Chapitre VIII. L’organisation œdipienne des fantasmes

 

I. Le complexe d’Œdipe

Le complexe d’Œdipe, qui repose sur la différenciation sexuelle de la mère et du père, commence à s’organiser chez l’enfant dans le cours de la troisième année, pour culminer vers 5-6 ans.

Il est décrit classiquement comme un attachement sexuel au parent du sexe opposé, entraînant un souhait d’élimination du parent rival de même sexe. C’est donc, pour le garçon, l’attachement sexuel à la mère qui entraîne le souhait d’éliminer le père. C’est sous cette forme que Freud le mit en évidence, comme on l’a vu, à partir de son auto-analyse et de l’interprétation de ses rêves, reprenant au compte de cette découverte l’ancien mythe d’Œdipe. Ce dernier serait ainsi fondé sur le refoulement d’un conflit infantile.

Plus tardivement, à la lumière de ses nouvelles expériences cliniques – notamment en s’appuyant sur l’analyse de l’Homme aux loups –, Freud découvrit qu’il existe aussi pour le garçon une position dite d’« Œdipe inversé », caractérisée par l’attachement sexuel du garçon à son père. Cela aboutira à une définition de l’Œdipe « complet », beaucoup moins connue du grand public, intégrant deux versants complémentaires de l’Œdipe : l’Œdipe « direct », fondé sur le désir pour le parent de sexe opposé (hétérosexuel), et l’Œdipe « inversé », fondé sur le désir pour le parent de même sexe (homosexuel). On les nomme aussi parfois « Œdipe positif » et « Œdipe négatif », ce qui a l’inconvénient de créer une confusion avec la bipolarité des sentiments positifs et négatifs qui s’attache à chacun des deux parents.

Les deux versants coexistent chez tout individu, bien que, de manière habituelle, ce soit l’Œdipe direct qui apparaisse prévalent, préludant au « choix d’objet » hétérosexuel de l’adulte.

Le complexe d’Œdipe féminin pose un problème plus difficile. On peut certes proposer une simple mutation des termes, l’Œdipe direct de la fille concernant l’attachement sexuel au père et vice versa. Mais il faut alors tenir compte de ce que ce choix œdipien (paternel) de la petite fille vient à l’encontre de son premier attachement à la mère (commun aux deux sexes) ; cela suppose donc pour elle un « changement d’objet » à partir de cet attachement primordial, ce qui n’est pas le cas pour le garçon.

La fantasmatique liée au complexe d’Œdipe articule donc des fantasmes sexuels et des fantasmes agressifs. En ce sens, elle s’inscrit dans la continuité du conflit de l’amour et de la haine, dont on a vu comment il caractérisait déjà les phases orale et anale. Mais l’Œdipe introduit à une dimension nouvelle du conflit psychique par la possibilité de triangulation qui ouvre un nouveau champ à l’élaboration de l’ambivalence pulsionnelle. Au-delà du simple clivage de l’objet primitif, l’enfant peut investir solidairement deux objets distincts : l’un pourra être conservé comme objet d’amour, tandis que l’autre, en devenant rival, pourra transitoirement focaliser les sentiments agressifs.

C’est au cœur du conflit œdipien que se déploient toutes les figures de la jalousie et toutes les modalités de rivalités. Les déplacements d’investissements entre les deux parents mettent en jeu les représentations de la différence des sexes et la construction des identifications sexuelles de l’enfant. Ainsi, tout en déplaçant sur le père rival ses sentiments agressifs, l’enfant peut s’identifier à lui comme modèle envié auquel il souhaite ressembler.

De plus, le conflit œdipien introduit dans l’organisation psychique une dimension nouvelle : celle de l’interdit. Le père personnifie l’interdit de posséder la mère, de façon très évidente pour le garçon, ce qui favorise le détachement d’une relation primaire trop fusionnelle avec la mère. L’enfant se sent menacé de sanctions s’il persévère à enfreindre cet interdit : le garçon craint alors tout particulièrement d’être châtré par le père. La situation de la fille est plus complexe. Son attachement primaire à la mère se redoublant de ses désirs incestueux pour le père, elle se trouve confrontée à un double interdit, maternel et paternel. L’ensemble de ces interdits seront ultérieurement internalisés pour constituer le Surmoi.

