3.5. La découverte de l’objet

Dans le même temps où le processus de la puberté amène le primat des zones génitales, où la poussée du membre viril devenu érectile indique le nouveau but, c’est-à-dire la pénétration dans une cavité qui saura produire l’excitation, le développement psychique permet de trouver l’objet à la sexualité, ce qui avait été préparé depuis l’enfance. A l’époque où la satisfaction sexuelle était liée à l’absorption des aliments, la pulsion trouvait son objet au-dehors, dans le sein de la mère. Cet objet a été ultérieurement perdu, peut-être précisément au moment où l’enfant est devenu capable de voir dans son ensemble la personne à laquelle appartient l’organe qui lui apporte une satisfaction. La pulsion sexuelle devient, dès lors, auto-érotique, et ce n’est qu’après avoir dépassé la période de latence que le rapport originel se rétablit. Ce n’est pas sans raison que l’enfant au sein de la mère est devenu le prototype de toute relation amoureuse. Trouver l’objet sexuel n’est, en somme, que le retrouver77.

3.5.1.1. L’objet sexuel dans la période d’allaitement

Toutefois, de ce rapport sexuel qui est le premier et le plus important de tous, il subsiste, même après la séparation effectuée de l’activité sexuelle d’avec l’absorption des aliments, un résidu important qui contribue à préparer le choix de l’objet, et ainsi à retrouver le bonheur perdu. Pendant toute la période de latence, l’enfant apprend à aimer d’autres personnes qui l’aident, dans sa détresse originelle, et qui satisfont à ses besoins ; et cet amour se forme sur le modèle des rapports établis avec la mère pendant la période d’allaitement et en continuation avec ceux-ci. On se refusera peut-être à identifier les sentiments tendres, et les préférences de l’enfant pour les personnes qui en ont la charge, avec l’amour sexuel. Mais je crois qu’une recherche psychologique plus approfondie peut établir cette identité avec une absolue certitude. Les rapports de l’enfant avec les personnes qui le soignent sont pour lui une source continue d’excitations et de satisfactions sexuelles partant des zones érogènes. Et cela d’autant plus que la personne chargée des soins (généralement la mère) témoigne à l’enfant des sentiments dérivant de sa propre vie sexuelle, l’embrasse, le berce, le considère, sans aucun doute, comme le substitut d’un objet sexuel complet78. Il est probable qu’une mère serait vivement surprise si on lui disait qu’elle éveille ainsi, par ses tendresses, la pulsion sexuelle de son enfant, et en détermine l’intensité future. Elle croit que ses gestes témoignent d’un amour asexuel et « pur » dans lequel la sexualité n’a aucune part, puisqu’elle évite d’exciter les organes sexuels de l’enfant plus que ne le demandent les soins corporels. Mais la pulsion sexuelle, nous le savons, n’est pas éveillée seulement par l’excitation de la zone génitale ; ce que nous appelons tendresse ne pourra manquer d’avoir un jour une répercussion sur la zone génitale. D’ailleurs, si la mère était mieux renseignée sur l’importance des pulsions dans l’ensemble de la vie mentale, dans toute l’activité éthique et psychique, elle éviterait de se faire le moindre reproche. Car elle ne fait qu’accomplir son devoir quand elle apprend à aimer à l’enfant, qui doit devenir un être complet et sain, doué d’une sexualité bien développée, et qui, dans sa vie, devra suffire à tout ce que la pulsion lui commande. Il est vrai qu’un excès de tendresse parentale deviendra nuisible parce qu’il pourra amener une sensualité précoce, qu’il « gâtera » l’enfant, qu’il le rendra incapable de renoncer pendant un temps à l’amour ou de se satisfaire d’un amour plus mesuré. Le fait que l’enfant se montre insatiable dans son besoin de la tendresse parentale est un des meilleurs présages d’une nervosité ultérieure ; et, d’autre part, ce seront précisément des parents névropathes, qui, comme on le sait, sont enclins à une tendresse démesurée, qui éveilleront par leurs caresses les prédispositions de l’enfant à des névroses. Cet exemple nous montre ainsi qu’il y a des voies plus directes que l’hérédité pour la transmission des névroses aux enfants.

