l’expérience. L’adaptation au principe de réalité découle naturellement de l’expérience de l’omnipotence, dans le domaine du moins d’une relation à des objets subjectifs.

Margaret Ribble (1943), qui s’est occupée de cette question, n’a pas vu, je pense, une chose importante : l’identification de la mère à son nourrisson (ce que j’appelle le stade temporaire de « préoccupation maternelle primaire »30.

« Au cours de sa première année de vie, le petit enfant ne devrait pas être exposé à la frustration ou à la carence, car ces facteurs sont immédiatement cause d’une tension exagérée, et ils stimulent des activités de défense latente. Si les effets de ces expériences ne sont pas compensés habilement, il peut en résulter des troubles du comportement. Chez le nourrisson, il faut que le principe du plaisir prédomine et ce que nous pouvons faire sans risque, c’est équilibrer ses fonctions et les faciliter. Nous pouvons apprendre â un petit enfant à s’adapter à ce que nous, adultes, connaissons comme le principe de réalité, seulement après qu’il a atteint un degré de maturité considérable. »

Elle traite là du sujet des relations objectales ou des satisfactions du ça, mais je pense qu’elle pourrait aussi souscrire aux hypothèses plus modernes concernant la relation au moi (ego-relatedness).

Le petit enfant qui vit l’expérience de l’omnipotence sous l’égide d’un environnement favorable crée et recrée l’objet : ainsi, il édifie peu à peu en lui le processus qui acquiert le soutien de la mémoire.

Ce qui deviendra un jour l’intellect exerce, sans aucun doute, une influence sur l’aptitude que l’individu au stade d’immaturité manifestera pour franchir ce tournant très difficile qui consiste à passer de la relation avec des objets subjectifs à la relation avec des objets perçus objectivement. J’ai, par ailleurs, déjà émis l’hypothèse que l’élément qui se trouve par la suite à l’origine des résultats de test de l’intelligence joue un rôle dans l’aptitude dont l’individu fait preuve pour surmonter les carences relatives de l’environnement dans la sphère de l’adaptation de cet environnement.

S’il est en bonne santé, le petit enfant crée l’objet qui, en fait, est à proximité, prêt à être trouvé ; mais alors l’objet est créé et non pas trouvé. Cet aspect fascinant de la relation d’objet normale a été le thème de plusieurs de mes articles, y compris celui qui traite de3 « Objets transitionnels et phénomènes transitionnels » (1951)31. Un bon objet n’est bon pour le nourrisson qu’à la condition d’être créé par lui ; irai-je jusqu’à dire que cette création est issue du besoin ? Pourtant, pour être créé par lui, il faut que l’objet soit trouvé ; c’est un paradoxe qu’il faut accepter comme tel sans tenter de l’éliminer habilement par une formulation autre.

Si l’on se place du point de vue de la situation de l’objet, il y a un autre élément important : des satisfactions sont moins efficaces que des non-satisfactions pour amener l’objet à passer de « subjectif » à « perçu objectivement ». C’est ainsi que la satisfaction tirée d’une tétée a moins de valeur pour l’instauration d’une relation objectale que si l’objet est, pour ainsi dire, un obstacle. La satisfaction instinctuelle donne au petit enfant une expérience vécue personnelle, mais affecte à peine la position de l’objet. J’ai eu le cas d’un patient schizoïde pour qui les satisfactions éliminaient l’objet, si bien qu’il ne pouvait pas s’étendre sur le divan : en effet, pour lui, cela reproduisait la situation des satisfactions infantiles qui éliminaient la réalité externe ou l’extériorité des objets. J’ai exprimé cela d’une autre façon, par ailleurs, en disant que le nourrisson a le sentiment d’être « dupé » par une tétée satisfaisante. On s’aperçoit qu’il est possible que l’angoisse d’une mère qui nourrit soit fondée sur la peur d’être attaquée et détruite si le nourrisson n’est pas satisfait. Après une tétée, le nourrisson satisfait n’est plus dangereux pendant quelques heures : il a perdu son investissement objectai.

Par contre, la pulsion agressive du nourrisson, celle qui appartient à l’érotisme musculaire, au mouvement et aux forces irrésistibles rencontrant des objets immuables – cette agressivité et les idées qui y sont liées, conduit elle-même au processus qui fait situer l’objet, et ce de façon distincte du « self » dans la mesure où le « self » a commencé à émerger comme une entité.

Dans la sphère du développement antérieur au moment où la fusion est achevée, il faut tenir compte du comportement du nourrisson qui réagit à des carences de l’environnement, ayant la charge de favoriser sa croissance, ou de la mère-environnement. Il se peut qu’on prenne cela pour de l’agressivité. Il s’agit en fait de détresse.

