Chapitre VII. Les défenses maniaques

La dépression récurrente et même le désespoir que le nourrisson éprouve quand il sent qu’il a causé la ruine complète et irrémédiable de sa mère et de son sein sont intolérables, et contre cet état le moi se sert de toutes les défenses dont il dispose. Ces défenses sont de deux sortes, la réparation17 et les défenses maniaques. Quand les angoisses dépressives peuvent être abordées par la mobilisation de désirs de réparation, ceux-ci aideront le moi à s’accroître encore.

Cela ne veut pas dire que l’apparition de défenses maniaques soit en elle-même un phénomène pathologique ; il leur revient un rôle important et positif dans le développement. La résolution de la dépression par la réparation est un processus lent et le moi met longtemps à acquérir la force suffisante pour avoir confiance en ses capacités de réparation. Bien souvent la souffrance ne peut être surmontée que par des défenses maniaques qui protègent le moi du désespoir complet ; quand la souffrance et la menace diminuent, les défenses maniaques peuvent progressivement céder le pas à la réparation. Cependant, lorsque les défenses maniaques deviennent trop fortes, des cercles vicieux entrent en jeu et le développement est empêché par la formation de points de fixation.

L’organisation des défenses maniaques dans la position dépressive inclut des mécanismes qui apparaissaient déjà dans la position paranoïde-schizoïde : le clivage, l’idéalisation, l’identification projective, le déni, etc. Ce qui distingue ce dernier emploi de ces défenses, c’est qu’elles sont hautement organisées, en accord avec l’état plus intégré du moi, et qu’elles sont spécifiquement dirigées contre les sentiments d’angoisse dépressive et de culpabilité. Ces sentiments découlent du fait que le moi est arrivé à un nouveau rapport avec la réalité. Le nourrisson découvre qu’il dépend de la mère, il apprend à la valoriser et, concurremment avec cette dépendance, il découvre aussi son ambivalence, ce qui introduit dans sa relation à l’objet, aussi bien externe qu’interne, une poignante crainte de perte, de deuil, de nostalgie et de culpabilité.

C’est contre ces sensations qu’est dirigée l’organisation de la défense maniaque. Puisque la position dépressive se lie à la sensation de dépendance de l’objet, les défenses maniaques viseront tout sentiment de dépendance, qui sera alors évité, dénié ou inversé. Puisque les angoisses dépressives se rattachent à l’ambivalence, c’est de celle-ci que le nourrisson se défendra en renouvelant le clivage de l’objet et du moi. Finalement, puisque la dépression se lie à l’attention apportée au monde intérieur, qui contient un objet interne hautement valorisé, qui peut être endommagé par les pulsions mêmes du nourrisson, les défenses maniaques seront employées contre toute sensation d’existence d’un monde interne, ou de la possibilité qu’il contienne des objets de valeur, et contre tout aspect de la relation entre le soi et l’objet, qui menace de contenir dépendance, ambivalence et culpabilité.

Techniquement, les défenses maniaques sont de la plus haute importance, car elles sont surtout dirigées contre la réalité psychique, c’est-à-dire contre tout le but du processus analytique, dans la mesure où ce but est de nous faire pénétrer au fond de la réalité psychique. Le déni de la réalité psychique peut être maintenu par la reviviscence et le renforcement de la toute-puissance et particulièrement du contrôle omnipotent de l’objet.

La relation maniaque aux objets se caractérise par une triade de sentiments : contrôle, triomphe et mépris. Ces sentiments sont en rapport direct avec le sentiment dépressif de valoriser l’objet et d’en dépendre, de craindre sa perte et d’en être coupable, et constituent une défense contre tout cela. Le contrôle est une façon de dénier la dépendance, de ne pas l’admettre, et cependant de forcer l’objet à satisfaire un besoin de dépendance, vu qu’un objet totalement contrôlé est, jusqu’à un certain point, un objet dont il est possible de dépendre. Le sentiment de triomphe est un déni des sentiments dépressifs de valorisation et de souci de l’objet ; il se lie à la toute-puissance et présente deux aspects importants. Le premier est en rapport avec l’agression primaire perpétrée, dans la position dépressive, contre l’objet, et avec le sentiment de triomphe ressenti par la défaite de cet objet, surtout si l’agression est fortement déterminée par l’envie. Le second est le sentiment de triomphe augmenté comme une partie des défenses maniaques, parce qu’il tient à distance les sentiments dépressifs qui, autrement, seraient éveillés, tels que la nostalgie de l’objet dont on ressent le manque. Le mépris est encore une façon directe de dénier la valeur de l’objet, ce qui est si important dans la position dépressive, et il agit comme une défense contre la sensation de perte et de culpabilité. Un objet méprisable n’est pas un objet qui inspire de la culpabilité, et le dédain avec lequel on le traite devient une justification pour l’attaquer ultérieurement.

