Appareil psychique

= D. : psychischer ou seelischer Apparat. – En. : psychic ou mental apparatus. – Es. : aparato psiquico. – I. : apparato psichico ou mentale. – P. : aparêlho psiquico ou mental.

● Terme qui souligne certains caractères que la théorie freudienne attribue au psychisme : sa capacité de transmettre et de transformer une énergie déterminée et sa différenciation en systèmes ou instances.

◼ Dans L’interprétation du rêve (Die Traumdeutung, 1900), Freud définit l’appareil psychique par comparaison avec des appareils optiques ; il cherche par là, selon ses propres termes, « … à rendre compréhensible la complication du fonctionnement psychique en divisant ce fonctionnement et en attribuant chaque fonction particulière à une partie constitutive de l’appareil » (1 a).

Un texte comme celui-ci appelle quelques remarques :

1) En parlant d’appareil psychique, Freud suggère l’idée d’un certain arrangement, d’une disposition interne, mais il fait plus que rattacher différentes fonctions à des « lieux psychiques » spécifiques ; il assigne à ceux-ci un ordre donné qui entraîne une succession temporelle déterminée. La coexistence des différents systèmes qui composent l’appareil psychique n’est pas à prendre dans le sens anatomique que lui donnerait une théorie des localisations cérébrales. Elle implique seulement que les excitations doivent suivre un ordre que fixe la place des divers systèmes (2).

2) Le terme d’appareil suggère l’idée d’une tâche, voire d’un travail. Le schéma prévalent fut ici emprunté par Freud à une certaine conception de l’arc réflexe selon laquelle celui-ci transmettrait intégralement l’énergie reçue : « L’appareil psychique doit être conçu comme un appareil réflexe. Le processus réflexe reste le modèle (Vorbild) de tout fonctionnement psychique » (1 b).

La fonction de l’appareil psychique est en dernière analyse de maintenir au niveau le plus bas possible l’énergie interne d’un organisme (voir : Principe de constance). Sa différenciation en substructures aide à concevoir les transformations de l’énergie (de l’état libre à l’état lié) (voir : Élaboration psychique) et le jeu des investissements, contre-investissements, surinvestissements.

3) Ces brèves remarques indiquent que l’appareil psychique a, pour Freud, valeur de modèle, ou, comme il disait lui-même, de « fiction » (1 c). Ce modèle, comme dans le premier texte cité plus haut, ou encore dans le premier chapitre de l’Abrégé de psychanalyse (Abriss der Psychoanalyse, 1938), peut être physique ; ailleurs il peut être biologique (« la vésicule protoplasmique » du chap. IV d’Au-delà du principe de plaisir [Jenseits des Lustprinzips, 1920]). Le commentaire du terme d’appareil psychique renvoie à une appréciation d’ensemble de la métapsychologie freudienne et des métaphores qu’elle met en jeu.

(1) Freud (S.), a) G.W., II-III, 541 ; S.E., IV-V, 536 ; Fr., 441. – b) G.W., II-III, 543 ; S.E., IV-V, 538 ; Fr., 441. – c) G.W., II-III, 604 ; S.E., IV-V, 598 ; Fr., 448.

(2) Cf. par exemple Freud (S.). Aus den Anfänqen der Psychoanalyse. lettre à W. Fliess du 6-12-1896.