Lorsque le nourrisson en bonne santé a effectué la fusion, l’aspect frustrant du comportement de l’objet est un facteur important dans l’éducation du petit enfant relative à l’existence d’un monde non-moi. Les carences de l’adaptation de l’environnement ont une valeur positive dans la mesure où le nourrisson peut haïr l’objet, c’est-à-dire peut conserver l’idée d’un objet éventuellement capable de le satisfaire tout en reconnaissant que cet objet n’a pas réussi à se comporter d’une façon satisfaisante. De la manière dont je le comprends, c’est là de la bonne théorie psychanalytique. Ce qu’on néglige souvent en définissant cet élément de la théorie, c’est qu’il faut que le développement chez le nourrisson soit considérable, ou que la fusion soit effectuée pour que la carence de l’environnement puisse, en conséquence, jouer un rôle positif, permettant de la sorte à l’enfant de commencer à connaître un monde qui est repoussé. C’est délibérément que je ne le qualifie pas de « monde extérieur ».

Dans une croissance normale, il existe un stade intermédiaire, où l’expérience la plus importante pour le patient par rapport à un objet bon ou pouvant le satisfaire est son refus de l’objet. Le refus fait partie du processus de création de cet objet. (Ce qui est à l’origine d’un problème très difficile pour le thérapeute dans les cas d’anorexie mentale).

Ce sont nos patients qui nous apprennent ces choses et je suis gêné d’exposer ces hypothèses comme si elles étaient miennes. Tous les analystes connaissent cette difficulté et, en un sens, il est plus malaisé pour un analyste que pour une autre personne d’être original parce que, tout ce que nous disons, nous l’avons appris hier, mis à part le fait que nous prenons connaissance des articles de nos collègues et que nous avons des discussions entre nous. Dans notre travail, particulièrement dans le travail concernant les aspects schizoïdes plutôt que les aspects psychonévrotiques de la personnalité, même si nous avons le sentiment de savoir nou3 attendons en fait que les patients nous disent ce qu’il en est, faisant ainsi eux-mêmes, sur un mode créateur, l’interprétation que nous aurions pu faire. Si nous présentons une interprétation qui est un produit de notre habileté et de notre expérience, le patient est alors dans l’obligation de la refuser ou de la détruire. C’est un pa – ' tient anorexique qui m’enseigne actuellement la substance de ce que j’expose maintenant tel que je l’écris.

Théorie de la communication

Ces éléments, bien que je les ai exposés en termes de relation d’objet, me paraissent vraiment influencer l’étude de la communication. En effet, il se produit tout naturellement un changement dans le but et dans les moyens de la communication lorsque l’objet se transforme et le subjectif est alors perçu objectivement dans la mesure où l’enfant abandonne progressivement la sphère de l’omnipotence en tant qu’expérience vivante. Dans la mesure où l’objet est subjectif, il n’est pas nécessaire d’être explicite pour communiquer avec lui. Dans la mesure où il est perçu objectivement, la communication est soit explicite, soit muette. C’est alors qu’apparaissent deux choses nouvelles : l’utilisation par l’individu des modes de communication avec le plaisir concomitant, et le « self » de l’individu qui ne communique pas ou plutôt le noyau personnel du « self » qui est un élément isolé authentique.

Une complication surgit dans ce raisonnement du fait que le nourrisson élabore simultanément deux sortes de relations, la relation avec la mère-environnement et la relation avec l’objet, qui devient la mère-objectale. La mère-environnement est humaine et la mère objectale est une chose, bien qu’il s’agisse aussi de la mère ou d’une partie d’elle.

L’échange de communication entre le nourrisson et la mère-environnement est sans aucun doute éminemment subtil et son étude nous entraînerait à étudier la mère autant que le nourrisson. Je ne dirai qu’une chose. Peut-être, pour le nourrisson, la communication avec la mère-environnement est-elle mise en évidence par l’expérience qu’il a de son inconstance. Le nourrisson est ébranlé et la mère peut prendre cela comme une communication si, étant capable de se mettre à sa place, elle peut dénoter cette réaction d’après son état clinique.

Lorsque c’est la constance qui prédomine chez la mère, on peut dire du nourrisson qu’il communique simplement en continuant à exister, en continuant à se développer selon les processus personnels de maturation, mais cela mérite à peine d’être qualifié de communication.

Revenons à la relation d’objet : à mesure que l’enfant perçoit l’objet sur un mode objectif, il devient intéressant pour nous d’opposer la communication à l’un de ses contraires.