Afin d’illustrer l’opération des défenses maniaques contre la dépendance et la menace de perte de l’objet, voici quelque matériel présenté par un patient avant les vacances. Il était angoissé par la crainte que je n’interrompe son traitement prématurément et que les vacances ne soient un prélude à cette fin. Dans ses associations revenaient souvent l’histoire de son allaitement décevant et le fait que sa mère ne lui avait donné le sein que pendant un ou deux jours. Il combattait son angoisse par des défenses maniaques. Homme d’affaires d’un âge moyen, il réussissait généralement dans ses entreprises, et à cette époque-là il conquérait divers marchés particulièrement lucratifs. Il rêvait de se retirer dans la vie privée et d’aller s’établir à l’étranger ; là j’irais lui rendre visite pendant mes vacances et j’y serais reçue grandiosement. Bientôt après avoir mentionné ces rêveries il rapporta le rêve suivant :

Il se dirige vers un bistrot et rencontre en route Mlle X..., avec laquelle, de longues années auparavant, il avait eu une liaison passagère. Mlle X... a l’air d’une personne très abattue et malchanceuse et veut selon toute vraisemblance renouer avec lui. Il est embarrassé, se sent un peu coupable et un peu tenté, et a une sorte de désir sexuel compulsif comme il en éprouvait souvent devant des femmes qu’il trouvait très malheureuses ou très peu attrayantes.

Sa première association le fait remonter à sa jeunesse. Il était alors sous-gérant d’un magasin faisant partie d’une chaîne, très sûr de lui-même, heureux de diriger des gens, surtout des jeunes filles, et jouissant de son pouvoir ; il n’était pas exigeant et trouvait que les petites vendeuses étaient les victimes naturelles des jeunes sous-directeurs. Mlle X... travaillait dans le rayon des produits laitiers. Il trouvait les employées de ce rayon particulièrement attrayantes. Elles portaient un uniforme élégant, dans lequel elles semblaient très pures et inaccessibles, et les mettre dans son lit lui procurait un sentiment particulier de triomphe. Il se souvient de tout cela avec un sentiment de gêne et d’angoisse, car son comportement sexuel avait complètement changé pendant l’analyse et il critiquait tout son passé désordonné. Le souvenir de Mlle X... le rend particulièrement coupable, car il l’avait traitée plus mal que la plupart des autres. Il n’avait couché avec elle qu’une fois ou deux et puis l’avait laissé tomber.

J’interprète que les filles employées dans ce rayon représentent la mère au sein nourricier, qui ne l’avait allaité qu’une ou deux fois ; sa relation avec Mlle X... était donc une représailles contre sa mère. Comme le bistrot du rêve est celui du coin de la rue où j’habite, j’interprète que dans le transfert Mlle X... est aussi moi-même et je relie le rêve à la rêverie du patient me rencontrant et me recevant à l’étranger. Derrière le désir de m’entretenir se cache le désir de se venger par le renversement de la situation de dépendance : je me ruinerais, deviendrais pauvre et désirerais renouer mes relations avec lui. Subitement, le patient éclate de rire et raconte qu’il trouve maintenant pourquoi Mlle X... lui rappelle Mlle Y..., une jeune fille avec qui, à une autre époque de sa vie, il avait eu une courte liaison comme celle-là. Contrairement à ses autres amies, qui en général étaient grandes et attrayantes, ces deux-là étaient très petites et toutes deux avaient des seins énormes, contraste qui les rendait presque ridicules. Il pense que peut-être elles ne représentent pour lui qu’un vagin surmonté de seins.

