Notes

1.    Pour les remarques de Dickens à propos du « Petit Chaperon Rouge » et ses idées sur les contes de fées, voir Angus Wilson, The World of Charles Dickens (Londres, Secker and Warburg, 1970) et Michael C. Kotzin, Dickens and the Fairy Taie (Bowling Green University Press, 1972).

2.    Louis MacNeice, Varieties of Parable (New York, Cambridge University Press, 1936).

3.    G. iK. Chesterton, Orthodoxy (Londres, John Lane, 1907). C. S. Lewis, The Aile-gory of Love (Oxford, Oxford University Press, 1936).

4.    « Jack le tueur de géants » et d’autres contes du cycle de Jack ont été publiés dans A Dictionary of British Folk Taies, 4 vol. (Bloomington, Indiana University Press, 1970). Les contes de fées britanniques qui sont cités dans le présent livre peuvent se trouver dans cet ouvrage. Il existe une autre collection importante de contes de fées anglais : English Fairy Taies, de Joseph Jacobs (Londres, David Nutt, 1890) et More English Fairy Taies (Londres, David Nutt, 1895).

5.    The mighty hopes that make us men. A. Tennyson, In Memoriam.

6.    Cette étude du conte « Le Pêcheur et le Génie » s’appuie sur la traduction de Burton de The Arabian Nights'entertainments.

7.    On trouvera la liste la plus complète des thèmes des contes de fées (y compris celui du géant et celui de l’esprit enfermé dans un vase) dans Antti A. Aarne, The types of the Folktale (Helsinki, Sumalainen Tiedeakatemia, 1961) et dans Stith Thompson, Motif Index of Folk Literature, 6 vol. (Bloomington, Indiana University Press, 1955).

Dans l’index de Thompson, le thème de l’esprit qui se laisse berner en réduisant sa taille pour rentrer dans le vase est classé sous les rubriques D. 1240, D. 2177.1, R 181, K 717 et K 722. Il serait fastidieux de fournir ces précisions pour tous les thèmes cités dans ce livre, d’autant plus qu’il est facile de vérifier la répartition des thèmes dans les deux ouvrages cités en référence.

8.    L’étude du mythe d’Hercule et des autres mythes grecs dont il sera question dans ce livre se réfère à la version donnée par Gustav Schwab, Gods and Heroes : Myths and Epies of Ancient Greece (New York, Panthéon Books, 1946).

9.    Mircea Eliade, Birth and Rebirth (New York, Harper and Row, 1963). Voir aussi Paul Saintyves, « Les Contes de Perrault et les récits parallèles » (Paris, 1923) et Jean de Vries, « Betrachttungen zun Màrchen, besonders in seinem Verhâltnis zu

Heldensage und Mythos » (Helsinki, Folklore Fellows Communications, n° 150, 1954).

10.    Il n’existe pas encore d’étude psychanalytique systématique des contes de fées. Freud, en 1913, a publié deux courts articles sur le sujet : « L’intervention dans les rêves du matériel des contes de fées » et « Le thème des trois coffres ». « Le Petit Chaperon Rouge », des frères Grimm et « Le Loup et les Sept Petits Enfants » tiennent une place importante dans « Histoire d’une névrose infantile » de Freud, qui est maintenant connue sous le nom de « L’Homme aux loups ». Sigmund Freud, The Standard Edition of the complété Psychological Works (Londres, Hogarth Press, 1953), vol. 12, 17.

Les contes de fées sont abordés dans d’autres écrits psychanalytiques, trop nombreux pour être cités ici, mais presque toujours d’une façon cursive, comme dans Anna Freud, « Le moi et les mécanismes de défense » (New York, International Universities Press, 1946). Parmi les nombreux articles traitant particulièrement des contes de fées du point de vue freudien, on peut citer : Otto Rank. Psychoanalytische Beitrdge zur Mythen forschung (Vienne, Deuticke, 1919) : Alfred Winterstein, « Die Pubertàtsriten der Màdchen und ihre Spuren im Mârchen », Imago, vol. 14 (1928).

En outre, quelques contes de fées ont été étudiés dans une perspective psychanalytique, par exemple, Steff Bornstein, « La Belle au Bois Dormant », Imago, vol. 20, (1934) ; J. F. Grant Duff, « Blanche-Neige », ibid., vol. 20 (1934) ; Lilla Vesry-Wagner, « Le Petit Chaperon Rouge » sur le divan, The Psychoanalytic Forum, vol. 1 (1966) ; Béryl Sanfford, « Cendrillon », ibid., vol. 2 (1967). Erich Fromm, dans The forgotten Language (New York, Rienhart, 1951) se réfère de temps en temps aux contes de fées, et plus particulièrement au « Petit Chaperon Rouge ».