L’objet perçu objectivement

L’objet perçu objectivement devient peu à peu une personne avec des objets partiels. À l’opposé de la communication, il y a :

1° tout simplement ne pas communiquer ;

2° ne pas communiquer d’une façon active ou réactionnelle.

Le premier est facile à comprendre. Ne pas communiquer équivaut alors au repos. C’est un état naturel qui disparaît pour se transformer en communication et qui réapparaît aussi naturellement. Pour étudier le second, il est nécessaire de penser à la fois en termes de pathologie et de santé. Je parlerai d’abord de la pathologie.

Jusqu’ici j’ai présupposé un environnement favorable, bien adapté aux besoins émanant du fait d’exister et également des processus de maturation. Dans la psycho-pathologie utilisée ici pour les besoins de mon raisonnement, cet environnement a fait défaut à certains égards et jusqu’à un certain degré et, en matière de relation d’objet, une scission s’est instaurée chez le nourrisson. D’un côté, il établit une relation avec un objet offert et, dans ce but, il élabore ce que j’ai appelé un faux « self » ou « self » obéissant. De l’autre, il a une relation avec un objet subjectif ou avec des phénomènes simples basés sur des expériences corporelles, celles-ci étant à peine influencées par un monde perçu objectivement. (Cliniquement, ne voyons-nous pas cela, par exemple, dans les mouvements de balancement autistique et dans la peinture abstraite qui est une communication en cul-de-sac et qui n’a pas de portée générale ?)

De cette manière, j’introduis l’idée d’une communication avec des objets subjectifs et, en même temps, l’idée d’une non-communication active avec ce qui est perçu objectivement par le nourrisson. Il ne semble pas y avoir de doute que, malgré son inutilité du point de vue de l’observateur, la communication en cul-de-sac (communication avec des objets subjectifs) porte en elle tout le sens du réel. Par contre, la communication avec le monde qui s’établit à partir d’un faux « self » n’est pas éprouvée comme réelle. Ce n’est pas une communication véritable parce qu’elle n’implique pas le noyau du « self », ce qu’on pourrait appeler le vrai« self ».

Donc, pour l’étude du cas extrême, nous en arrivons à la psychopathologie d’une maladie grave, la schizophrénie infantile. Toutefois, ce que nous devons étudier, ce sont ses caractéristiques dans la mesure où on peut les trouver chez l’individu plus normal, celui dont le développement n’a pas été déformé par une carence importante de l’environnement favorable et chez lequel les processus de maturation, ont eu l’occasion de se développer.

Il est facile de voir que dans les cas de maladie moins grave, où l’on trouve un mélange de pathologie et de santé, on doit s’attendre à une non-communication active (repli clinique) du fait que la communication est si facilement associée à un certain degré de relations objectales fausses ou fondées sur l’obéissance. Il faut qu’une communication silencieuse ou secrète avec des objets subjectifs, qui portent en eux un sentiment du réel, prenne périodiquement le dessus pour rétablir l’équilibre.

Je suppose que chez l’individu normal (mature pour ce qui est de l’évolution des relations objectales) se trouve le besoin d’une chose qui correspond à l’état de la personne morcelée chez laquelle une partie morcelée communique silencieusement avec des objets subjectifs. On peut émettre l’idée que les relations et les communications ayant une signification sont silencieuses.

Cependant, chez des personnes bien portantes, la santé réelle peut se décrire autrement qu’en termes de résidus de ce qui aurait pu être l’esquisse d’une maladie. Il devrait être possible dans l’établissement d’un sentiment de la réalité de définir de façon positive un emploi sain de la non-communication. Ce faisant, il s’avérera peut-être nécessaire de parler en termes de vie culturelle de l’homme, cette vie culturelle constituant chez l’adulte l’équivalent des phénomènes transitionnels de la petite enfance et de l’enfance lorsque la communication s’établit sans qu’on puisse dire que l’état de l’objet est subjectif ou perçu objectivement. Je pense que le psychanalyste n’a pas d’autre langage pour parler des phénomènes culturels. Il peut parler des mécanismes mentaux de l’artiste mais non de l’expérience de la communication dans l’art et dans la religion, à moins de vouloir musarder dans ce domaine intermédiaire dont l’ancêtre est l’objet transitionnel de l’enfant.

Je pense qu’il est possible de détecter chez tous les artistes un dilemme inhérent qui relève de la coexistence des deux courants : le besoin urgent de communiquer et le besoin encore plus urgent de ne pas être trouvé. Cela explique peut-être le fait que nous ne pouvons pas concevoir qu’un artiste vienne à bout de la tâche qui occupe toute sa nature.