Il pense ensuite que la petitesse de leur taille signifie qu’elles représentent une petite fille, sa cousine de plusieurs années plus jeune que lui et avec laquelle il avait eu des jeux sexuels dans leur enfance. J’interprète que dans son fantasme il attribue le sein de sa mère à la petite fille pour se protéger contre une sensation de dépendance impliquant une perte. S’il attribue les seins à la petite fille, il peut les posséder, les contrôler, les punir, les vaincre et les employer sans avoir jamais à éprouver qu’il dépend d’eux.

Ce matériel fait voir comment les défenses maniaques du patient le protègent de la dépression. Il se voit confronté avec la perspective d’une séparation dans laquelle il pourrait évaluer l’étendue de sa dépendance, de son ambivalence et de sa perte. Il manipule cette situation en fantasiant que, dans la personne de sa petite cousine, prototype de tous ses objets sexuels ultérieurs, il possède le sein. L’amour, la dépendance et la culpabilité, complètement déniés, sont traités par la dévalorisation et le clivage. La petite cousine est clivée en beaucoup de petites amies peu importantes, tout juste bonnes à être possédées et éliminées selon son bon plaisir.

Dans le matériel d’un autre patient, qui possède aussi une personnalité typiquement maniaque, nous voyons le triomphe comme l’aspect principal d’un système de défenses maniaques.

Tout au début de son analyse il apporte deux rêves. Dans le premier il est quelque part dans un désert à épier des gens armés de couteaux de boucher et occupés à couper et à manger de la viande. Sans pouvoir bien distinguer ce qu’ils mangent, il voit qu’il y a plusieurs cadavres disséminés tout autour d’eux et il soupçonne qu’ils mangent de la chair humaine. Dans un deuxième rêve de la même nuit il est assis à la table de son chef, au bureau. Il se fait l’effet de ne pas être lui-même : il est grand, gros et lourd, comme s’il avait mangé beaucoup.

Le patient établit une liaison entre ces deux rêves et se rend compte qu’il était peut-être lui-même ce mangeur de chair humaine. Il avait sans doute mangé son chef, représentant son père, et c’est pourquoi il lui est arrivé d’occuper la place de son chef à son bureau et de se sentir en même temps si étrangement grand et lourd. Ces rêves illustrent ce que Freud entend par le « festin maniaque ». L’objet est dévoré et le mangeur s’identifie à lui sans éprouver aucune sensation de culpabilité ni de perte. Dans le premier rêve la culpabilité est traitée clairement par la projection.

Quelques jours plus tard ce patient rapporte un rêve qui illustre à la fois les défenses maniaques et la situation dépressive sous-jacentes. Pour comprendre ce rêve il faut savoir que ce patient a eu une enfance malheureuse. Quand il avait dix-huit mois, sa mère quitta le continent avec lui et s’installa à Londres, sans le mari. Un abondant matériel de cette analyse nous montre que pour l’enfant cette séparation a été vécue comme la mort de son père. Aussitôt arrivée à Londres, la mère fut hospitalisée, de sorte qu’il éprouva coup sur coup la perte de son père et celle de sa mère.

Avant de rapporter le rêve, le patient se met à rire et a la plus grande difficulté à étouffer son hilarité avant de commencer son récit. La nuit précédente il a eu, dit-il, un rêve si extraordinairement drôle qu’il a ri en rêvant et a ri en se levant ; il rit encore en pensant à ce rêve. Le voici. Il se trouve chez le coiffeur. Dans un fauteuil est assis un homme appelé Joe, qui se fait raser par un singe. Le singe est très foncé et porte des limettes : c’est vraiment drôle ! Le patient éprouve des sentiments amicaux envers le singe : « C’était un singe si mignon et si gentil ! » Mais il dit au singe que chez lui il a un petit chat qui sait raser beaucoup mieux. Puis il a peur d’avoir blessé le singe et il regrette de lui avoir parlé de la sorte, car le singe était adorable et lui-même n’avait pas eu l’intention d’être désagréable envers lui. Dans une partie ultérieure du rêve il entre dans la salle d’attente du coiffeur, où il voit des gens formant une longue queue, et parmi eux deux hommes grognant à haute voix, disant que les coiffeurs de ce pays ne sont pas aussi bons que ceux du continent ; ils disent qu’en Europe on n’a pas à faire la queue et que là les gens travaillent beaucoup plus vite.