3.5.1.2. Angoisse infantile

La conduite des enfants, dès l’âge le plus tendre, indique bien que leur attachement aux personnes qui les soignent est de la nature de l’amour sexuel. L’angoisse chez les enfants n’est à l’origine pas autre chose qu’un sentiment d’absence de la personne aimée. C’est aussi pourquoi ils s’approchent de tout étranger avec peur ; ils sont angoissés dans l’obscurité, car on n’y voit pas la personne aimée, et cette angoisse ne s’apaise que lorsqu’ils peuvent tenir sa main. Nous exagérons l’importance des loups-garous et des histoires effrayantes de nourrices, quand nous les rendons responsables des peurs infantiles. Seuls, les enfants prédisposés se laissent impressionner par de tels contes, qui restent sans effet sur les autres ; ce sont les enfants dont la pulsion sexuelle est précoce, ou devenue excessive et exigeante, qui montrent une prédisposition aux angoisses. L’enfant se comporte dans ce cas comme l’adulte : sa libido se change en angoisse dès le moment qu’elle ne peut atteindre à une satisfaction ; et l’adulte, devenu névrosé par le fait d’une libido non satisfaite, se comportera dans ses angoisses comme un enfant. Il commence à avoir peur dès qu’il est laissé seul, c’est-à-dire sans une personne sur l’amour de qui il croit pouvoir compter ; et pour se défaire de ses angoisses, il aura recours aux mesures les plus puériles79.

3.5.1.3. La barrière contre l’inceste

Si la tendresse des parents réussit à ne pas éveiller la pulsion sexuelle de l’enfant prématurément, c’est-à-dire si elle évite de lui donner, avant que les conditions physiques de la puberté soient réalisées, une intensité telle que l’excitation psychique se porte d’une façon non douteuse sur le système génital, alors cette tendresse pourra satisfaire à la tâche qui lui incombe, et qui consiste à guider l’enfant devenu adulte dans le choix de l’objet sexuel. Certes, l’enfant tendrait naturellement à choisir les personnes qu’il a aimées depuis son enfance, d’une libido en quelque sorte atténuée80. Mais la maturité sexuelle ayant été différée, on a gagné le temps nécessaire pour édifier, à côté d’autres inhibitions sexuelles, la barrière contre l’inceste. L’enfant a pu se pénétrer des préceptes moraux qui excluent expressément du choix de l’objet les personnes aimées pendant l’enfance, appartenant au même sang que lui. Une telle inhibition est commandée par la société, obligée d’empêcher que la famille n’absorbe toutes les forces dont elle doit se servir pour former des organisations sociales supérieures ; la société fait alors usage de tous les moyens, afin que, en chacun de ses membres, et particulièrement chez l’adolescent, se relâchent les liens familiaux qui existaient seuls pendant l’enfance81.

Mais le choix de l’objet s’accomplit d’abord sous la forme de représentations, et la vie sexuelle de l’adolescent ne peut, pour le moment, que s’abandonner à des fantasmes, c’est-à-dire à des représentations qui ne sont pas destinées à se réaliser82. Dans ces fantasmes, on retrouve chez tous les hommes les tendances et inclinations de l’enfant renforcées alors par le développement somatique ; et parmi ces tendances, celle qui compte le plus par l’importance et la fréquence est l’inclination sexuelle qui, la plupart du temps, a acquis un caractère différencié en vertu de l’attirance sexuelle de l’enfant vers les parents : le fils vers la mère et la fille vers le père83. En même temps que ces fantasmes incestueux sont rejetés et dépassés, s’accomplit un travail psychologique propre au temps de la puberté, qui compte parmi les plus importants, mais aussi les plus douloureux, savoir l’effort que fait l’enfant pour se soustraire à l’autorité des parents, effort qui seul produit l’opposition, si importante pour le progrès, entre la nouvelle génération et l’ancienne. A chacune de ces phases du développement que doit connaître l’être normal, certains individus peuvent s’arrêter ; et c’est ainsi que l’on trouve des personnes qui jamais ne se sont soustraites à l’autorité paternelle, qui n’ont pas su détacher de leurs parents leurs sentiments tendres, ou du moins n’ont pu le faire que de manière imparfaite. Il s’agit surtout de jeunes filles qui, à la grande joie des parents, restent attachées, bien au-delà de la puberté, à l’amour filial plein et entier ; il est intéressant de constater que ces jeunes filles, quand elles viennent à se marier, ne sont pas en état de donner à leur mari tout ce qui lui est dû. Ce seront des épouses froides, et elles resteront sexuellement insensibles. On peut en déduire que l’amour filial, apparemment non sexuel, et l’amour sexuel s’alimentent aux mêmes sources ; c’est-à-dire que l’amour filial n’est qu’une fixation infantile de la libido.