On voit donc là se déployer toute une gamme nouvelle de fantasmes, en liaison avec la curiosité de l’enfant pour toutes les questions qui concernent la sexualité.

II. Les théories sexuelles infantiles

Le complexe d’Œdipe est en effet étroitement lié aux théories sexuelles que l’enfant élabore pour répondre aux énigmes de la différence des sexes et de l’origine des enfants.

L’observation du Petit Hans est, à cet égard, particulièrement démonstrative. Le petit garçon fait preuve d’une intense curiosité en ce qui concerne le corps et les organes génitaux. Il pense que tout le monde a comme lui un pénis (qu’il appelle un fait-pipi), et lorsqu’il découvre que sa petite sœur n’en a pas il explique qu’elle a aussi un fait-pipi tout petit mais qui grandira.

Il se montre également très intéressé par la naissance des enfants. Il imagine que les enfants sortent peut-être par l’anus, comme un « Lumpf » (terme par lequel il désigne ses matières fécales). Il se demande si lui-même pourra avoir aussi des enfants, et pressent que le fait-pipi doit y être pour quelque chose…

Il tire beaucoup de plaisir de ses masturbations, bien qu’il les sache réprouvées par ses parents. Il tente d’imaginer ce que son père et sa mère font ensemble dans leur chambre en son absence. Il souhaiterait bien prendre la place de son père dans le lit conjugal, mais craint la colère de celui-ci que, par ailleurs, il aime tendrement. Ainsi, il raconte un jour le rêve suivant : « Il y avait dans la chambre une grande girafe et une girafe chiffonnée, et la grande a crié que je lui avais enlevé la chiffonnée. Alors, elle a cessé de crier, et alors je me suis assis sur la girafe chiffonnée. » On peut interpréter sans peine que la grande girafe qui crie représente le père et la « girafe chiffonnée » la mère, et qu’il met en scène son désir de prendre la place du père.

L’angoisse de castration répond à la peur de voir sanctionnés par son père ses désirs œdipiens interdits. Ainsi raconte-t-il à son père : « Je suis dans la baignoire, alors le plombier arrive et la dévisse. Il prend alors un grand perçoir et me l’enfonce dans le ventre » ; et, plus tard : « Le plombier est venu, et m’a d’abord enlevé le derrière avec des tenailles, et alors il m’en a donné un autre, et puis la même chose avec mon fait-pipi. »

Fortement inspiré par cette remarquable observation, Freud écrit, en 1908, un texte consacré aux théories sexuelles infantiles [1]. Celles-ci témoignent des curiosités sexuelles des enfants et des constructions fantasmatiques sur lesquelles ils fondent leurs tentatives d’explications. Il y reprend la théorie du « monisme phallique », suivant laquelle les enfants (garçons) pensent que tout le monde a comme eux un pénis ; la constatation de son absence chez la petite fille ne peut donc résulter que d’une castration… Certains garçons ne cesseront pas pour autant de croire à l’existence d’un pénis maternel, éventuellement caché, et Freud fera plus tard de cette croyance devenue inconsciente le principal fondement de certaines perversions sexuelles, en particulier du fétichisme. Quant à la fillette, elle pense qu’elle trouvera une compensation à l’absence de pénis dans la possibilité d’avoir un enfant.

Les théories sexuelles incluent également certaines représentations typiques du coït, notamment sous l’aspect d’une pénétration anale violente de la mère par le père.

Toutes ces théories sont évidemment erronées, du fait de l’absence d’informations dont disposent les enfants, mais elles contribuent à alimenter le stock des fantasmes inconscients. Il serait vain de penser que des informations plus complètes données précocement à l’enfant pourraient modifier profondément ces inscriptions inconscientes. Celles-ci répondent à des contraintes internes de la logique enfantine et au besoin de l’enfant d’élaborer lui-même ses propres réponses aux énigmes de la sexualité.