11.    Les contes de fées sont abordés d’une façon beaucoup plus large dans les écrits de Jung et des analystes jungiens. Malheureusement, seule une partie infime de cette littérature a été traduite en anglais. Le livre de Marie-Louise von Franz, Interprétation of Fairy Taies (New York, Spring Publications, 1970) est caractéristique de l’approche jungienne des contes de fées.

Le meilleur exemple d’analyse d’un conte célèbre du point de vue jungien est, Amor and Psyché, d’Erich Neumann (New York, Panthéon, 1956).

L’étude la plus complète des contes de fées, dans un cadre jungien de référence, peut être trouvée dans les trois volumes de Hedwig von Beit, Symbolik des Màrchens et Gegensatz und Erneuerung im Màrchen (Berne, A. Francke, 1952 et 1956).

Une position intermédiaire a été adoptée par Julius E. Heuscher, A Psychiatrie Study of Fairy Taies (Springfield, Charles Thomas, 1963).

12.    On trouvera dans Wilhelm Laiblin, Màrchen und Tiefen psychologie (Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1969), un ensemble d'articles qui étudient les contes de fées à la lumière de la psychologie des profondeurs et qui a le mérite de représenter judicieusement les différentes écoles de pensée. Il contient également une bibliographie très satisfaisante.

13.    Pour les différentes versions des « Trois Petits Cochons », voir Briggs, op. cit. L’étude de ce conte s’appuie sur sa version imprimée la plus ancienne : J. O. Halliwell, Nursery Rhymes and Nursery Taies (Londres, vers 1843).

Ce n'est que dans quelques-unes des versions les plus récentes que les deux petits cochons survivent, ce qui enlève au conte une grande partie de son impact. Dans certaines variantes, on a donné un nom à chacun des petits cochons, ce qui empêche l’enfant de voir en eux les trois phases du développement. D'autre part, certaines versions insistent sur le fait que c'est le goût du plaisir qui a empêché les deux plus

jeunes héros de se construire une maison plus solide et plus sûre : l’un se construit une maison de boue pour avoir la joie de pouvoir s’y frotter, l’autre édifie sa demeure avec des choux, parce qu’il en est gourmand.

14.    Cette citation, qui décrit la pensée animiste de l’enfant, est extraite de l’article de Ruth Benedict « Animism », paru dans Encyclopedia of the Social Science (New York, Macmillan — 1948).

15.    En ce qui concerne les différents stades de la pensée animiste de l’enfant, et son importance jusqu’à l’âge de douze ans, voir Jean Piaget, La Représentation du monde chez l’enfant (1926) The Child's Concept of the World (New York, Harcourt, Brace, 1929).

16.    « À l’est du soleil et à l’ouest de la lune » est un conte norvégien. Il a été traduit en anglais dans Andrew Lang, The Blue Fairy Book (Londres, Longmans, Green, vers 1889).

17.    « La Belle et la Bête » est une très vieille histoire dont on connaît de très nombreuses versions. Parmi les plus connues, il faut citer celle de Mme Leprince de Beaumont.

18.    « Le Roi-Grenouille » est un conte des frères Grimm. On peut trouver un résumé des théories de Piaget dans The Developmental Psychology of Jean Piaget, de J. H. Flavell (Princeton, Van Nostrand, 1963).

19.    On trouvera une étude sur la déesse Nut dans Erich Neumann, The Great Mother (Princeton, Princeton University Press, 1955). « Semblable à la voûte des cieux, elle recouvre ses créatures sur la terre, comme la poule qui protège ses poussins. » On peut voir sa représentation sur le couvercle du sarcophage d’Uresh-Nofer (XXXe dynastie) au Metropolitan Muséum de New York.

20.    Michaël Polanyi, Personal Knowledge (Chicago, University of Chicago Press, 1958).

21.    Sigmund Freud, « Histoire d’une névrose infantile », op. cit.

22.    À ma connaissance, il n’existe pas d’étude montrant combien les illustrations des contes de fées détournent l’attention de l’enfant ; mais cet effet des illustrations a été amplement démontré pour d’autres livres destinés aux enfants. Voyez, par exemple, « Attention Process in Reading : the Effect of Pictures on the acquisition of Reading Responses », de S. J. Samuel, Journal of Educational Psychology, vol. 58 (1967) ; et, du même auteur, un examen de différentes études portant sur le même problème : « Effects of Pictures on Learning to Read, Compréhension, and Attitude », dans Review of Educational Research, vol. 40 (1970).

