Contre-transfert

= D. : Gegenübertragung. – En. : counter-transference. – Es.. contratrans-ferencia. – I. controtransfert. – P. : contratransferência.

● Ensemble des réactions inconscientes de l’analyste à la personne de l’analysé et plus particulièrement au transfert de celui-ci.

◼ C’est en de très rares passages que Freud fait allusion à ce qu’il a nommé contre-transfert. Il y voit le résultat de « l’influence du malade sur les sentiments inconscients du médecin » (1 a) et souligne qu’ « aucun analyste ne va plus loin que ses propres complexes et résistances internes ne le lui permettent » (1 b), ce qui a pour corollaire la nécessité pour l’analyste de se soumettre à une analyse personnelle.

Depuis Freud, le contre-transfert a été l’objet d’une attention croissante de la part des psychanalystes, notamment dans la mesure où la cure était de plus en plus comprise et décrite comme relation, et aussi en raison de l’extension de la psychanalyse à de nouveaux champs (analyse des enfants et des psychotiques) où les réactions inconscientes de l’analyste peuvent se trouver plus sollicitées. Nous retiendrons seulement deux points :

1° Du point de vue de la délimitation du concept, de larges variations se rencontrent, certains auteurs entendant par contre-transfert tout ce qui, de la personnalité de l’analyste, peut intervenir dans la cure, d’autres limitant le contre-transfert aux processus inconscients que le transfert de l’analysé induit chez l’analyste.

Daniel Lagache admet cette dernière délimitation et la précise en faisant remarquer que le contre-transfert entendu en ce sens (réaction au transfert de l’autre) ne se rencontre pas seulement chez l’analyste, mais aussi chez l’analysé. Transfert et contre-transfert ne coïncideraient alors pas avec des processus propres à l’analysé d’une part, à l’analyste d’autre part. Si l’on considérait l’ensemble du champ analytique, il conviendrait de distinguer, en chacune des deux personnes en présence, ce qui est transfert de ce qui est contre-transfert (2).

2° Du point de vue technique, on peut schématiquement distinguer trois orientations :

a) Réduire le plus possible les manifestations contre-transférentielles par l’analyse personnelle de façon à ce que la situation analytique soit, à la limite, structurée, comme une surface projective, par le seul transfert du patient ;

b) Utiliser, tout en les contrôlant, les manifestations de contre-transfert dans le travail analytique, en poursuivant l’indication de Freud selon laquelle : « … chacun possède en son propre inconscient un instrument avec lequel il peut interpréter les expressions de l’inconscient chez les autres » (3) (voir : Attention flottante) ;

c) Se guider, pour l’interprétation même, sur ses propres réactions contre-transférentielles, souvent assimilées, dans cette perspective, aux émotions ressenties. Une telle attitude postule que la résonance « d’inconscient à inconscient » constitue la seule communication authentiquement psychanalytique.

(1) Freud (S.). Die zukünftigen Chancen der psychoanalytischen Therapie, 1910. – a) G.W., VIII, 108 ; S.E., XI, 144-5 ; Fr., 27.-6 ; G.W., VIII, 108 ; S.E., XI, 144-5 ; Fr., 27.

(2) Cf. Lagache (D.). La méthode psychanalytique, in : Michaux (L.) et coll., Psychiatrie, 1036-66, Paris, 1964.

(3) Freud (S.). Die Disposition zur Zwangsneurose, 1913. G.W., VIII, 445 S.E., XII, 320 ; Fr., 441.