Poussée (de la pulsion)
= D. : Drang. – En. : pressure. – Es. : presión. – I. : spinta. – P. : pressào.
● Facteur quantitatif variable dont est affectée chaque pulsion et qui rend compte en dernière analyse de l’action déclenchée pour obtenir la satisfaction ; même lorsque la satisfaction est passive (être vu, être battu), la pulsion, en tant qu’elle exerce une « poussée » est active.
◼ Dans l’analyse du concept de pulsion qui se trouve au début des Pulsions et destins des pulsions (Triebe und Triebschicksale, 1915), Freud définit, à côté de la source, de l’objet et du but, la poussée de la pulsion en ces termes : « Par poussée d’une pulsion, on entend son aspect moteur, la somme de force ou la quantité d’exigence de travail qu’elle représente. Chaque pulsion est un morceau d’activité ; lorsqu’on parle de façon relächée de pulsions passives, on ne peut rien vouloir dire d’autre que pulsions à but passif » (1).
Deux caractères de la pulsion sont soulignés dans ce texte :
1° Le facteur quantitatif sur lequel Freud a toujours insisté et où il voit un élément déterminant du conflit pathologique (voir : Économique) ;
2° Le caractère actif de toute pulsion. Sur ce point Freud vise Adler qui fait de l’activité l’apanage d’une pulsion distincte, la pulsion agressive : « Il me semble qu’Adler a hypostasié à tort dans une pulsion particulière un caractère général et indispensable de toutes les pulsions, précisément ce qu’il y a en elles de « pulsionnel », de poussant (das Drängende), ce que nous pouvons décrire comme la capacité à déclencher la motricité » (2).
L’idée que les pulsions se définissent essentiellement par la poussée qu’elles exercent appartient aux origines de la pensée théorique freudienne, marquée par les concepts d’Helmoltz. Le Projet de psychologie scientifique (Entwurf einer Psychologie, 1895) commence par une distinction fondamentale entre les excitations extérieures auxquelles l’organisme peut échapper par la fuite, et les excitations endogènes provenant des éléments somatiques : « L’organisme ne peut leur échapper […]. Il doit apprendre à supporter une quantité emmagasinée » (3). C’est l’urgence de la vie (die Not des Lebens) qui pousse l’organisme à l’action spécifique* seule capable de résoudre la tension.
(1) Frf.ud (S.). G.W., X, 214-5 ; S.E., XIV, 122 ; Fr., 34.
(2) Freud (S.V Analyse der Phobie eines fünfjàhrigen Knaben, 1909. G.W., VII. 371 ; S.E., X, 140 1 ; Fr., 193.
(3) Freud (S.). Ail., 381 ; Angl., 357-8 ; Fr., 317.