23.    J. R. R. Tolkien, Tree and Leaf (Boston, Houghton Mifflin, 1965).

24.    Il existe une littérature abondante sur les conséquences de la suppression du rêve, par exemple : « Psychoanalytic Implications of Recent Research on Sleep and Dreaming », de Charles Sisher, dans Journal of the American Psychoanalytic Association, vol. 13 (1965) ; et Louis J. West, Herbert H. Janszen, Boyd K. Lester et Floyd S. Cornelison, Jr, « The psychosis of Sleep Deprivation », Annals of the New York Academy of Science, vol. 96 (1962).

25.    Chesterton, op. cit.

26.    Sigmund Freud, « Le roman familial du névrosé », op. cit, vol. 10.

27.    « Les Trois Souhaits » était à l’origine un conte écossais, signalé par Briggs, op. cit. Comme je l’ai déjà dit, on trouve ce thème dans toutes les cultures, avec des variantes qui leur sont propres. Par exemple, dans un conte indien, une famille a droit à trois souhaits. La mère désire être très belle et réalise son rêve grâce au premier souhait, après quoi elle s’enfuit avec un prince. Son mari, furieux, utilise le deuxième souhait pour la transformer en porc. Et le fils se sert du troisième et dernier souhait pour rendre à sa mère sa forme première.

28.    On peut interpréter différemment la signification symbolique de la même série d’événements : de même que décroît le danger de céder aux pressions du ça (ce qui est représenté par le passage de la férocité du tigre et du loup à la douceur du faon) les voix du moi et du surmoi parviennent de moins en moins à contrôler le ça. Mais comme, dans le conte, Frérot dit à Sœurette avant d’aborder la troisième source : « Cette fois j’y boirai, quoi que tu puisses dire, parce que j’ai trop soif ! » il semble que l’interprétation donnée dans le texte soit plus proche du sens profond de l’histoire.

29.    L’étude de « Sindbad le Marin et Sindbad le Portefaix » s’appuie sur la traduction de Burton.

30.    Pour l’historique des Contes des « Mille et une Nuits », et particulièrement pour la signification du nombre 1001, voir von der Leyen, Die Welt des Marchens, 2 vol. (Dusseldorf, Eugen Diederich, 1953).

31.    En ce qui concerne l’histoire qui sert de prétexte aux Contes des « Mille et une Nuits », voir Emmanuel Cosquin, « Le prologue-cadre des Mille et une Nuits », dans ses Études folkloriques (Paris, Champion, 1922).

Pour cette histoire-prétexte, j’ai suivi la traduction de John Paynes dans The Book of the Thousand and one Nights (Londres, diffusé uniquement par souscription, 1914).

32.    En ce qui concerne les contes de l’ancienne Égypte, voir Emmanuel de Rougé, Revue archéologique, vol. 8 (1852) ; W. F. Petrie, Egyptian Taies, vol. 2 (1895) ; et Johannes Boite et George Polivka, Ammerkungen zu den Kinder und Hausmar-chen der Brüder Grimm, 5 vol. (Hildesheim, Olms, 1963), vol. 5.

33.    Les différentes versions du thème des « deux frères » ont été étudiées par Kurt Ranke dans « Die Zwei Brueder », Folklore Fellow-Communications, vol. 114 (1934).

34.    Il est extrêmement rare que les contes de fées apportent une précision géographique. Ceux qui ont étudié ce problème ont conclu que quand un nom de lieu est mentionné, cela signifie que le conte se rapporte à un événement réel. Par exemple, il se peut qu’un rapt d’enfants ait eu lieu dans la ville de Hamelm à une certaine époque et que cet événement ait déterminé l’histoire du joueur de flûte, histoire qui raconte la disparition de certains enfants de cette ville. Il s’agit là d’un conte moral qui n’a pas grand-chose à voir avec les contes de fées puisqu’il ne comporte pas de solution et qu’il n’a pas de conclusion heureuse. C’est principalement sous cette forme qu’existent les contes à référence historique.

