Imaginaire (s.m. et adj.)
= D. : das Imaginaire. – En. : imaginary. – Es. : imaginario. – I. : immaginario. – P. : imaginärio.
● Dans l’acception donnée à ce terme (employé alors le plus souvent substantivement) par J. Lacan : un des trois registres essentiels (le réel, le symbolique, l’imaginaire) du champ psychanalytique. Ce registre est marqué par la prévalence de la relation à l’image du semblable.
◼ La notion d'« imaginaire » se comprend d’abord en référence à une des premières élaborations théoriques de Lacan concernant le stade du miroir*. Dans le travail qu’il a consacré à celui-ci, l’auteur mettait en évidence l’idée que le moi du petit humain, du fait en particulier de la prématuration biologique, se constitue à partir de l’image de son semblable (moi spéculaire).
A considérer cette expérience princeps, on peut qualifier d’imaginaire :
a) du point de vue intrasubjectif : le rapport fondamentalement narcissique du sujet à son moi (1) ;
b) du point de vue intersubjectif : une relation dite duelle fondée sur – et captée par – l’image d’un semblable (attrait érotique, tension agressive). Pour Lacan il n’y a de semblable – un autre qui soit moi – que parce que le moi est originellement un autre (2) ;
c) quant à l’environnement (Umwelt) : une relation du type de celles que l’éthologie animale (Lorenz, Tinbergen) a décrites et qui témoignent de la prégnance de telle ou telle Gestalt dans le déclenchement des comportements ;
d) quant aux significations : un type d’appréhension où des facteurs comme la ressemblance, l’homéomorphisme jouent un rôle déterminant, ce qui atteste une sorte de coalescence du signifiant au signifié.
L’emploi très particulier que Lacan fait du terme imaginaire n’est pas pour autant sans rapport avec le sens usuel : toute conduite, toute relation imaginaire étant selon Lacan essentiellement vouée au leurre (α).
Lacan insiste sur la différence, sur l’opposition entre l’imaginaire et le symbolique, montrant que l’intersubjectivité ne se réduit pas à cet ensemble de relations qu’il a groupées sous le terme d’imaginaire et qu’en particulier, dans la cure analytique, il importe de ne pas confondre les deux « registres » (3).
▲ (α) Cf. la méthode des simulacres en éthologie (utilisation de stimuli-signaux artificiels comme déclencheurs de cycles instinctuels) qui le démontre expérimentalement.
(1) Cf. Lacan (J.). Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je, 1949, in R.F.P., XIII, 449-53.
(2) Cf. par exemple Lacan (J.). L’agressivité en psychanalyse, 1948, in R.F.P., XII, 367-88.
(3) Cf. Lacan (J.). La direction de la cure et les principes de son pouvoir, 1958, in La Psychanalyse, Paris, P.U.F., vol. VI.