Compte rendu de lecture de La périodicité de la femme de Mary Chadwick
Pour commencer, l’auteur emmène le lecteur aux temps préhistoriques et montre le rôle que la menstruation joue pour l’homme et pour la femme, pour la famille restreinte et élargie, pour les communautés réduites et aussi pour les communautés plus larges. La menstruation a toujours été considérée par les hommes comme un événement dangereux à rencontre duquel ils réagissent par la peur, l’angoisse et le dédain. La croyance prévalait que le contact avec une femme ayant ses règles est dangereux et, par conséquent, de sévères restrictions étaient imposées pour séparer la femme « impure » de la communauté pendant plusieurs jours. La forme de l’exclusion différait avec le caractère des tribus. L’exil de la femme pendant ses règles est une courte répétition de l’exclusion des adolescents de la communauté en relation avec les rites de puberté qui peuvent durer de plusieurs mois à des années, et ceci se rencontre même de nos jours chez les peuples primitifs.
Chadwick a montré de manière convaincante que la peur que les primitifs ont de la femme qui a ses règles est la peur de la revanche de certains démons, peur qui, en dernier ressort, est identique à l’angoisse de castration. En outre, elle a montré comment d’autres phénomènes de groupe à des périodes plus tardives ont des racines semblables, par exemple, la peur des sorcières qui les conduisait même au bûcher. Même aujourd’hui certaines prescriptions et certains interdits religieux ont la même motivation. Cette angoisse trouve aussi expression dans certaines superstitions, telles que l’idée communément admise que des fleurs touchées par une femme ayant ses règles se faneront.
Après cette introduction, l’auteur se tourne vers la génération présente et vers les individus et derechef elle montre que chacun a à faire face à des angoisses semblables. Celles-ci sont fondées sur la reconnaissance de la différence des sexes et sur les signes « menaçants » du cycle féminin d’hémorragies régulières. Tôt ou tard tout enfant découvre le fait que les sexes diffèrent et que les femmes ont des règles. Consciemment ou inconsciemment ce savoir œuvre chez l’enfant et provoque des idées angoissantes sur l’intégrité de ses propres organes génitaux. Chacun réagit à ce savoir selon sa propre constitution, son stade de développement et sa possible névrose.
Chadwick décrit en détail ce qui se produit chez les femmes, chez les hommes, chez les enfants et chez les employés — de façon manifeste ou latente — en cycles réguliers, soit avant, pendant ou après la période de la femme. Elle met l’accent sur les querelles entre les divers membres de la famille causées par la tendance à la dépression et par la tension nerveuse générale de la femme qui a ses règles. Ce livre décrit de manière remarquable comment les attitudes communes et névrotiques de l’homme et de la femme à l’égard de la menstruation sont transmises aux enfants et à leur tour, comment ils montrent à nouveau la même sorte de troubles lorsqu’ils sont devenus adultes — les mécanismes d’identification jouent le rôle principal dans ce phénomène — et comment ils transmettent les mêmes problèmes encore à la nouvelle génération : de cette manière la névrose est transmise de génération en génération. Ce livre peut apporter aux parents et aux éducateurs beaucoup d’informations intéressantes et peut les aider à mieux comprendre ce problème et à changer leurs attitudes, ce qui peut prévenir d’autres dommages pour la génération qui vient.