La large diffusion du thème des « Trois Langages » et ses différentes versions excluent toute origine historique. D’autre part, il paraît logique qu’une histoire qui débute en Suisse insiste sur l’importance d’apprendre trois langages différents et sur le besoin de les intégrer sur un plan supérieur : la population de la confédération helvétique rassemble quatre groupes linguistiques, français, allemand, italien et rhéto-roman. Comme l’un de ces langages — sans doute l’allemand — était la langue maternelle du héros, il semble normal qu’il ait été envoyé à trois endroits différents pour apprendre les trois autres. Pour l’auditeur suisse, ce conte dit ouvertement que l’acquisition de trois langages est nécessaire à l’unité du pays ; à un niveau caché, le même fait exprime la nécessité d’intégrer les différentes tendances qui existent à l'intérieur de tout individu.

35.    Au sujet de la coutume qui consiste à faire voler une plume pour savoir quelle direction il faut prendre, voir Boite et Polivka, op. cit., vol. 2.

36.    Tolkien, op. cit.

37.    Voir, par exemple, l’histoire de Joey dans mon livre The Empty Fortress (New York, Free Press, 1966). Traduction française La Forteresse vide (Paris, Gallimard).

38.    Jean Piaget, La Naissance de l’intelligence chez l'enfant (Delachaux et Niestlé, 1948). Trad. américaine : The Origins of Intelligence in Children (New York, International Universities Press, 1952). — La Construction du réel chez l'enfant (Delachaux et Niestlé, 1948). Trad. américaine : The Construction of Reality in the Child (New York, Basic Books, 1954).

39.    Watty Piper. The Little Engine That Could (Eau Claire, Wisconsin, E. M. Haie, 1954).

40.    Le poème d’A. A. Milne, « Disobedience », dans fVhen we were Very Young (New York, E. P. Dutton, 1924).

41.    Ce nom de « Fallada » indique que ce conte a une origine très ancienne. Il est vraisemblablement formé d’après le nom du cheval de Roland : Valantin, Valantis, Valatin, etc.

Le thème du cheval qui parle est encore plus ancien. Tacite raconte que les chevaux des Germains étaient capables de prédire l’avenir et qu’ils servaient d’oracles. Dans les pays Scandinaves, le cheval a la même réputation.

42.    Pour « Roswal et Lilian », voir Briggs, op. cit.

On retrouve dans toutes les cultures du globe le thème de la fiancée supplantée par une méchante usurpatrice qui est finalement démasquée et châtiée, mais pas avant que la vraie fiancée ait subi des épreuves pénibles où elle affirme son caractère. (Voir P. Arfert, Das Motiv von der unterschobenen Braut in der internationalen Erzàhlungsliteratur, Rostock, Dissertation, 1897.) Les détails varient selon les pays et les cultures, les caractéristiques et les coutumes locales étant introduites dans le thème principal. Il en est de même pour tous les contes de fées.

43.    Quelques vers du même cycle apporteront un témoignage supplémentaire sur l’influence des contes de fées sur la formation des poètes. En se souvenant des contes de son enfance, Heine écrivait :

Combien les contes de ma vieille nourrice étaient doux à mon oreille Et comme j’aimais les pensées qu’ils m’inspiraient !

et :

Il me suffit d’évoquer une chanson de mon enfance

pour que le souvenir de ma chère vieille nourrice revive en moi

Je revois aussitôt son visage boucané

avec toutes ses rides, tous ses plis.

Elle était née dans la province de Munster

et connaissait, dans toute leur splendeur,

une foule de chants et de merveilleux contes populaires,

et des histoires de fantômes qui me donnaient le frisson.

The Poems of Heine (Londres, G. Bell and Sons, 1916).

44.    Pour ces versions différentes de « La Gardeuse d’oies », comme toute autre information supplémentaire sur tous les autres contes des frères Grimm, voir Boite et Polivka, op. cit.

45.    Tolkien, op. cit.

46.    Mary J. Collier et Eugene L. Gaier, « Adult reactions to Preferred Childhood Stories », Child Development, vol. 29 (1958).

47.    Chesterton, op. cit.

The Blue Bird de Maurice Maeterlinck (New York, Dodd, Mead, 1911).

48.    En ce qui concerne les contes de fées turcs, et en particulier l’histoire d’Iskander, voir Die Dedrohung, d’August Nitschke (Stuttgart, Ernst Klett, 1972). Ce livre aborde divers autres aspects des contes de fées ; il montre en particulier comment la menace, dans les contes, joue un rôle dans la lutte pour l’affirmation de soi et pour la liberté ; et il étudie également le rôle joué par l’ami secourable.