Les premières associations du patient concernent les deux grognons. L’un est un auteur de comédies qui écrit des farces très drôles ; à ce moment, le patient s’interrompt pour rire de nouveau, à la pensée de ces farces si drôles. Cet auteur est périodiquement atteint de dépressions graves, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car chaque fois que cela lui arrive il se fait faire quelques électrochocs et tout de suite après il se porte de nouveau « comme un charme ». L’autre grognon est un chirurgien, un gynécologue contre lequel le patient a été mis en garde par un ami, qui l’avait décrit comme « un vrai charcutier ». Le patient établit lui-même un lien entre cette association et le rêve précédent, où des gens se servaient de couteaux de boucher.

Le père Joe était un ami de la famille qui avait pris soin du patient pendant le temps où sa mère se trouvait à l’hôpital, bientôt après leur arrivée du continent. Le père Joe était mort et le patient dit qu’il s’est toujours senti vaguement coupable à son égard parce que, tout en pensant que cet homme avait pris soin de lui avec beaucoup de gentillesse, il ne s’est pas maintenu en contact avec lui et que, devenu adulte, il ne lui a pas fait de visites alors que le père Joe était vieux et malade.

Le patient associe le singe à moi et le petit chat à sa petite amie, Kitty, qui me faisait souvent concurrence en lui donnant ses propres interprétations. Il est évident qu’en associant le singe à moi il se sent gêné, et il m’assure sur un ton très protecteur que par cela il ne veut pas m’attaquer, car il s’agissait vraiment d’un petit singe adorable.

La queue chez le coiffeur et les grognons s’associent pour lui aux comparaisons qu’il faisait souvent entre l’analyse rapide et facile, telle qu’il pensait qu’on la pratique sur le continent, et l’énorme liste d’attente et le long travail analytique d’ici. Soudain, il change de sujet : étant sorti la veille au soir faire un tour dans l’East End, il a entendu des sirènes à distance, et chaque fois qu’il entend des sirènes il se sent extrêmement triste et ému, il ne sait pourquoi.

J’ai présenté les principales associations au rêve sans essayer d’établir aucune interaction entre elles et mes commentaires. Ce matériel sert à montrer les principales angoisses exprimées et les mécanismes de défense employés. La situation sous-jacente étant que le père Joe était mort, et toute la plaisanterie, tout le comique du rêve tournaient autour de cette situation. Le salon de coiffure représentait une situation interne dans laquelle le patient avait l’impression de contenir un père mort qu’il avait négligé et abandonné. L’analyse était le processus par lequel moi, en tant que père externe, j’essayais de ramener à la vie le père mort interne et le monde interne du patient. Cette analyse était ridiculisée dans le rêve : c’était une plaisanterie ridicule que d’essayer de ressusciter un homme mort en le rasant. L’analyste était représentée par un petit singe ridicule qui tentait de faire revivre un homme mort en le rasant et qui même dans cette occupation futile était inférieur au petit chat. Toute la situation de dépression et de culpabilité par rapport à l’objet interne mort était complètement déniée ; il en était de même de la dépendance où le patient se trouvait de ce père-analyste externe. Cette dépendance était de fait très grande, du moment que c’était sur son analyste que le patient comptait pour le sauver de sa situation interne désespérée. Cette dépendance était déniée et inversée, le singe étant dépeint comme petit, ridicule, et jaloux du petit chat.