Aux tout premiers stades du développement affectif de l’être humain, la communication silencieuse concerne l’aspect subjectif des objets. Cela a un rapport, je suppose, avec le concept de Freud 158 relatif à la réalité psychique et à l’inconscient qui ne peut jamais devenir conscient. J’ajouterai que, normalement, il y a un enchaînement direct de cette communication silencieuse au concept des expériences internes que Mélanie Klein décrit si clairement. Dans ses descriptions de cas, elle montre que certains aspects du jeu de l’enfant, par exemple, sont des expériences « intérieures ». C’est-à-dire qu’il y a eu toute une projection d’une constellation de la réalité psychique intérieure de l’enfant, si bien que la pièce, la table et les jouets sont des objets subjectifs et que l’enfant et l’analyste sont tous deux présents dans cette parcelle du monde intérieur de l’enfant. Ce qui est à l’extérieur de la pièce est à l’extérieur de l’enfant. Il s’agit d’un phénomène bien connu en psychanalyse, bien que certains analystes le décrivent de différentes façons. Il est lié au concept de la période de « lune de miel » au commencement de l’analyse, à la clarté particulière de certaines premières séances et à la dépendance dans le transfert. Il rejoint également le travail que je fais moi-même sur l’exploitation complète des premières séances dans les thérapies brèves d’enfants, particulièrement d’enfants antisociaux pour lesquels une analyse complète n’est pas possible ni même toujours souhaitable.

Le but de cet article, cependant, n’est pas de devenir clinique, mais de remonter jusqu’à une version très archaïque de ce que Mélanie Klein a appelé « interne ». Au commencement, le mot interne ne peut être utilisé dans le sens kleinien étant donné que le nourrisson n’a pas encore établi une frontière définie du moi, et qu’il n’a pas encore maîtrisé les mécanismes mentaux de la projection et de l’introjection. À ce premier stade, « interne » ne signifie que personnel, personnel dans la mesure où l’individu est une personne avec un « self » en passe d’évoluer. L’environnement favorable, ou le soutien du moi de la mère à l’égard du moi immature du nourrisson, sont encore des parties essentielles de l’enfant en tant que créature viable.

Lorsqu’on considère la psychologie du mysticisme, on a l’habitude de chercher à comprendre le repli du mystique dans un monde personnel intérieur d’introjects élaborés. On n’a peut-être pas accordé assez d’attention à la retraite du mystique vers une position d’où il peut communiquer secrètement avec des objets et des phénomènes subjectifs, la perte du contact avec le monde de la réalité partagée étant compensée par un bénéfice du fait qu’on se sent réel.

Voici le rêve d’une patiente : deux de ses amies étaient agents en douane à l’endroit où elle travaillait. Elles examinaient tout ce qui appartenait à la patiente et à ses collègues avec un soin minutieux absurde. Ensuite, elle conduisait une voiture qui passait par accident à travers une glace.

Il y avait des détails dans le rêve qui indiquaient non seulement que ces deux femmes n’avaient pas le droit d’être là et de faire cet examen, mais aussi qu’elles se ridiculisaient par leur façon d’examiner chaque chose. Il devint clair que la patiente se moquait d’elles. En fait, elles ne pouvaient parvenir au « self » secret. Elles représentaient la mère qui ne permet pas à l’enfant d’avoir son secret. La patiente me raconta que dans son enfance (à neuf ans) elle avait un livre de classe volé dans lequel elle collectionnait des poèmes et des dictons. Sur la page de garde elle avait écrit : « Mon livre intime », et sur la première page : « Ce qu’un homme pense au profond de son cœur, tel il est. » Sa mère lui avait demandé : « Où as-tu trouvé cette pensée ? » C’était mal parce que cela voulait dire que la mère avait lu son livre. Tout aurait été bien si elle l’avait lu, mais sans en parler.

Nous avons là l’image d’un enfant établissant un « self » intime qui ne communique pas et qui, en même temps, désire communiquer et être trouvé. C’est un jeu élaboré de cache-cache dans lequel se cacher est un plaisir, mais n’être pas trouvé est une catastrophe.

Un autre exemple, qui ne m’impliquera pas dans une description trop profonde ou trop détaillée, me vient d’une consultation de diagnostic avec une jeune fille de dix-sept ans. Sa mère a peur qu’elle ne devienne Schizophrène car c’est dans la famille, mais au moment dont je parle on peut dire qu’elle traverse les tourments et les dilemmes qui sont du ressort de l’adolescence.