49.    From Vater hab ich die Statur

Des Lebens ernstes Führen,

Vom Mütterchen die Frohnatur Und Lust zum fabulieren.

Goethe, Zahme Xenien, VI.

50.    Bettina von Arnim, dans Goethe's Briefwechsel mit einem Kinde, raconte comment la mére de Goethe s’y prenait pour raconter des contes de fées à son fils (Iéna, Diederichs, 1966).

51.    « Wer vieles bringt, wird manchem etwas bringen » (Goethe, Faust).

52.    Charles Perrault, « Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités, Paris, 1697). La première traduction anglaise qui ait été publiée est celle de Robert Samber, Historiés or Taies of Past Times (Londres, 1729). Les plus connus de ces contes ont été réimprimés dans Iona and Peter Opie, op. cit. On peut également les trouver dans les livres de contes de fées d’Andrew Lang ; « Le Petit Chaperon Rouge » figure dans The Blue Fairy Book, op. cit.

53.    Il existe une abondante littérature au sujet de Perrault et de ses Contes de fées. Le livre le plus utile (comparable à ce que Boite et Polivka ont écrit sur les contes des frères Grimm) est celui de Marc Soriano, Les Contes de Perrault (Paris, Gallimard, 1968).

Andrew Lang, dans Perrault’s Popular Taies (Oxford, Clarendon Press, 1888) a écrit : « Si toutes les versions du Petit Chaperon Rouge se terminaient comme celle de Perrault, nous pourrions les écarter en constatant que la « machinerie » de l’histoire est dérivée du « temps où les bêtes parlaient » ou étaient censées le faire. Mais on sait très bien que dans la version allemande des frères Grimm le conte ne se termine absolument pas par le triomphe du loup. Le Petit Chaperon Rouge et sa grand-mère sont ressuscitées et c’est le loup qui passe de vie à trépas. Il y a de fortes chances pour que la version populaire dont s’est inspiré Perrault se soit terminée de la même manière et que l’auteur ait pris sur lui de la modifier. La fin de l’histoire telle que la présentait Perrault, aurait été certainement jugée impossible parce que trop atroce, dans les familles de l’époque de Louis XIV, et les enfants auraient insisté pour que l’histoire finisse bien. Quoi qu’il en soit, les versions allemandes préservent l’un des incidents mythiques les plus répandus dans le monde : la réapparition de personnes vivantes qui surgissent des entrailles du monstre qui les a dévorées. »

54.    Deux de ces versions françaises du « Petit Chaperon Rouge » ont été publiées dans Mélusine, vol. 3 (1886-1887), et vol. 6 (1892-1893).

55.    Ibid.

56.    Djuna Barnes, Nightwood (New York, New Directions, 1937). T. S. Eliot, préface à Nightwood, ibid.

57.    Fairy Taies Told Again, illustré par Gustave Doré (Londres, Cassel, Petter et Galpin, 1872). Les illustrations sont reprises par Opie et Opie, op. cit.

58.    Pour les différentes versions du « Petit Chaperon Rouge », voir Boite et Polivka, op. cit.

59.    Gertrude Crampton, Tootle (New York, Simon and Schuster, 1946), un « Petit livre d’or. »

60.    Pour les histoires de Jack, y compris les différentes versions de « Jack et la perche à haricots », voir Briggs, op. cit.

61.    En ce qui concerne les mythes qui forment le cycle qui commence avec Tantale, s’étend avec Œdipe et finit avec « Les Sept contre Thébes » et la mort d’Antigone, voir Schwab, op. cit.

62.    Pour les différentes versions de « Blanche-Neige », voir Boite et Polivka, op. cit.

63.    L’étude de « Blanche-Neige » est fondée sur la version des frères Grimm.

64.    « La jeune Esclave » est le huitième divertissement de la seconde journée du Pentamerone de Basile, qui a été imprimé pour la première fois en 1636 (version anglaise : The Pentamerone of Gianbattista Basile, Londres, John Lane the Bodley Head, 1932).

65.    Le chiffre 3, symbole sexuel pour l’inconscient : voir p. 141.

66.    La signification du nain dans le folklore est étudiée dans l’article « Zwerge und Riesen » et autres que l’on trouve dans Hans Bàchtold-Stàubli, Handwôrterbuch des deutschen Aberglaubens (Berlin, de Gruyter, 1927-1942). On y trouve également des articles intéressants sur les contes de fées et sur leurs thèmes.