Plus on considère de près les troubles profonds de l’évolution psychosexuelle, et plus on prend conscience de l’importance que l’élément incestueux a dans le choix de l’objet. Dans les cas de psychonévroses, l’activité psychosexuelle recherchant l’objet reste dans l’inconscient, en grande partie ou en totalité, par suite d’une dénégation de la sexualité. Les jeunes filles qui éprouvent un besoin de tendresse excessive, en même temps qu’une horreur également excessive devant les exigences de la vie sexuelle, sont exposées à une tentation irrésistible qui les mène, d’une part, à rechercher dans la vie l’idéal d’un amour asexuel, et, d’autre part, à masquer leur libido par une tendresse qu’elles peuvent manifester sans avoir à se faire de reproches, en conservant toute leur vie leurs affections infantiles pour les parents, les frères et les sœurs, affections que la puberté a renouvelées. La psychanalyse, qui recherche à travers les symptômes morbides leur pensée inconsciente, et l’amène en même temps à la conscience, pourra sans difficulté prouver à des individus de ce type qu’ils sont amoureux de leurs parents, dans le sens ordinaire que l’on donne au mot. Il en est de même dans le cas où un individu, qui a commencé par être normal, présente des caractères pathologiques à la suite d’un amour malheureux.n On pourra, avec certitude, démontrer que le mécanisme de la maladie consiste en un retour de la libido aux personnes aimées pendant l’enfance.

3.5.1.4. Effets lointains du choix d’objet infantile

Celui qui a évité une fixation incestueuse de sa libido n’est pas, par cela même, libéré de l’influence de celle-ci. C’est, sans aucun doute, un retentissement de la phase initiale qui porte un jeune homme à choisir, pour ses premières amours sérieuses, une femme d’âge mûr, et une jeune fille à aimer un homme âgé, jouissant d’une certaine considération ; ces personnes font revivre en eux l’image de la mère ou celle du père84. On peut admettre que le choix de l’objet, en général, se fait en s’étayant d’une façon plus libre sur ces deux modèles. Avant tout, l’homme recherche l’image de sa mère, image qui l’a dominé depuis l’enfance ; ce fait s’accorde assez bien avec l’autre fait que la mère encore vivante s’oppose vivement à cette nouvelle version d’elle-même, et lui témoigne de l’hostilité. Si l’on tient ainsi compte de l’importance qu’ont les rapports des enfants envers leurs parents pour la détermination du choix ultérieur de l’objet sexuel, on comprend sans difficultés que tout ce qui trouble ces rapports chez l’enfant aura les suites les plus graves pour la vie sexuelle adulte. Ainsi, la jalousie des amants a sans doute ses racines dans les expériences de l’enfance, ou du moins elle est renforcée par elles. Les querelles des parents entre eux, un mariage malheureux entraînent comme suite de lourdes prédispositions à des troubles du développement sexuel ou à des névroses chez leurs enfants.

L’affection de l’enfant pour ses parents laisse les impressions les plus profondes peut-être, qui, renouvelées pendant la puberté, commanderont la direction du choix de l’objet ; mais ce n’est pas le seul facteur dont il faille tenir compte. D’autres directions, qui ont une origine aussi lointaine, permettent à l’adulte, en s’inspirant des expériences faites pendant l’enfance, de développer plusieurs séries sexuelles, c’est-à-dire de réaliser les conditions les plus différentes dans la détermination du choix de l’objet85.

