I. Psychanalyse, science des sciences

L’ordre chronologique de la démarche de la pensée ou celui des publications est quelquefois rompu dans l’ouvrage. Voici comment et pourquoi. Les trois textes qui suivent : « Présentation de Thalassa », « Le symbole », « Réflexions phénoménologiques sur les implications structurelles et génétiques de la psychanalyse », ont été élaborés entre 1959 et 1962. Le premier : « Réflexions phénoménologiques... » fut rédigé en 1959. C’était l’aboutissement des travaux d’un séminaire de phénoménologie et de psychanalyse sur la temporalité. Exposée à Cerisy-la-Salle en 1959, cette réflexion sur le temps génétique et le fonctionnement de la structure en tant que palin-genése tendait, par l’étude approfondie de sa notion-clé, le symbole, à rendre compte de la psychanalyse en

tant que fondatrice, « science des sciences ». Le projet en figure dans « Le Symbole, l’au-delà du phénomène ». La conception de ce dernier (jusque-là inédit) fut contemporaine, dans sa rédaction, de la « Présentation de Tha-lassa ». Le lecteur attentif constatera sans doute de quelle manière cette introduction à Thalassa constitue en même temps une préface indirecte au « Symbole ».

La rencontre de l’âme-sœur Ferenczi dans son texte hongrois Katasztrofak, devenu par la suite le Thalassa français 7 (à Vienne, lors d’un voyage d’été après le colloque sur « Genèse et structure » à Cerisy-la-Salle), fut une telle stimulation qu’aussitôt fut continuée (et peut-être atteinte) ce que l’auteur voulait appeler désormais la tentative de réalisation du rêve ferenczien.

C’est donc suivant une logique disons affective que l’introduction à Thalassa va inaugurer cette série de travaux. Celui qui ouvre le livre pourra ainsi l’aborder selon la même joie qui avait caractérisé pour l’auteur la rencontre en lui de Husserl, Ferenczi, Freud.

Il reste à dire un mot sur la majuscule de l’Enfant (p. 31 in Thalassa). Encore inexpliquée dans ce texte elle tend déjà vers ce qui va devenir dans « L’Écorce et le noyau » (p. *io) le concept d’anase'mie et vers ce qui s’exprime dans « L’Enfant majuscule, origine de la genèse » : Vanasénue de l’Enfant, notion allant au-delà du sens ferenczien « naïf » de la genèse et au-delà de l’introjecdon adulto-centrée de la catastrophe mythique inaugurale, telle qu’elle est supposée par Ferenczi.

M. T.