Voici un extrait de l’entretien :

X. continua à parler de la glorieuse irresponsabilité de l’enfance.

Elle me dit : « Vous voyez un chat et vous êtes avec lui. C’est un sujet et non un objet. »

Je lui dis : « C’est comme si vous viviez dans un monde d’objets subjectifs. »

Elle me répondit : « C’est une bonne façon de le dire. C’est pourquoi j’écris de la poésie. Cette sorte de chose est le fondement de la poésie. »

Elle ajoute : « Naturellement, ce n’est qu’une théorie en l’air que j’ai, mais il me semble que c’est comme ça. Cela explique pourquoi ce sont les hommes qui écrivent plus de poésie que les femmes.

Les femmes passent tellement de temps à s’occuper d’enfants ou à avoir des bébés que la vie imaginative et l’irresponsabilité passent à leurs enfants.

Nous parlâmes ensuite des ponts qu’il ne faut pas rompre entre la vie imaginative et l’existence quotidienne. Elle avait tenu un journal à l’âge de douze ans et, de nouveau, à quatorze ans. Chaque fois, d’après elle, pour une période de sept mois. Elle me dit : « Maintenant, je n’écris ce que je ressens que sous forme de poèmes. Dans la poésie, il y a quelque chose qui s’exprime et se cristallise », et nous comparâmes cela à l’autobiographie qui. d’après elle, appartient à un âge plus tardif.

Elle me dit : « Il y a une ressemblance entre la vieillesse et l’enfance.

Lorsqu’elle a besoin de jeter un pont pour rejoindre son imagination enfantine, il faut que cela se cristallise dans un poème. Cela l’ennuierait d’écrire une autobiographie. Elle ne publie pas ses poèmes, ne les montre même à personne, parce que. bien qu’elle aime chacun d’eux quelque temps, elle cesse vite de s’y intéresser. Elle a toujours été capable d’écrire des poèmes plus facilement que ses amies à cause d’une habileté technique qu’elle semble posséder naturellement. Mais elle ne s’intéresse pas à la question de savoir s’ils sont vraiment bons, c’est-à-dire si d’autres personnes les trouveraient bons.

Je pense que, chez l’individu bien portant, il y a un noyau de la personnalité qui correspond au vrai « self » de la personnalité morcelée. Je pense que ce noyau ne communique jamais avec le monde des objets perçus et que l’individu sait qu’il ne doit jamais entrer en communication et qu’il ne doit pas être influencé par la réalité extérieure. C’est là le point essentiel de mon raisonnement, l’élément de pensée qui constitue le noyau d’un monde intellectuel et celui de mon article. Bien que des personnes en bonne santé communiquent et soient heureuses de communiquer, l’opposé est également vrai. Chaque individu est un élément isolé en état de non-communication permanente, toujours inconnu, jamais découvert en fait.

Au cours de la vie, dans l’existence, ce fait brut est adouci par l’expérience partagée qui appartient à tout le domaine de l’expérience culturelle. Au cœur de chaque personne se trouve un élément de non-communication qui est sacré et dont la sauvegarde est très précieuse. Laissant de côté pour le moment les expériences vécues encore plus précoces et bouleversantes de carence de la mère-environnement, je dirai que les traumatismes vécus qui conduisent à l’organisation de défenses primitives sont du ressort d’une menace à l’égard du noyau isolé – menace d’être trouvé, modifié, d’entrer en communication. La défense consiste à dissimuler encore davantage le « self » secret et va même à l’extrême jusqu’à sa projection et sa dissémination infinie. Être violé et mangé par des cannibales, tout ceci n’est que bagatelle comparé à la violation du noyau du « self », à la modification des éléments centraux du « self » par une communication qui se glisse à travers les défenses. À mon avis, ce serait le péché contre le « self ». Nous pouvons comprendre la haine que les gens ont eue contre la psychanalyse qui a pénétré si loin dans la personnalité humaine, et qui représente une menace à l’égard du besoin de l’individu d’être secrètement isolé. La question est celle-ci : comment être isolé sans avoir recours pour autant à des éléments d’isolation ?

Quelle est la réponse ? Devons-nous cesser de tenter de comprendre les êtres humains ? La réponse pourrait venir des mères qui ne communiquent jamais avec leur nourrisson sauf dans la mesure où elles sont des objets subjectifs. Lorsque les mères sont perçues objectivement, leur nourrisson est devenu maître de différentes techniques de communication indirecte, dont la plus évidente est l’emploi du langage. Une période de transition existe cependant et elle m’a particulièrement intéressé ; c’est celle dans laquelle objets et phénomènes transitionnels ont une place et commencent à instaurer pour le nourrisson l’utilisation de symboles.