67.    Anne Sexton, Transformations (Boston, Houghton Mifflin, 1971).

68.    Pour la première version imprimée des « Trois Ours », voir Briggs, op. cit.

69.    Erik H. Erikson, Identity, Youth and Crisis (New York, W. W. Norton, 1968).

70.    Pour « La Belle au Bois Dormant » de Perrault, voir Perrault, op. cit. Les traductions anglaises de ce conte sont dans Lang et dans Opie et Opie, op. cit. Pour le conte des frères Grimm, Dornrôschen, voir frères Grimm, op. cit.

71.    Basile, op. cit. « Le soleil, la lune et Talia » est le cinquième divertissement du cinquième jour du Pentamerone.

72.    Pour les précurseurs de « La Belle au Bois Dormant », voir Boite et Polivka, op. cit., et Soriano, op. cit.

73.    Au sujet du fait que « Cendrillon » est le plus connu des contes de fées, voir Dictionary of Folklore (New York, Funk and Wagnalls, 1950). Également Opie et Opie, op. cit.

Pour le fait qu’il est le plus apprécié, voir Collier et Gaier, op. cit.

74.    Pour la version chinoise la plus ancienne du thème de Cendrillon, voir Arthur Waley, « Chinese Cinderella Story », Folklore Fellows Communications, vol. 58(1947).

75.    Pour l’histoire de la chaussure, y compris la sandale et la pantoufle, voir The Mode of Footwear (New York, 1948).

Pour une étude encore plus détaillée, où l’on peut trouver l’édit de Dioclétien, voir E. Jaefert, Skomod och skotillverkningfran medeltiden vara dager (Stockholm, 1938).

76.    En ce qui concerne l’origine et la signification d'Aschenbrôdel et plusieurs autres détails de l’histoire, voir Boite et Polivka, op. cit., et Anna B. Rooth, The Cinderella Cycle (Lund, Gleerup, 1951).

77.    Barnes, op. cit.

78.    B. Rubenstein, « The meaning of the Cinderella Story in the development of a Little Girl », Imago, vol. 12 (1955).

79.    « La Gatta Cenerentola » est le sixième divertissement de la première journée du Pentamerone de Basile, op. cit.

80.    L’idée de se servir du couvercle d’un coffre pour rompre le cou de quelqu’un est extrêmement rare dans les contes de fées, bien qu’elle apparaisse dans un conte des frères Grimm, « Le Conte du genévrier », où une méchante marâtre tue ainsi son beau-fils. Cet acte criminel a vraisemblablement une origine historique. Grégoire de Tours, dans Histoire des Francs, raconte que Frédégonde (qui mourut en 597) tenta de tuer sa fille Rigonde de cette manière, mais que la princesse fut sauvée grâce à l’intervention de domestiques. Si Frédégonde voulait tuer sa fille, c’est que celle-ci prétendait qu’elle aurait dû être à la place de sa mère, la reine, parce qu’elle en était plus digne qu’elle, étant fille de roi, alors que sa mère avait commencé sa vie comme chambrière. Ainsi, l’arrogance œdipienne de la fille (« Je conviens mieux que ma mére à la place qu’elle occupe ») conduit à la vengeance œdipienne de la mère.

81.    « La maie madré », in A. de Nino, Usi e costumi abruzzi, 3 : Fiable (Florence, 1883-1887).

82.    Les contes axés sur le thème de Cendrillon sont étudiés dans le livre de Marian R. Cox : Cinderella : Three Hundred and Forty Five Variants (Londres, David Nutt, 1893).

83.    Cela peut être illustré par une erreur célèbre qui eut lieu aux premiers temps de la psychanalyse. Freud, se fondant sur ce que lui disaient ses patientes en cours d’analyse (leurs rêves, leurs associations libres, leurs souvenirs) conclut qu’étant enfant elles avaient été séduites par leur père et que leur névrose venait de là. Puis vinrent des malades dont il connaissait mieux l’histoire et qui avaient des souvenirs identiques ; sachant que ces patientes n’avaient pas pu être séduites par leur père, Freud comprit que la séduction paternelle était certainement moins fréquente qu’il ne le croyait. Il vit alors (ce qui fut confirmé par la suite par de multiples cas) que les souvenirs de ses patientes ne se rapportaient pas à des événements réels, mais à des fantasmes. Alors qu’elles étaient fillettes, au cours de leur période œdipienne, ces femmes avaient désiré être aimées de leur père comme des épouses ou tout au moins comme des amantes. Elles l’avaient désiré si passionnément qu’elles avaient fini par prendre leurs désirs pour des réalités. Plus tard, se souvenant du contenu de leurs fantasmes, les sentiments qu’elles éprouvaient étaient si intenses qu’elles étaient persuadées que certains événements avaient réellement eu lieu. À les entendre, et elles étaient sincères, elles n’avaient rien fait pour provoquer la séduction paternelle ; tout venait du père. Bref, elles avaient été aussi innocentes que Cendrillon...