Dans un autre texte de la même époque [2], Freud décrit certaines fabulations que l’enfant construit pour aménager ses fantasmes œdipiens. Ils inventent et se racontent (en général en secret) une histoire d’adoption selon laquelle leurs parents ne seraient pas leurs vrais parents. À la faveur de ces productions imaginaires, différents thèmes œdipiens se trouvent repris et élaborés. Ainsi, il pourra donner différentes solutions imaginaires à ses conflits : la rivalité avec le père, son éviction au profit d’un rival heureux (qui pourrait être aussi bien l’enfant lui-même…), l’évocation des différentes situations érotiques où la mère a pu se trouver engagée, etc.

Tout cela implique donc un véritable « travail du fantasme » dans l’une de ses fonctions majeures qui vise à une élaboration des conflits, ici plus particulièrement ceux qui concernent le conflit œdipien.

III. Les fantasmes « originaires »

Dans le large éventail des fantasmes, la théorie freudienne a conféré à certains d’entre eux un statut particulier : ce sont les fantasmes dits « originaires ».

La notion apparaît pour la première fois explicitement en 1915, dans un texte qui succède de très près à la rédaction de celui consacré à la névrose infantile de l’Homme aux loups. Dans celle-ci était mise en question de manière très cruciale le rôle éventuel de l’observation par le petit garçon d’une scène de coït entre ses parents : s’agissait-il d’une observation réelle ou seulement d’un fantasme ?

Les fantasmes dit « originaires » regroupent, pour l’essentiel, trois fantasmes clés : les fantasmes de séduction, de scène primitive et de castration. Bien que cette trilogie ne soit pas limitative, elle a gardé une prégnance toute particulière dans la postérité freudienne.

L’expression même de « fantasme originaire » pose d’emblée la question de leur origine, d’une part dans l’ontogenèse, en référence au développement de l’enfant, d’autre part en tant que schéma fantasmatique « déjà là », c’est-à-dire inné et transmis comme patrimoine phylogénétique.

Freud a toujours soutenu l’hypothèse de l’existence d’un tel héritage. « Les schémas phylogénétiques que l’enfant apporte en naissant (…) sont des précipités de l’histoire de la civilisation humaine (…) ; là où les événements ne s’adaptent pas au schéma héréditaire, ceux-ci subissent dans l’imagination un remaniement (mais…) nous avons souvent l’occasion d’observer que le schéma triomphe de l’expérience individuelle (…) ; ce patrimoine instinctif constituerait le noyau de l’inconscient. » [3]

Il affirme néanmoins l’importance de l’expérience individuelle, rappelant que l’enfant « ne peut produire de fantasmes qu’avec du matériel qu’il a puisé à une source ou à une autre ». L’idée qu’il a finalement avancée est que l’enfant aurait une capacité innée de développer ses propres fantasmes originaires au contact des événements de son enfance, mais à partir d’un héritage ancestral, d’ordre phylogénétique, qu’il rapproche de l’instinct des animaux.

Quelles que soient les options théoriques que l’on prenne sur l’origine de ces fantasmes, la trilogie des fantasmes originaires (séduction, scène primitive, castration) prend toute son importance d’être étroitement liée à l’organisation œdipienne. Il est clair qu’on peut facilement les repérer comme associés et diversement combinés dans les réseaux fantasmatiques mouvants et complexes qui définissent le complexe d’Œdipe.

Les fantasmes de séduction se retrouvent dans les multiples mouvements du désir œdipien, les scènes fantasmatiques œdipiennes permettant de moduler à l’infini la figure « qui séduit qui ? ». Le fantasme de scène primitive apparaît comme une mise en représentation plus globale et plus articulée d’un scénario œdipien, celui-ci épousant alors au plus près les modalités particulières de la fantasmatique sexuelle. Il permet de représenter les relations sexuelles du couple parental dans des variantes multiples, et d’y inclure les différentes places et positions possibles du sujet. Quant au fantasme de castration, il ne prend sa valeur organisatrice qu’à être la pièce maîtresse du complexe de castration, lui-même corrélatif du complexe d’Œdipe.