3.5.1.5. Prévention de l’inversion

Un des buts évidents du choix consiste à se porter sur un objet appartenant au sexe opposé. Le problème, on le sait, ne se résout qu’après certains tâtonnements. Lorsque la puberté est éveillée, l’homme s’égare souvent dans ses premiers mouvements, sans que ces égarements entraînent un mal durable. Dessoir a fait justement remarquer avec quelle régularité les mêmes caractères se retrouvent toujours dans les amitiés enthousiastes ou romanesques des adolescents pour leurs amis du même sexe. La force qui interdit à l’inversion de se prolonger est, avant tout, l’attraction que les caractères des sexes opposés exercent l’un sur l’autre. Nous ne pouvons ici, dans le cadre de ce travail, essayer une explication de ce phénomène86. Mais ce facteur à lui seul ne suffirait pas à écarter l’inversion. Des éléments secondaires s’ajoutent, qui agissent dans le même sens. Il faut mentionner, en premier lieu, l’influence inhibante qu’exerce la société ; là où l’inversion n’est pas considérée comme un crime, on peut constater qu’elle correspond au désir sexuel de nombreux individus. On peut également supposer que chez l’homme, les souvenirs de son enfance, pendant laquelle il fut livré aux tendresses de sa mère ou d’autres femmes de son entourage, contribuent de façon décisive à diriger le choix sur la femme [tandis que l’intimidation sexuelle exercée de bonne heure par le père à l’égard de l’enfant, la position de rival prise envers lui, détournent le jeune garçon de son propre sexe. Ajoutons, toutefois, que ces deux facteurs agissent chez la jeune fille dont l’activité sexuelle se développe sous la tutelle particulière de la mère. Ainsi s’établit une attitude hostile de sa part à l’égard de son propre sexe, qui exerce une influence décisive lors du choix de l’objet, dans le cas considéré comme normal] (modifié en 1915). L’éducation des garçons par des personnes du sexe masculin (les esclaves dans l’antiquité) paraît avoir favorisé le développement de l’homosexualité ; la fréquence de l’inversion dans la noblesse d’aujourd’hui s’explique mieux lorsque l’on tient compte du fait que, dans les familles nobles, on emploie surtout des domestiques mâles, et que les mères s’adonnent moins complètement aux soins de leurs enfants. Dans certains cas d’hystérie, on remarque que les conditions qui ont déterminé le choix de l’objet sexuel, et ainsi ont fixé une inversion permanente, trouvent leur origine dans le fait qu’un des parents est prématurément disparu (qu’il soit mort, qu’il ait divorcé d’avec son conjoint, ou qu’il se soit aliéné l’affection de l’enfant), en sorte que tout l’amour de l’enfant s’est reporté sur la personne qui lui est demeurée.


77 [La psychanalyse nous apprend que le choix de l’objet sexuel se fait de deux manières différentes. Il peut, comme nous l’avons vu plus haut, s'étayer sur certains modèles dont les origines remontent à la première enfance, ou bien présenter les caractères inhérents au narcissisme, où l’individu recherche son moi et le retrouve dans une autre personne. Ce dernier mode prend une importance toute particulière dans les cas pathologiques ; mais ceci n’entre pas dans les cadres que nous nous sommes tracés ici] (ajouté en 1915).

78 Je conseille à ceux que mes interprétations pourraient choquer de lire le passage de Havelock Ellis, Psychologie sexuelle, où l’auteur traite des rapports entre la mère et l’enfant, avec une interprétation qui se rapproche fort de la mienne.

79 C’est à un petit garçon de trois ans que je dois mes connaissances sur l’origine de l’angoisse infantile. Un jour qu’il se trouvait dans une chambre sans lumière, je l’entendis crier : « Tante, dis-moi quelque chose, j’ai peur, parce qu’il fait si noir. » La tante lui répondit : « A quoi cela te servira-t-il, puisque tu ne peux pas me voir. — Ça ne fait rien, répondit l’enfant, du moment que quelqu’un parle, il fait clair. » L’enfant n’avait donc pas peur de l’obscurité, mais il était angoissé par l’absence d’une personne aimée, et il pouvait promettre d’être tranquille dès le moment où cette personne faisait sentir sa présence. [Un des résultats les plus importants de la psychanalyse consiste précisément à avoir pu montrer que l’angoisse névrotique naît de la libido, qu’elle est un produit de cette dernière, comme le vinaigre l’est du vin. Pour de plus amples détails, voir mon Introduction à la Psychanalyse, 1917, bien que je ne puisse prétendre y donner la solution définitive du problème] (ajouté en 1920).

80 [Voir ce que j’ai dit plus haut sur le choix sexuel de l’enfant et sur les « courants de tendresse »] (ajouté en 1915).