À mon avis, un élément essentiel au développement du moi se situe dans la sphère de la communication de l’individu avec des phénomènes subjectifs, car c’est uniquement cette communication-là qui donne le sentiment du réel.

Dans le cas où les circonstances sont les plus favorables possible, le développement s’effectue et l’enfant dispose alors de trois modes de communication : une communication qui ne cessera jamais d’être silencieuse, une communication qui est explicite, indirecte, et est source de plaisir, et cette troisième forme intermédiaire qui du jeu passe à la vie culturelle quelle qu’elle soit.

La communication silencieuse a-t-elle un lien avec le concept du narcissisme primaire ?

En pratique, il y a donc quelque chose dont nous devons tenir compte dans notre travail : la non-communication du patient est une contribution positive. Nous devons nous poser cette question : notre technique permet-elle au patient de nous communiquer qu’il ou elle ne communique pas ? Pour que cela se produise, nous devons être prêts en tant qu’analystes à comprendre le signal : « Je ne communique pas » et être capables de le distinguer du signal de détresse qui est associé à un échec de la communication. Cela rejoint l’idée d’être seul en présence de quelqu’un, ce qui est tout d’abord un événement naturel dans la vie de l’enfant ; ultérieurement, l’individu acquiert la capacité de repli sans que l’identification à l’objet qui est le point de départ du repli soit perdue pour autant. C’est alors l’aptitude à se concentrer sur une tâche.

Maintenant que j’ai développé le point essentiel de mon raisonnement, je pourrais m’en tenir là. Pourtant, je souhaiterais étudier ce que sont les contraires de la communication.

Les contraires

La communication a deux contraires : la non-communication simple et la non-communication active ou, pour prendre les choses dans l’autre sens, la communication peut provenir tout simplement de la non-communication, en tant que transition naturelle, ou elle peut être la négation du silence ou la négation d’une non-communication active ou réactionnelle.

Dans le cas d’une psychonévrose nette, il n’y a pas de difficulté parce que toute l’analyse se fait par l’intermédiaire de la verbalisation. C’est ce que le patient et l’analyste désirent. Mais une analyse où la personnalité du patient comprend un élément caché ne peut que trop facilement faire place à une collusion sans fin de l’analyste avec la négation que le patient fait de sa non-communication. Une telle analyse devient ennuyeuse à cause de l’absence de résultats en dépit du bon travail effectué. Dans cette sorte d’analyse, il se peut qu’une période de silence s’avère la contribution la plus positive dont le patient soit capable, l’analyste étant alors impliqué dans un jeu d’attente. Naturellement, on peut interpréter des mouvements, des gestes et toutes sortes de détails du comportement, mais dans le type de cas auquel je pense, ce que l’analyste a de mieux à faire, c’est d’attendre.

Plus dangereux cependant, dans une analyse, est l’état de choses dans lequel le patient permet à l’analyste d’aborder les couches les plus profondes de la personnalité de l’analysé en raison de sa position en tant qu’objet subjectif ou bien de la dépendance du patient dans la psychose de transfert. Le danger ici, c’est que l’analyste interprète au lieu d’attendre que le patient trouve seul, d’une manière créatrice. C’est seulement alors, quand l’analyste ne s’est pas transformé d’objet subjectif en objet perçu objectivement que la psychanalyse est dangereuse. Le risque peut être évité si nous savons comment nous comporter. Si nous attendons, le patient en vient à nous percevoir objectivement, à son heure. Si, par contre, nous ne parvenons pas à nous comporter d’une manière qui facilite le processus analytique du patient (qui est l’équivalent du processus de maturation du nourrisson et de l’enfant), nous devenons soudainement non-moi pour le patient, et alors, nous en savons trop et nous sommes dangereux parce que nous sommes trop près d’une communication avec le noyau calme et silencieux de l’organisation du moi du patient.

C’est pour cette raison que nous trouvons bon, même dans le cas de l’analyse d’une psychonévrose sans problème, d’éviter les contacts en dehors de l’analyse. Pour un patient schizoïde ou dans un cas limite, la façon de manier les contacts extra-transférentiels devient pour beaucoup une partie de notre travail avec le patient.

On pourrait discuter ici le but de l’interprétation de l’analyste. Quant à moi, j’ai toujours éprouvé le sentiment que l’interprétation a une fonction importante, qui est d’établir les limites de la compréhension de l’analyste.

