Stase libidinale

= D. : Libidostauung. – En. : damming up of libido. – Es. : estancamiento de la libido. – I. : stasi délia libido. – P. : estase da libido.

● Processus économique supposé par Freud comme pouvant être à l’origine de l’entrée dans la névrose ou la psychose : la libido qui ne trouve plus de voie vers la décharge s’accumule sur des formations intrapsychiques ; l’énergie ainsi accumulée trouvera son utilisation dans la constitution des symptômes.

◼ La notion économique de stase libidinale trouve son origine dans la théorie des névroses actuelles* telle que Freud l’expose dans ses premiers écrits : il voit le facteur étiologique de ces névroses dans une accumulation (Anhäufung) d’excitations sexuelles qui, faute d’une action spécifique* adéquate, ne trouvent plus de voie vers la décharge.

Dans Les types de déclenchement de la névrose (Über neurotische Erkrankungstypen, 1912) la notion de stase libidinale devient une notion très englobante puisqu’elle se retrouve dans les différents types d’entrée dans la névrose distingués par Freud : « Ce sont différentes voies qui aboutissent à une certaine constellation pathogène dans l’économie psychique, à savoir la stase libidinale dont le moi, avec les moyens dont il dispose, ne peut se défendre sans dommage » (1). Toutefois la fonction étiologique de la stase comporte des nuances importantes :

1° Freud ne fait pas de la stase un facteur primaire dans tous les types de déclenchement ; c’est, semble-t-il, dans les cas qui se rapprochent le plus de la névrose actuelle (reale Versagung, frustration réelle) qu’elle joue le rôle déterminant. Dans d’autres cas, elle n’est qu’un effet du conflit psychique ;

2° La stase n’est pas en soi pathogène. Elle peut conduire à des comportements normaux : sublimation, transformation de la tension actuelle en activité aboutissant à l’obtention d’un objet satisfaisant.

A partir de Pour introduire le narcissisme (Zur Einführung des Narzissmus, 1914), la notion de stase libidinale est étendue au mécanisme des psychoses : stase de la libido investie sur le moi. « Il semble qu’au-delà d’une certaine mesure l’accumulation de la libido narcissique ne puisse plus être supportée » (2). C’est ainsi que l’hypocondrie qu’on retrouve si fréquemment comme stade plus ou moins transitoire dans l’évolution schizophrénique traduit cette insupportable accumulation de libido narcissique ; dans une perspective économique, le délire représente une tentative pour replacer l’énergie libidinale sur un monde extérieur nouvellement formé.

(1) Freud (S.). G.W., VIII, 329-30 ; S.E., XII, 237.

(2) Freud (S.). Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse, 1915-17. G.W., XI, 436 ; S.E., XVI, 421 ; Fr., 450.