Mise en acte

= D. : Agieren. – En. : acting out. – Es. : actuar. – I. : agire. – P. : agir.

● Selon Freud, fait par lequel le sujet, sous l’emprise de ses désirs et fantasmes inconscients, les vit dans le présent avec un sentiment d’actualité d’autant plus vif qu’il en méconnaît l’origine et le caractère répétitif.

◼ En introduisant l’expression de « mise en acte », nous entendons seulement proposer une traduction pour le terme agieren ou Agieren qu’on rencontre plusieurs fois chez Freud comme verbe ou substantif. Agieren, terme d’origine latine, n’est pas courant dans la langue allemande. Pour parler d’action, d’agir, l’allemand utilise plutôt des termes comme die Tat, tun, die Wirkung, etc. Agieren est employé par Freud en un sens transitif, ainsi que le terme de même racine Abreagieren (voir : Abréaction) : il s’agit de « mettre en acte » des pulsions, des fantasmes, des désirs, etc.

Agieren est presque toujours couplé avec erinnern (se souvenir), les deux termes s’opposant comme deux façons de faire revenir le passé dans le présent.

Cette opposition s’est manifestée à Freud essentiellement dans la cure, de soi te que c’est la répétition dans le transfert que Freud désigne le plus souvent comme « mise en acte » : le patient « … pour ainsi dire met en acte [agierl] devant nous au lieu de nous informer… » (1), mais la « mise en acte » s’étend au-delà du transfert proprement dit : « Nous devons donc nous attendre à ce que l’analysé s’abandonne à la compulsion de répétition qui remplace alors l’impulsion à se souvenir, et cela non seulement dans ses rapports personnels au médecin, mais aussi dans toutes les autres activités et relations de sa vie présente, par exemple en faisant choix, pendant la cure, d’un objet d’amour, en se chargeant d’une tâche, en s’engageant dans une entreprise » (2).

Le terme d’Agieren, comme d’ailleurs celui de « mise en acte », comporte une équivoque qui est celle de la pensée même de Freud : il confond ce qui, dans le transfert, est actualisation et le recours à l’action motrice, qui n’est pas nécessairement impliquée par le transfert (voir : Transfert, Acting out). C’est ainsi qu’on voit mal comment Freud a pu constamment s’en tenir, pour rendre compte de la répétition dans le transfert, au modèle métapsychologique de la motilité mis en avant dès L’interprétation du rêve (Die Traumdeutung, 1900) : « … le fait du transfert de même que les psychoses nous enseignent que [les désirs inconscients] voudraient, en passant par le système préconscient, arriver à la conscience et au contrôle de la motilité » (3).

(1) Freud (S.). Abriss der Psychoanalyse, 1938. G.W., XVII, 101 ; S.E., XXIII, 176 ; Fr., 44.

(2) Freud (S.). Erinnern, Wiederholen und Durcharbeiten, 1914. G.W., X, 130 ; S.E., XII, 151 ; Fr., 109.

(3) Freud (S.). G.W., II-III, 573 ; S.E., V, 507 ; Fr., 465.