Quand Freud eut compris que ces souvenirs de séduction ne se rapportaient pas à des faits réels, mais uniquement à des fantasmes, et qu’il eut alors aidé ses patientes à fouiller plus profondément dans leur inconscient, il apparut que ces patientes, lorsqu’elles étaient petites, non contentes de prendre leurs désirs pour des réalités, étaient loin d’avoir été innocentes. Elles avaient désiré être séduites, et avaient imaginé qu’elles l’étaient, mais elles avaient également essayé de séduire leur père d’une façon enfantine, en s’exhibant ou par tout autre moyen destiné à le courtiser. (Sigmund Freud, « Nouvelles conférences sur la psychanalyse », Paris, Gallimard, 1936.)

84.    Par exemple, dans « Capo'Rushes », Briggs, op. cit.

85.    La « Cendrillon » de Perrault a été réimprimée dans l’ouvrage cité plus haut d’Opie et Opie. Malheureusement, comme dans presque toutes les autres traductions anglaises, les vers moralisateurs qui suivent le conte ont été supprimés.

Pour « Aschenputtel » des frères Grimm, voir Grimm, op. cit.

86.    « Rashin Coatie », Briggs, op. cit.

87.    Stith Thompson, Motif Index of Folk Literature, op. cit., et The Folk Taie (New York, Dryden Press, 1946).

88.    Pour la signification rituelle des cendres, et pour le rôle des cendres dans les cérémonies de purification et de deuil, voir l’article « Ashes », dans Encyclopedia of Religion and Ethics (New York, Scribner, 1910). Pour la signification et l’usage des cendres dans le folklore et leur rôle dans les contes de fées, voir l’article « Asche » dans Bâchtold-Stdubli, op. cit.

89.    « Rashin Coatie », ou un conte qui lui ressemble, est signalé dans Complaynt of Scotland (1548) édité par Murray (1872).

90.    Ce conte égyptien figure dans Contes populaires d’Afrique de René Basset (Paris, Guilmoto, 1903).

91.    Erik H. Erickson, Identity of the Life Cycle, Psychological Issues, vol. I (1959) (New York, International Universities Press, 1959).

■92. Dans une version islandaise de « Cendrillon », la mère défunte apparaît en rêve à l’héroïne avilie et lui donne un objet magique qui lui permet d’attendre que le prince trouve la pantoufle. Jan Arnason, Folk Taies of Iceland (Leipzig, 1862-1864) et Icelandic Folktales and Legends (Berkeley, University of California Press, 1972).

93.    En ce qui concerne les différentes corvées imposées à Cendrillon, voir Rooth, op. cit.

94.    Soriano, op. cit.

95.    Soriano parle également de l’« ironie amère » de la seconde moralité qui conclut le conte de Perrault, où il est dit que, bien qu’il soit avantageux de posséder l’intelligence, le courage et autres qualités positives, « ce seront choses vaines si vous n’avez pour les faire valoir, ou des parrains ou des marraines ».

96.    Cox, op. cit.

97.    Bruno Bettelheim, Symbolic Wounds (Glencoe, The Free Press, 1954). Trad. française Les Blessures symboliques (Gallimard, 1971).

98.    L’histoire de Rhodope se trouve dans The Geography of Strabo, Laeb Classical Library (Londres, Heinemann, 1932).

99.    Rooth, op. cit.

100.    Raymond de Loy Jameson, Three Lectures on Chinese Folklore (Peiping, Publications of the College of Chinese Studies, 1932). Aigremont, « Fuss-und Schuh-Symbolik und Erotik », Anthropopyteia, vol. 5 (Leipzig, 1909).

101.    « Tread softly because you tread on my dreams », William Buttler Yeats, The collected Poems (New York, MacMillan, 1956).

102.    On s’inquiéterait à bon droit, par exemple, si un enfant se rendait compte que la pantoufle peut être le symbole du vagin, de même qu’on le serait s’il saisissait les allusions sexuelles de la célèbre chanson enfantine « Nursery Rhyme » :

Cock a doodle do !