81 [Il est à supposer que la barrière contre l’inceste est chose acquise par l’humanité, et comme tant d’autres tabous faisant partie de notre moralité, qu’elle a été fixée chez beaucoup d’individus par hérédité. (Voir Freud, Totem et Tabou, 1913.) Toutefois, la psychanalyse nous révèle combien l’individu a encore à lutter dans les périodes de son développement pour vaincre les tentations qui le poussent vers l’inceste, et qu’il arrive fréquemment encore qu’il y succombe, soit en imagination, soit même en réalité] (ajouté en 1915).

82 [Les fantasmes du temps de la puberté, qui ont pour point de départ les investigations sexuelles que l’enfant a fini par abandonner, peuvent même exister avant la fin de la période de latence. Ils peuvent, en totalité ou en partie, rester dans l’inconscient. C’est aussi pourquoi il est souvent impossible de fixer la date de leur apparition. Ils sont d’une grande importance pour la genèse de différents symptômes, dont ils constituent, pour ainsi dire, les stades préparatoires, les formes sous lesquelles certaines composantes de la libido refoulées trouvent leur satisfaction. Ils sont aussi les prototypes des fantasmes nocturnes, qui deviennent conscients sous forme de rêves. Les Fèves ne sont souvent autre chose qu’un renouvellement de fantasmes de ce genre, sous l’influence d’excitations subies pendant l’état de veille, et non encore résorbées (« restes diurnes »). Parmi les fantasmes sexuels du temps de la puberté, il en est qui sont caractérisés par ce fait qu’ils se produisent chez presque tout individu, quelles que soient ses expériences personnelles. Dans cet ordre d’idées, mentionnons les visions d’après lesquelles l’enfant se représente qu’il a assisté au coït de ses parents, qu’une personne aimée l’a séduit prématurément, qu’il est menacé d’être châtré, et que, séjournant dans le sein de sa mère, il y a passé par toutes sortes de vicissitudes, ou enfin ce que l’on appelle le « roman familial » où l’adolescent construit toute une légende à partir de la différence entre sa position ancienne par rapport à des parents et sa position actuelle. O. Rank, dans un écrit intitulé Der Mythus von der Geburt des Helden, 1909, montre les rapports qui existent entre les fantasmes de ce genre et la mythologie. On a raison de dire que le complexe d’Œdipe est le complexe nucléaire des névroses, qu’il constitue la partie la plus essentielle du contenu de ces maladies. C’est en lui que la sexualité infantile, qui exercera ultérieurement une influence décisive sur la sexualité de l’adulte, atteint son point culminant. Tout être humain se voit imposer la tâche de maîtriser le complexe d’Œdipe ; s’il faillit à cette tâche, il sera un névrosé. La psychanalyse nous a appris à apprécier de plus en plus l’importance fondamentale du complexe d’Œdipe, et nous pouvons dire que ce qui sépare adversaires et partisans de la psychanalyse, c’est l’importance que ces derniers attachent à ce fait] (ajouté en 1920). [Dans un autre travail (Le traumatisme de la naissance, 1924) Rank a rapporté l’attachement à la mère à la période embryonnaire, et indiqué ainsi le fondement biologique du complexe d’Œdipe. A la différence de ce qui est dit plus haut, il fait dériver la barrière contre l’inceste de l’impression traumatique de l’angoisse de la naissance] (ajouté en 1924).

83 Voir les explications sur le caractère de fatalité donné par le mythe au destin d’Œdipe dans La science des rêves, 1900.

84 Voir mon essai intitulé Sur un type particulier de choix d’objet chez l’homme, 1910.

85 [Un très grand nombre de particularités de la vie amoureuse, ainsi que le caractère compulsionnel que prennent les passions amoureuses, ne peuvent être compris que si l’on se reporte à l’enfance et qu’on y voie les répercussions des phénomènes qui se sont manifestés à cette époque et dont l’action se fait encore sentir] (ajouté en 1915).

86 Il y a lieu ici de mentionner un écrit de Ferenczi, dont l’excès d’imagination ne doit pas cacher la richesse d'idées (Versuch einer Genitaltheorie, 1924). Il fait dériver la vie sexuelle des animaux supérieurs de l’histoire de leur évolution biologique.