Répression

= D. : Unterdrückung. – En. : suppression. – Es. : supresión. – I. : repressione. – P. : supressão.

● A) En un sens large : opération psychique qui tend à faire disparaître de la conscience un contenu déplaisant ou inopportun : idée, affect, etc. En ce sens, le refoulement serait un mode particulier de répression.

B) En un sens plus étroit, désigne certaines opérations du sens A différentes du refoulement :

a) Soit par le caractère conscient de l’opération et le fait que le contenu réprimé devient simplement préconscient et non pas inconscient ;

b) Soit, dans le cas de la répression d’un affect, parce que celui-ci n’est pas transposé dans l’inconscient mais inhibé, voire supprimé.

C) Dans certains textes traduits de l’anglais, équivalent erroné de Verdrängung (refoulement).

◼ Le terme de répression est fréquemment employé en psychanalyse mais son usage est mal codifié.

Il convient d’abord d’éliminer d’un usage cohérent le sens C. Les traducteurs anglais de Freud rendent généralement Verdrängung par repression, utilisant à l’occasion pour Unlerdrückung le terme de suppression. Mais le démarquage de l’anglais repression dans le français répression ne se justifie pas puisque le terme de refoulement est consacré et satisfaisant, tandis que le terme français de répression possède déjà un usage courant qui correspond bien à l’allemand Unlerdrückung. Il conviendrait même, dans les traductions françaises de textes anglais, de transposer repression en refoulement.

Le sens A se retrouve parfois par exemple dans Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité (Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie, 1905) (1), mais dans l’ensemble il est peu courant. Il convient de noter que ce sens ne recouvre pas l’ensemble des « mécanismes de défense », puisque nombre de ceux-ci ne comportent pas l’exclusion d’un contenu hors du champ de conscience (par exemple l’annulation rétroactive*).

Le sens le plus fréquent, présent dès L’interprétation du rêve (Die Traumdeulung, 1900) (2) est le sens B, en particulier le sens B a). Ici la répression s’oppose, surtout du point de vue topique, au refoulement. Dans celui-ci, l’instance refoulante (le moi), l’opération et son résultat sont inconscients. La répression serait au contraire un mécanisme conscient jouant au niveau de la « seconde censure » que Freud situe entre le conscient et le préconscient ; il s’agirait d’une exclusion hors du champ de conscience actuel et non du passage d’un système (préconscient-conscient) à un autre (inconscient). Du point de vue dynamique, les motivations morales jouent dans la répression un rôle prédominant.

Distinguons encore la répression du jugement de condamnation* (Verurleilung), qui peut motiver un rejet hors de la conscience mais ne l’implique pas nécessairement.

Notons enfin que le sens B b) se trouve surtout dans la théorie freudienne du refoulement pour désigner le sort de l’affect. En effet, pour Freud, seul le représentant-représentation* de la pulsion est à proprement parler refoulé, tandis que l’affect ne peut devenir, lui, inconscient : il est, soit transformé en un autre affect, soit réprimé, « … de sorte qu’on ne retrouve plus rien de lui » (3), ou de sorte qu’il « … ne lui correspond plus [dans le système inconscient] qu’un rudiment qui n’a pas pu parvenir à se développer » (4).

(1) Cf. Freud (S.). G.W., V, 71 et 77 ; S.E., VII, 172 et 176 ; Fr., 61-2 et 69.

(2) Freud (S.). G.W., II-III, 611-2, note ; S.E., V, 606, note ; Fr., 494, note.

(3) Freud (S.). Die Verdrängung, 1915. G.W., X, 255-6 ; S.E., XIV, 153 ; Fr., 81.

(4) Freud (S.). Das Unbewusste, 1915. GAV., X, 277 ; S.E., XIV, 178 ; Fr., 115.