La première partie du rêve montre le déni de l’amour, du deuil et de la culpabilité en relation avec l’image interne, et la dépendance en relation avec l’image externe. La partie suivante du rêve, à propos de la queue, représente des défenses ultérieures, surtout le clivage et l’identification projective. Les deux grognons représentent les parties détachées et projetées de la propre personnalité du patient. Le chirurgien charcutier est à la place des tendances meurtrières du patient par rapport à son père, ce qui était devenu clair dans les rêves précédents ; en tant que gynécologue, il met aussi en évidence les angoisses du patient à propos de sa mère, ce qui sera mis en lumière dans des séances ultérieures. L’autre homme, associé à l’auteur comique, représente la dépression profonde du patient ainsi que ses dénis maniaques. De fait, le patient pense que son rêve est aussi drôle que les farces de l’auteur. Les deux parties de sa personnalité, la haineuse et la dépressive, sont projetées et détachées l’une de l’autre ; même sous sa forme projetée le patient ne peut pas admettre de lien entre la haine et le meurtre du père et la dépression qui en résulte. La dépression de l’auteur est déniée aussi : il se porte « comme un charme ». Mais dans la dernière partie du rêve, le déni s’affaiblit, car les hommes grognent contre l’obligation d’attendre ; derrière le dénigrement, les attaques et la critique se cachent une admission partielle de la dépendance du patient, sa colère d’avoir à attendre son heure d’analyse entre les séances et le ressentiment tenace d’avoir eu à attendre une place libre. C’est quand le patient communique ses associations avec cette partie du rêve qu’il se souvient avoir entendu les sirènes. Au moment où le contenu dépressif et les défenses maniaques du rêve sont interprétés, il change complètement d’humeur : il se souvient du son des sirènes et les associe à celles qu’il a dû entendre pendant son premier voyage lors de la séparation d’avec son père, vécue par lui comme une mort. C’est alors qu’il remarque les références au continent faites dans le rêve.

À la fin de la séance il se souvient soudain qu’il n’a pas encore signalé que la nuit dernière — c’est-à-dire la nuit du rêve — son père était subitement tombé malade et avait été hospitalisé pour subir une opération à laquelle le patient craignait qu’il pût ne pas survivre. Il devient parfaitement clair que la plaisanterie du rêve avait pour objet la mort de son père et que le rêve tout entier était une façon maniaque d’aborder la dépression et l’angoisse sous-jacentes.

Ce rêve illustre quelques-uns des dangers contenus dans les défenses maniaques. L’intégration à laquelle le patient avait visiblement abouti dans la position dépressive fut rompue par le clivage de son objet et de son moi. Des mécanismes de projection l’avaient appauvri. La relation à l’objet total était menacée, le « singe », image inhumaine, était une régression partielle à une relation d’objet partiel. Pour maintenir le déni de son angoisse dépressive et de sa culpabilité, le patient devait dénier aussi son souci de l’objet, ce qui l’amène à renouveler l’agression contre l’objet représentant son père comme vaincu et de nouveau attaqué par le mépris et le ridicule.

Le matériel qui précède montre comment le besoin constant de renouveler l’agression contre l’objet originel d’amour et de dépendance met en mouvement le cercle vicieux si caractéristique des défenses maniaques. L’objet est d’abord attaqué d’une manière ambivalente dans la position dépressive. Quand, dans ces conditions, la culpabilité et la perte ne peuvent être supportées, les défenses maniaques entrent en jeu. L’objet est alors méprisé, contrôlé, et vaincu. Les activités réparatrices ne peuvent pas être menées à bien et l’agression toujours renouvelée augmente aussi bien la destruction de l’objet que les représailles, approfondissant ainsi les angoisses dépressives et rendant la situation dépressive sous-jacente de plus en plus désespérée et persécutrice.

Parfois un certain intérêt pour l’objet peut être préservé en partie et les mécanismes maniaques peuvent aussi être utilisés dans le sens d’une réparation, mais la réparation maniaque soulève un problème spécifique et tout à fait à part.

Bibliographie

RIVIÈRE (J.) (1936), A Contribution to the Analysis of the Negative Therapeutic Reaction (Contribution à l’analyse de la réaction thérapeutique négative), I.J.P., XVII.

— (1930), Magical Régénération by Dancing (Régénération magique par la danse), I.J.P., XI.

ROSENFELD (H.) (1960), On Drug Addiction (La toxicomanie), I.J.P., XLI.


17 Dans le chapitre suivant nous examinerons si la réparation doit être considérée comme un mécanisme de défense.