My dame has lost her shoe ;

My master’s lost his Jïddle stick ;

And they don’t know what to do ! 61

Bien que le jeune enfant connaisse le sens argotique du premier mot, il reste étranger au double sens de ce qui suit62.

Le soulier de la chanson a le même sens symbolique que la pantoufle de « Cendrillon ». Si l’enfant comprenait tout ce que sous-entend la chanson, il serait lui-même « bien embêté » ! Et il en serait de même s’il comprenait (ce qui est impossible) toutes les significations cachées de « Cendrillon », dont je n’ai dévoilé qu’une partie, et dans une certaine limite.

103.    Erikson, op. cit.

104.    Les versions de « Cendrillon » où la pantoufle révélatrice est remplacée par un anneau sont, parmi d’autres, les suivantes : « Maria Intaulata » et « Maria Intau-radda », qui se trouvent toutes les deux dans Archivio per lo studio delle Tradizioni Populari, vol. 2 (Palerme, 1882), et « Les souliers », dans Les Contes albanais, d’Auguste Dozon (Paris, 1881).

105.    « La Belle et la Bête » est surtout connue de nos jours dans la version de Mme Leprince de Beaumont.

106.    Le large rayonnement du thème du fiancé animal est étudié par Lutz Rôrich, Marchen und Wirklichkeit (Wiesbaden, Steiner, 1974).

107.    Pour le conte kaffir, voir Dictionary of Folklore, op. cit. G. M. Teal, Kaffir (Londres, Folk Society, 1886).

108.    Marchen der Welt Literatur, Malaiische Marchen ; Paul Hambruck, éditeur (Iéna, Diederichs, 1922).

109.    Léo Frobenius, Atlantis : Volksmàrchen und Volksdichtungen aus Afrika (Iéna, Diederichs, 1921-1928), vol. 10.

110.    Opie et Opie, op. cit.

111.    « Le Puits du Bout du Monde » (« The Well of the World’s End », dans Brigg, op. cit.).

112.    Pour la version originale du « Roi des Grenouilles », que les frères Grimm n’ont pas publiée, voir Joseph Lefftz, Marchen der Brüder Grimm : Urfassung (Heidelberg, Winter, 1927).

113.    Briggs, op. cit.

114.    Sexton, op. cil.

115.    Pour « Cupidon et Psyché », voir Erich Neumann, op. cit. Pour les nombreuses versions de l’histoire, voir Ernst Tegethoff, Studicn zum Mdrchen-typus von Amor und Psyché (Bonn, Schroeder, 1922).

116. Robert Graves, Apuleius Madaurensis : The Transformations of Lucius (New York, Farrar, Strauss § Young, 1951).

117* « The Enchanted Pig », in Andrew Lang, The Red Fairy Book, op. cit.

118.    « East of the Sun and West of the Moon », dans Andrew Lang, The Blue Fairy Book, op. cit.

119.    Nous trouvons ici une autre allusion à la perte de l’hymen.

Les os de poulet sont des objets magiques bien inattendus et l’échelle fabriquée avec eux, une façon bien compliquée de gagner un sommet... Ils semblent être là pour rendre plus vraisemblable le fait que l’héroïne devra se couper le petit doigt pour mettre un dernier barreau à l’échelle. Comme je l’ai dit dans l’étude de « Cendrillon », à propos de l’une des nombreuses significations symboliques de la cérémonie du mariage, pour que son union se réalise pleinement, la femme doit renoncer au désir de posséder un phallus bien à elle et doit se contenter de celui de son mari. Le sacrifice du petit doigt, loin de signifier une autocastration symbolique, suggère plutôt les fantasmes que la femme doit abandonner pour pouvoir être contente d’être ce qu’elle est, ce qui lui permettra ensuite d’être heureuse avec son mari, tel qu’il est.

120.    Bien avant le « Barbe-Bleue » de Perrault, il existait des contes où l’on trouve le thème de la chambre interdite. Ce thème apparaît, par exemple, dans le conte des « Trois calenders », dans les « Contes des Mille et Une Nuits », et dans le Pentamerone (sixième conte de la quatrième journée).

121.    « Mr Fox », dans Briggs, op. cit.


61 Voici la traduction de cette comptine :

Cocorico !

Madame a perdu son soulier ;

Monsieur a perdu son archet ;

Et les voilà bien embêtés !    (N. d. T.)

62 Ce premier mot, « cock » désigne en langage populaire l'organe sexuel masculin. (N. d. T.)