Métapsychologie

= D. : Metapsychologie. – En. : metapsychology. – Es. : metapsicologia. – I. : metapsicologia. – P. : metapsicologia.

● Terme créé par Freud pour désigner la psychologie qu’il a fondée, considérée dans sa dimension la plus théorique. La métapsychologie élabore un ensemble de modèles conceptuels plus ou moins distants de l’expérience tels que la fiction d’un appareil psychique divisé en instances, la théorie des pulsions, le processus du refoulement, etc.

La métapsychologie prend en considération trois points de vue : dynamique, topique et économique.

◼ Le terme métapsychologie se rencontre épisodiquement dans les lettres de Freud adressées à Fliess. Il est utilisé par Freud pour définir l’originalité de sa propre tentative d’édifier une psychologie « … conduisant de l’autre côté de la conscience » par rapport aux psychologies classiques de la conscience (1 a). On sera sensible à l’analogie entre les termes de métapsychologie et de métaphysique, analogie qui est probablement intentionnelle de la part de Freud, puisqu’on sait, par son propre témoignage à quel point fut puissante sa vocation philosophique : « J’espère que tu voudras bien prêter l’oreille à quelques questions métapsychologiques […] Je n’ai aspiré, dans mes années de jeunesse, qu’à la connaissance philosophique, et maintenant je suis sur le point d’accomplir ce vœu, en passant de la médecine à la psychologie » (1 b).

Mais la réflexion de Freud sur les relations de la métaphysique et de la métapsychologie va au-delà de ce simple rapprochement ; il définit, dans un passage significatif, la métapsychologie comme tentative scientifique pour redresser les constructions « métaphysiques » ; celles-ci, comme les croyances superstitieuses ou certains délires paranoïaques, projettent dans des forces extérieures ce qui est en réalité le propre de l’inconscient : « … une grande partie de la conception mythologique du monde qui s’étend jusqu’aux religions les plus modernes, n’est rien d’autre que psychologie projetée dans le monde extérieur. La connaissance obscure (pour ainsi dire la perception endopsychique) des facteurs psychiques et de ce qui se passe dans l’inconscient, se reflète […] dans la construction d’une réalité supra-sensible, qui doit être transformée par la science en psychologie de l’inconscient […]. On pourrait se faire fort […] de convertir la métaphysique en métapsychologie » (2).

Freud reprendra, bien plus tard, le terme de métapsychologie, pour en donner une définition précise : « Je propose qu’on parle de présentation (Darstellung) métapsychologique, lorsqu’on parvient à décrire un processus psychique dans ses relations dynamiques, topiques et économiques » (3, α). Faut-il considérer que toutes les études théoriques qui font intervenir des notions et des hypothèses inhérentes à ces trois registres soient des écrits métapsychologiques, ou ne convient-il pas plutôt de désigner ainsi les textes qui, plus fondamentalement, élaborent ou explicitent les hypothèses sous-jacentes à la psychologie psychanalytique : « principes » (Prinzipien), « concepts fondamentaux » (Grundbegriffe) « modèles » théoriques (Darslestellungen, Fiktionen, Vorbilder). En ce sens, un certain nombre de textes plus proprement métapsychologiques jalonnent l’œuvre de Freud, particulièrement le Projet de psychologie scientifique (Entwurf einer Psychologie, 1895), le chapitre VII de L’interprétation du rêve (Die Traumdeulung, 1900), Formulations sur les deux principes du fonctionnement psychique (Formulierungen über die zwei Prinzipien des psychischen Geschehens, 1911), Au-delà du principe de plaisir (Jenseits des Lustprinzips, 1920), Le moi et le ça (Das Ich und das Es, 1923), Abrégé de psychanalyse (Abriss der Psychoanalyse, 1938). Enfin, dans l’année 1915, Freud a conçu et réalisé partiellement le projet d’écrire des Éléments pour une métapsychologie (Zur Vorbereitung einer Metapsychologie) dans l’intention « … d’éclaircir et d’approfondir les hypothèses théoriques qu’on peut mettre au fondement d’un système psychanalytique » (4, β).

▲ (α) Aux points de vue topique, dynamique et économique distingués par Freud, Hartmann, Kris et Lcewenstein ont proposé d’ajouter le point de vue génétique (voir : Stade). David Rapaport y a ajouté le point de vue d’adaptation.

(β) Cinq des articles prévus ont été publiés, sept autres auraient été écrits et détruits.

(1) Freud (S.). Aus den Anfängen der Psychoanalyse, 1887-1902. – a) Lettre du 10-3-98 : Ail., 262 ; Angl., 246 ; Fr., 218. – b) Lettre du 2-4-96 : AU., 173 ; Angl., 162 ; Fr., 143-4.

(2) Freud (S.). Zur Psychopathologie des Alltagslestebens, 1901. G.W., IV, 287-8 ; S.E., VI, 258-9 ; Fr., 298-9.

(3) Freud (S.). Das Unbewusste, 1915. G.W., X, 281 ; S.E., XIV, 181 ; Fr., 121.

(4) Freud (S.). Metapsychologische Ergänzung zur Traumlehre, 1915. G.W., X, 412, n. 1 : S.E.. XIV. 222. n. 1 : Fr.. 162. n. 1.