Principe de Nirvâna

= D. : Nirwanaprinzip. – En. : Nirvana principle. – Es. : principio de nirvana. – I. : principio del Nirvana. – P. : principio de nirvana.

● Terme proposé par Barbara Low et repris par Freud pour désigner la tendance de l’appareil psychique à ramener à zéro ou du moins à réduire le plus possible en lui toute quantité d’excitation d’origine externe ou interne.

◼ Le terme « Nirvâna », répandu en Occident par Schopenhauer, est tiré de la religion bouddhique où il désigne l' « extinction » du désir humain, l’anéantissement de l’individualité qui se fond dans l’âme collective, un état de quiétude et de bonheur parfait.

Dans Au-delà du principe de plaisir (Jenseits des Lustprinzips, 1920), Freud, reprenant l’expression proposée par la psychanalyste anglaise Barbara Low, énonce le principe de Nirvâna comme « … tendance à la réduction, à la constance, à la suppression de la tension d’excitation interne » (1). Cette formulation est identique à celle que Freud donne, dans le même texte, du principe de constance, et comporte donc l’ambiguïté de tenir pour équivalentes la tendance à maintenir constant un certain niveau et la tendance à réduire à zéro toute excitation (pour la discussion de ce point, voir : Principe de constance).

Il n’est toutefois pas indifférent de noter que Freud introduit le terme de Nirvâna, avec sa résonance philosophique, dans un texte où il s’avance très loin dans la voie spéculative ; dans le Nirvâna hindou ou schopenhauerien, Freud trouve une correspondance avec la notion de pulsion de mort*. Cette correspondance est soulignée dans Le problème économique du masochisme (Das Ökonomische Problem des Masochismus, 1924) : « Le principe de Nirvâna exprime la tendance de la pulsion de mort » (2). Dans cette mesure le « principe de Nirvâna » désigne autre chose qu’une loi de constance ou d’homéostase : la tendance radicale à ramener l’excitation ai. niveau zéro, telle que Freud l’avait jadis énoncée sous le terme de « principe d’inertie »*.

D’autre part le terme de Nirvâna suggère une liaison profonde entre le plaisir et l’anéantissement, liaison qui est restée pour Freud problématique (voir : Principe de plaisir).

(1) Freud (S.). G.W., XIII, 60 ; S.E., XVIII, 51 ; Fr., 59.

(2) Freud (S.). G.W., XIII, 373 ; S.E., XIX, 160 ; Fr., 213.