Psychanalyse
= D. : Psychoanalyse. – En. : psycho-analysis. – Es. : psicoanálisis. – I. : psicoanalisi ou psicanalisi. – P. : psicanálise.
● Discipline fondée par Freud et dans laquelle, avec lui, on peut distinguer trois niveaux :
A) Une méthode d’investigation consistant essentiellement dans la mise en évidence de la signification inconsciente des paroles, des actions, des productions imaginaires (rêves, fantasmes, délires) d’un sujet. Cette méthode se fonde principalement sur les libres associations* du sujet qui sont le garant de la validité de l’interprétation*. L’interprétation psychanalytique peut s’étendre à des productions humaines pour lesquelles on ne dispose pas de libres associations
B) Une méthode psychothérapique fondée sur cette investigation et spécifiée par l’interprétation contrôlée de la résistance*, du transfert* et du désir*. A ce sens se rattache l’emploi de psychanalyse comme synonyme de cure psychanalytique ; exemple : entreprendre une psychanalyse (ou : une analyse).
C) Un ensemble de théories psychologiques et psychopathologiques où sont systématisées les données apportées par la méthode psychanalytique d’investigation et de traitement
◼ Freud a d’abord employé les termes analyse, analyse psychique, analyse psychologique, analyse hypnotique, dans son premier article Les psychonévroses de défense (Die Abwehr-Neuropsychosen, 1894) (1). C’est seulement plus tard qu’il a introduit le terme psycho-analyse dans un article sur l’étiologie des névroses, publié en français (2). En allemand, Psychoanalyse figure pour la première fois en 1896 dans Nouvelles observations sur les psychonévroses de défense (Weilere Bemerkungen über die Abwehr-Neuropsychosen) (3). L’emploi du terme psychanalyse a consacré l’abandon de la catharsis* sous hypnose et de la suggestion, et le recours à la seule règle de libre association pour obtenir le matériel*.
Freud a donné plusieurs définitions de la psychanalyse. Une des plus explicites se trouve au début de l’article de l’Encyclopédie paru en 1922 : « Psychanalyse est le nom :
« 1° D’un procédé pour l’investigation de processus mentaux à peu près inaccessibles autrement ;
« 2° D’une méthode fondée sur cette investigation pour le traitement de désordres névrotiques ;
« 3° D’une série de conceptions psychologiques acquises par ce moyen et qui s’accroissent ensemble pour former progressivement une nouvelle discipline scientifique » (4).
La définition proposée en tête de l’article reproduit sous une forme plus détaillée celle donnée par Freud dans ce texte.
Sur le choix du terme psychanalyse, nous ne saurions mieux faire que de laisser la parole à celui qui forgea le terme dans le temps même où il dégageait sa découverte : « Nous avons nommé psychanalyse le travail par lequel nous amenons à la conscience du malade le psychique refoulé en lui. Pourquoi « analyse », qui signifie fractionnement, décomposition et suggère une analogie avec le travail qu’effectue le chimiste sur les substances qu’il trouve dans la nature et qu’il apporte dans son laboratoire ? Parce qu’une telle analogie est, sur un point important, effectivement fondée. Les symptômes et les manifestations pathologiques du patient sont, comme toutes ses activités psychiques, d’une nature hautement composée ; les éléments de cette composition sont en dernier ressort des motifs, des motions pulsionnelles. Mais le malade ne sait rien ou trop peu de ces motifs élémentaires. Nous lui apprenons donc à comprendre la composition de ces formations psychiques hautement compliquées, nous ramenons les symptômes aux motions pulsionnelles qui les motivent, nous désignons au malade dans ses symptômes des motifs pulsionnels jusqu’alors ignorés, comme le chimiste sépare la substance fondamentale, l’élément chimique, du sel dans lequel, en composition avec d’autres éléments, il était devenu méconnaissable. De la même façon nous montrons au malade, sur les manifestations psychiques tenues pour non pathologiques, qu’il n’était qu’imparfaitement conscient de leur motivation, que d’autres motifs pulsionnels qui lui étaient restés inconnus ont contribué à les produire.
« Nous avons aussi expliqué la tendance sexuelle à l’être humain en la fractionnant en ses composantes, et, lorsque nous interprétons un rêve, nous procédons de façon à négliger le rêve comme totalité et c’est de ses éléments isolés que nous faisons partir les associations.
« Cette comparaison justifiée de l’activité médicale psychanalytique avec un travail chimique pourrait suggérer une direction nouvelle à notre thérapie […]. On nous a dit : à l’analyse du psychisme malade doit succéder sa synthèse ! Et bientôt on s’est montré inquiet de ce que le malade puisse recevoir trop d’analyse et pas assez de synthèse et soucieux de mettre le poids principal de l’action psychothérapique sur cette synthèse, sur une sorte de restauration de ce qui avait été pour ainsi dire détruit par la vivisection.
« […] La comparaison avec l’analyse chimique trouve sa limite en ceci que dans la vie psychique nous avons affaire à des tendances soumises à une compulsion à l’unification et à la combinaison. Parvenons-nous à décomposer un symptôme, à libérer une motion pulsionnelle d’un ensemble de relations, celle-ci ne reste pas isolée mais entre aussitôt dans un nouvel ensemble.
« […] Aussi chez le sujet en traitement analytique, la psychosynthèse s’accomplit sans notre intervention, automatiquement et inévitablement » (5).
Une liste des principaux exposés généraux de la psychanalyse publiés par Freud se trouve dans la Standard Edition (6).
La vogue de la psychanalyse a amené de nombreux auteurs à désigner par ce terme des travaux dont le contenu, la méthode et les résultats n’ont plus que des rapports très lâches avec la psychanalyse proprement dite.
(1) Cf. Freud (S.). G.W., I, 59-74 ; S.E., III, 45-68.
(2) Cf. Freud (S.). L’hérédité et l’étiologie des névroses, 1896. G.W., I 407-22 ; S.E., III, 143-56.
(3) Cf. Freud (S.). G.W., I, 379, 383 ; S.E., III, 162, 165-6.
(4) Freud (S.). « Psychoanalyse » und « Libidotheorie », 1923. G.W., XIII, 211 ; S.E., XVIII, 235.
(5) Freud (S.). Wege der psychoanalytischen Therapie. 1918. G.W., XII, 184-6 : S.E., XVII, 159-61 ; Fr., 132-4.
(6) S.E., XI, 56.