Les individus en tant qu’êtres isolés

Je mets en avant l’idée d’un isolement permanent de l’individu et j’insiste sur son importance. Je soutiens que, dans le noyau de l’individu, il n’y a pas de communication avec le monde non-moi d’une façon ou d’une autre. Là, la quiétude est liée au silence. Cela nous amène aux écrits de ceux qui ont été reconnus comme les penseurs de l’univers. Soit dit en passant, j’aimerais mentionner l’exposé très intéressant que fait Michel Fordham, du concept du « Self », tel qu’il apparaît dans les écrits de Jung. Fordham écrit : « Le fait demeure que l’expérience primordiale se produit dans la solitude ». Bien entendu, ce dont je parle se trouve aussi dans The 164 inner World of Man de Wicks (1938). Dans cet ouvrage, cependant, il n’est pas toujours certain que la distinction soit faite entre le repli pathologique et la communication du noyau du « self » qui, lui, est sain (cf. Laing, 1961).

Parmi les psychanalystes, on peut trouver de nombreuses références à l’idée d’un noyau « silencieux, quiet » de la personnalité et à l’idée que l’expérience primordiale se produit dans la solitude. Habituellement, pourtant, les analystes ne s’intéressent pas à cet aspect particulier de la vie. Parmi nos proches confrères, c’est peut-être Ronald Laing qui s’est le mieux mis en demeure, de propos délibéré, de décrire « le moyen de rendre patent le « self » latent », ce qui va de pair avec une répugnance à se démasquer (cf. Laing 1961, p. 117).

Ce thème de l’individu qui est un isolé a son importance dans l’étude de la toute première enfance et des psychoses et, également, dans celle de l’adolescence. Il y a de nombreuses manières de décrire un garçon ou une fille qui arrive à la puberté et Pune d’elles concerne l’adolescent en tant qu’être isolé. Cette préservation de l’isolement personnel fait partie de la recherche d’une identité, et de l’instauration d’une technique personnelle de communication qui ne conduise pas à violer le » self » central. C’est peut-être l’une des raisons pour laquelle les adolescents évitent généralement la cure psychanalytique, bien qu’ils s’intéressent aux théories psychanalytiques. Ils éprouvent le sentiment que la psychanalyse les violera, non pas sexuellement, mais spirituellement. Dans la pratique, l’analyste peut éviter de confirmer les craintes de l’adolescent à cet égard.

L’analyste d’un adolescent doit toutefois s’attendre à être mis à l’épreuve à fond et il doit être prêt à utiliser une communication de nature indirecte et à reconnaître une non-communication simple.

Durant l’adolescence, lorsque l’individu subit les changements pubertaires et n’est pas tout à fait prêt à faire partie de la communauté adulte, il y a un renforcement des défenses contre le fait d’être trouvé, c’est-à-dire d’être trouvé avant d’être là pour être trouvé. Ce qui est vraiment personnel, ce qui est éprouvé comme réel doit être défendu à tout prix, même si cela signifie que, pour un temps, l’individu refuse de voir la valeur du compromis. Les adolescents forment des agrégats plutôt que des groupes, et à force de se ressembler, ils accentuent la solitude essentielle de chacun. Du moins, il me semble.

À tout cela est liée la crise de l’identité. Wheelis, qui s’est attaqué aux problèmes d’identité, expose (1958) clairement et brutalement le problème du choix de la profession chez l’analyste et le rattache à sa solitude et à son besoin d’intimité qui, dans le travail analytique, ne peuvent conduire nulle part. L’analyste qui me paraît le plus profondément au fait de ces problèmes est Erik Erikson. Il traite ce thème dans l’épilogue de son ouvrage Yming Mm Luther (1938) et aboutit à cette sentence : « La paix provient de l’espace intérieur » (c’est-à-dire non pas de l’exploration de l’espace extérieur et de ce qui s’ensuit).

Avant de terminer, je voudrais parler encore une fois des contraires qui sont du domaine de la négation. Mélanie Klein a utilisé la négation dans le concept de la défense maniaque où la dépression qui est un fait est niée. Bion (1963) a parlé de certaines formes de déni dans son article sur la pensée et de Monchaux (1962) a développé ce thème dans son commentaire de l’article de Bion.

Si je considère l’idée d’être en vie, il me faut tenir compte de deux contraires au moins, l’idée de mort, comme dans la défense maniaque et la simple absence de vie. C’est là que le silence équivaut à la communication et l’immobilité, au mouvement.