Cependant, il est bien évident que ces trois fantasme ne sauraient suffire à définir le complexe d’Œdipe. Il manque notamment dans leur regroupement en trilogie l’un des fantasmes essentiels du drame œdipien, celui qui concerne le meurtre du père (ou sa généralisation à l’éviction du parent rival). Néanmoins, la référence à l’Œdipe reste fondamentale en ce qui concerne la fonction organisatrice que prennent ces trois fantasmes.

Dans une telle perspective, le fantasme de scène primitive occupe une place centrale. Il traduit directement le besoin de représentation et le désir de connaissance face aux énigmes de la naissance et de la sexualité, tout en les articulant dans la complexité dynamique du conflit œdipien.

Certains psychanalystes tiennent à garder à la notion de scène primitive un sens très restrictif, en la limitant à la scène sexuelle ayant permis la conception du sujet lui-même. L’habitude prévaut cependant de désigner comme scène primitive toute espèce de représentation de relations sexuelles entre les parents ainsi que toutes leurs transpositions possibles. Cela peut aller des représentations les plus archaïques, impliquant surtout des relations duelles et/ou des « objets partiels », jusqu’aux configurations œdipiennes les plus complexes et les plus sophistiquées.

De par la complexité des scènes sexuelles ainsi construites, ainsi que du fait de leur diversité, les fantasmes de scène primitive sont susceptibles d’intégrer toute espèce de théorie sexuelle infantile, qu’il s’agisse de la différence des sexes ou de l’origine des enfants. Ils peuvent tout autant intégrer les fantasmes de séduction et de castration imputables à l’un ou l’autre des partenaires du couple parental, aussi bien qu’au sujet lui-même.

Toute évocation de scène primitive renvoie presque inévitablement à des vécus d’abandon, d’exclusion, de frustration, de deuil, etc. Tous ces affects douloureux peuvent être liés et plus ou moins élaborés grâce au gain de plaisir qui s’attache à l’évocation de la scène (pulsions partielles voyeuriste, sadique, masochiste, etc.).

Enfin, la haute fonction organisatrice du fantasme de scène primitive passe principalement par les infinies possibilités qu’il offre de faire varier des positions du sujet, celui-ci étant à la fois observateur d’une scène dont il est exclu, et projeté dans cette même scène par identification à ses protagonistes.

En fin de compte, les fantasmes dits « originaires » sont ceux qui s’avèrent particulièrement organisateurs pour autant qu’ils permettent de lier et de symboliser les traumatismes fondamentaux que doit subir tout être humain. Ceux-ci sont à la fois d’ordre narcissique et étroitement liés à la sexualité. Chacun s’y trouve inéluctablement confronté du fait de sa constitution biologique, de son immaturité infantile et de sa filiation familiale, quelles que soient les conditions particulières de son développement et de son histoire personnelle. Inéluctable séduction maternelle liée au désir de la mère et à ses indispensables effets structurants. Inéluctable exclusion du couple parental, nécessaire à la constitution d’une triangulation fondatrice de l’autonomie du sujet et de ses capacités de symbolisation. Inéluctable découverte de la différence des sexes qui fonde l’identité sexuelle autour des fantasmes de castration.

Ces fantasmes-là pourraient être considérés comme « originaires » de l’organisation psychique de par leur potentialité à lier, dans l’ordre du sexuel, les traumatismes narcissiques les plus fondamentaux. Cela souligne, dans le sens des avancées les plus récentes de la psychanalyse, que les traumatismes fondamentaux ne sont peut-être pas d’ordre sexuel mais plutôt d’ordre narcissique. Les travaux les plus récents ont montré combien les carences narcissiques peuvent compromettre à la base le développement psychosexuel du sujet et entraver l’accès à une organisation œdipienne structurante. On sait que la possibilité de lier les vécus de perte d’objet est à la base de la constitution du moi et peut seule assurer les assises d’un narcissisme suffisamment solide.

Une fonction majeure de ces fantasmes serait alors de sexualiser, c’est-à-dire tout à la fois de mettre en représentations sexuelles et d’investir libidinalement ce qui menace de la manière la plus essentielle les besoins du Moi : besoins de sécurité, d’amour, de reconnaissance narcissique par autrui.