En m’appuyant sur cette idée, il m’est possible de dépasser mon sujet essentiel pour parvenir à la théorie des instincts de vie et de mort. Je vois que ce que je ne peux accepter, c’est que la vie ait la mort comme opposé, sauf cliniquement dans la psychose maniaco-dépressive et dans le concept de la défense maniaque où la dépression est niée et repoussée. Dans le développement du nourrisson, le fait de vivre apparaît et s’établit à partir d’une non-existence : être devient un fait qui remplace la non-existence, comme la communication naît du silence. La mort ne prend un sens dans les processus vivants du nourrisson que lorsque la haine est apparue, c’est-à-dire plus tard, à une date très éloignée des phénomènes que nous pouvons utiliser pour construire une théorie des racines de l’agressivité.

Pour moi, par conséquent, je ne trouve pas valable d’accoler le mot « mort » au mot « instinct » et encore moins valable de parler de la haine et de la colère en utilisant les termes d’instinct de mort.

Il est difficile de parvenir aux racines de l’agressivité, mais utiliser des contraires tel que la vie et la mort qui ne signifient rien au stade d’immaturité considéré ne nous est d’aucune aide pour ce faire.

L’autre contraire que je désire mentionner à la fin de cet article s’oppose de façon très différente au fait d’être « en vie » ou d’être « plein de vie ». Dans la majorité des cas, ce contraire n’opère pas. Habituellement, la mère d’un nourrisson a des objets internes vivants et le nourrisson s’intègre dans la préconception qu’a la mère d’un enfant vivant. Normalement, la mère n’est ni déprimée, ni dépressive. Dans certains cas, cependant, l’objet interne central de la mère est mort au moment critique de la toute première enfance de son enfant et son humeur est celle d’un état dépressif. Dans ce cas, le nourrisson doit soit s’adapter au rôle d’un objet mort, soit être « plein de vie » pour compenser l’idée préconçue de la mère, qui porte en elle l’idée de l’état de mort de l’enfant. C’est là que nous trouvons un facteur anti-vie qui découle de la dépression de la mère et est l’opposé de cet état très vivant de l’enfant. Dans un cas semblable, la tâche du nourrisson est d’être animé, de paraître animé et de communiquer de la sorte. En fait, c’est le but ultime d’un tel individu à qui on refuse donc ce qui est le lot du nourrisson plus heureux : la jouissance que la vie, le fait de vivre, peuvent apporter. Être en vie est tout. Le combat est constant pour parvenir au point de départ et y rester. Il n’est pas surprenant qu’il existe des personnes dont l’affaire particulière est d’exister et qui s’en font une religion. (Je pense que, dans ses deux ouvrages, Ronald Laing (1960, 1961) s’efforce de définir cette situation difficile avec laquelle beaucoup doivent se mesurer en raison des anomalies de l’environnement.)

Dans un développement normal, au début, le nourrisson est – du point de vue théorique – psychologiquement dénué de vie ; il ne prend vie que parce qu’il est, en fait, vivant.

Comme je l’ai dit précédemment, ce fait d’être en vie est la première communication d’un nourrisson sain avec la figure maternelle et est aussi naturel que possible. L’animation qui sert à nier la dépression maternelle est une communication dont le but est de faire face à ce à quoi on peut s’attendre. La vivacité de l’enfant dont la mère est déprimée est une communication d’un caractère rassurant, mais c’est contraire à la nature et un handicap insupportable pour le moi immature dans sa fonction d’intégration et de maturation générale selon des processus innés

Vous remarquerez que j’ai ramené le sujet à celui de la communication, mais je reconnais que je me suis accordé une grande liberté en suivant le déroulement des mes pensées.

Résumé

Je me suis efforcé d’exposer pourquoi il est nécessaire de reconnaître cet aspect de la santé le « self » central qui ne communique pas. qui est pour toujours inaccessible au principe de la réalité et pour toujours silencieux Dans ce cas. la communication n’est pas non-verbale Telle une harmonie céleste, elle est absolument personnelle. Elle appartient au fait d’être vie, et c’est de là que. pour l’individu en bonne santé, la communication naît tout naturellement.

Une communication explicite est source de plaisir, et elle implique des techniques extrêmement intéressantes, y compris celle du langage. Les deux extrêmes, la communication explicite qui est indirecte et la communication silencieuse ou personnelle qui est éprouvée comme réelle, ont chacun leur place, et, dans le domaine intermédiaire de la vie culturelle, il existe pour beaucoup d’entre nous, mais pas pour tous, un mode de communication qui est un compromis de prix.


29 Des versions quelque peu différentes de cet article ont été présentées en octobre 1962, à la Société de Psychanalyse de San Francisco et, en mai 1963, à la Société Britannique de Psychanalyse.

30 Cf. De la pédiatrie à la psychanalyse. Payot, 1969, chap. XII, p. 168.

31 Cf. De la Pédiatrie à la Psychanalyse, ch. VIII, p. 109.