IV. L’Œdipe organisateur

Toute l’œuvre freudienne est placée sous le signe du primat organisateur de l’Œdipe. Cela remonte aux origines de la psychanalyse, lorsque Freud, explorant ses propres fantasmes inconscients dans son auto-analyse, en fit pour lui-même la découverte : « J’avais rencontré pour la première fois le complexe d’Œdipe, qui devait par la suite prendre une signification dominante. »

Dans le processus analytique, l’Œdipe retrouve ce statut originaire : il est le « complexe nucléaire » autour duquel gravite le travail analytique. Les niveaux d’organisation plus archaïques ne pourront généralement être mis au jour que par des effets rétroactifs à partir de l’organisation œdipienne qui les intègre. Encore faut-il savoir que ces niveaux préœdipiens portent nécessairement la marque des réélaborations successives qui ont accompagné leur intégration progressive tout au long de l’histoire du sujet.

Pour comprendre que l’Œdipe puisse avoir un tel statut organisateur et intégrateur, il faut prendre en compte non seulement la complexité des processus qui caractérisent l’installation et le développement du conflit œdipien dans sa période infantile la plus manifeste, mais aussi tous les processus par lesquels l’enfant, puis l’adulte qu’il va devenir, parviennent à se dégager de ce conflit.

Le principal facteur d’organisation passe par les identifications. Le conflit œdipien permet d’accéder à des identifications sexuées propres à fonder l’identité sexuelle. Au-delà, la résolution du complexe d’Œdipe établit dans le moi des identifications qui en deviennent constitutives et qui, de plus, instituent le surmoi en tant qu’« héritier du complexe d’Œdipe »…

Les processus archaïques les plus fondamentaux de l’identification sont pris dans les phases précoces de la relation d’objet. Ils se situent à une époque où l’identité personnelle est encore incertaine et où l’attachement à l’objet en est très peu différencié. Les identifications secondaires de la période œdipienne introduisent la possibilité de différencier des identifications sexuées (distinctement à la mère et au père).

Une identification pourra se substituer à un attachement directement sexuel à l’un des deux objets de l’Œdipe. Ainsi, le père peut être posé comme modèle, et le garçon pourra reporter sur lui tout à la fois son admiration et un amour « désexualisé ». « Être comme » le parent rival envié va donc favoriser la sortie de l’Œdipe.

Mieux vaut parler ici de résolution du conflit œdipien que d’une « disparition » du complexe d’Œdipe, comme on le dit parfois. Rien ne saurait disparaître de la fantasmatique œdipienne : celle-ci est conservée dans l’inconscient par le refoulement. Il s’agit là d’un refoulement secondaire dont les traces pourront à tout moment donner lieu à un retour du refoulé. S’il en était autrement, on voit mal comment le complexe d’Œdipe aurait pu être découvert par Freud et comment il pourrait être retrouvé et analysé dans une cure analytique…

Ce qui tend à s’effacer avec l’entrée de l’enfant dans la période de latence, c’est l’investissement sexuel actuel des objets parentaux, ainsi que les angoisses qui sont liées à ces investissements incestueux (particulièrement l’angoisse de castration, mais aussi des angoisses de perte d’objet ou de perte d’amour qui lui sont communément associées).

L’interdit œdipien pourra être alors lui-même internalisé et constituera le surmoi postœdipien. Celui-ci se consolidera durant la période de latence par tous les acquis sociaux et culturels qui vont alors mobiliser les investissements de l’enfant.

Cependant, la maturité pubertaire viendra à nouveau perturber cette équilibration précaire, entraînant une reviviscence du conflit œdipien, mais d’une manière qui restera cette fois tout à fait inconsciente. La crise pubertaire devra être à son tour résolue pour que s’installe de manière durable l’organisation psychique postœdipienne qui est celle de l’adulte.

 

Notes

[1] S. Freud (1909)Les théories sexuelles infantiles, in La vie sexuelle, Paris, puf, 1969.

[2] S. Freud (1909)Le roman familial des névrosés, in Névrose, psychose et perversion, Paris, puf, 1973.

[3] S. Freud, L’Homme aux loups, in Cinq psychanalyses, Paris, puf, 1970.